J'aimerais à mon tour apporter ma pierre à l'édifice avec ce témoignage. J'ai 27 ans et je traîne 7 ans d'addiction derrière moi. Ancienne anorexique puis boulimique (pendant un ou deux ans à l'âge de 18 ans) un psychiatre a eu la judicieuse idée de me prescrire un somnifère reconnu comme extrêmement addictif, car je me levais la nuit pour manger. Le zopiclone (Imovane) Là , ce fut l'extase. Ce somnifère, de la famille des Hypnotiques, comme l'est le Stilnox, ne me faisait pas dormir. Bien au contraire. Il me rendait active, moi d'origine léthargique, triste et morne. Tout me paraissait possible, tout me semblait rose. Un sentiment d'apaisement immédiat. Les premières années, les prescriptions des médecins, renouvelées de mois en mois (la posologie ne devrait pas dépasser un mois avec un comprimé par jour) suffisaient. Très vite, ça n'a plus suffit. J'ai dû recourir à des moyens illégaux pour m'en procurer, et au fil des années, je suis montée jusqu'à 10-15-20 comprimés par jour. J'ai fait plusieurs crises de manque. Toutes se soldant par une crise d’épilepsie, des chutes, des blessures, des cicatrices, et des passages aux urgences. Tout ça, entouré de mensonges à la famille et à ceux que j'aime. Vous connaissez. Chaque tentative de sevrage se soldait en échec et en rechute en moins d'une semaine. Après un passage en clinique psychiatrique spécialisée dans les addictions et les TCA d'un mois, j'ai rechuté une semaine après ma sortie. Ressortie avec un certain dégoût pour ces cliniques privées aussi, mais c'est un autre sujet, et loin de moi l'idée de faire des généralités sur les psychiatres. Ma mécanique était devenue rodée, je m'arrangeais pour ne jamais être à court, personne autour de moi, même celui qui partage ma vie, n'était au courant de mes petits trafics, et je n'envisageais pas d'arrêter de prendre ce médoc. Ma libido était à zéro, j'étais là sans être là , vide. Puis, je me suis fait pincer, par celui que j'aime, justement. 2 semaines après la loi autorisant la prescription de Baclofène dans le cadre du traitement des addictions. Mon généraliste, peu convaincu, me dit "pourquoi pas, tu peux toujours essayer." je lui demande s'il connaît d'autres patients à qui on a prescrit du Baclofène pour traiter leur addiction. Il me répond que oui. "Qu'ils deviennent des zombies". J'essaie. C'était il y a un peu plus de deux semaines. Qu'est-ce qui a changé ? Ai-je fait plus d'efforts que lors de mes précédents sevrages ? Suis-je plus ou mieux entourée ? Réponse : non. Et pourtant, il faut l'admettre, je n'ai plus de pensées obsédantes, je ne pense plus à mon médicament, je suis sevrée depuis deux semaines et je n'avais jamais été clean aussi longtemps. Je ne pense pas à en reprendre. Je ne veux pas parler trop vite, je ne veux pas me porter la poisse. Est-ce que le Baclofène m'a sauvée de mon addiction ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais je n'avais jamais vécu un sevrage aussi bien. Pour ceux comme moi qui ont l'habitude de prendre des anxyos ou des hypnotiques comme des bonbons, il faut savoir que le baclofène n'a pas d'effet "visible" immédiat, comme un zopiclone, un xanax, un lysanxia etc. On ne se sent pas particulièrement apaisé, ça ne shoote pas. L'effet "zombie" n'est jamais apparu chez moi. J'étais peut-être un peu ensuquée les premiers jours, mais c'est tout. J'en suis actuellement à 4 par jours. Ma libido est revenue, mes émotions sont revenues, ma concentration et ma mémoire sont revenues. Je reviendrai donner des nouvelles car 18 jours, c'est trop peu pour crier victoire. Mais c'est déjà une victoire pour moi, et j'avais envie d'en parler... Merci d'avoir créé ce site. Merci !