Bonjour Daniel,
et merci pour ta réponse. Je me définis comme un alcoolique léger, mais très fragile. J'arrive à ne pas boire souvent, mais lorsque j'en prends, je ne sais pas me modérer.
J'ai commencé à boire lors de missions dans l'humanitaire. Bosnie, Rwanda, Afghanistan, les soirées sont longues dans des situations tendues et dangereuses et comme beaucoup de mes collègues, j'ai pris gout au whisky. De retour au pays, cela s'appelle le stress post-traumatique et malgré les anti-dépresseurs, l'alccol est devenu mon remède favori. Je le supportais très bien et donc, j'en ai pris de grosses quantités pendant 10 ans. Puis, ma santé s'est dégradée et j'ai compris que je devais réagir.
J'ai donc cherché des échappatoires à l'alcool et j'ai repris le sport et la musique. Dans le fond, je crois que j'ai cherché à remplacé une boulimie par une autre. De longues sorties en vélo, l'après-midi jusqu'en soirée, ce qui me faisait passer l'heure de l'apéro. Je rentre fatigué, affamé , je me mets à table et je me passe alors très facilement de ce maudit whisky.
Puis, à l'heure de la retraite, je me suis lancé un défi. Amateur de musique classique depuis toujours, je me suis demandé s'il était possible pour un "petit vieux" d'apprendre à jouer d'un instrument, contrairement à la croyance populaire qui veut que ce type d'apprentissage soit réservé aux enfants et aux jeunes. Je me suis donc mis au piano avec l'aide d'un prof et là aussi, ce fut boulimique : 3 à 5 heures de piano par jour. Je suis bien tombé, ma passion s'est développée et je n'ai eu presqu'aucun effort à faire pour progresser. Seulement voilà , le pire adversaire de ce type d'apprentissage, c'est l'alcool. Impossible de me concentrer et d'apprendre quoi que ce soit si j'ai bu. Résultat, une très forte motivation pour éviter le whisky.
Au bout du compte, ma boulimie pour le vélo et le piano me permet d'écarter la bouteille... mais pas toujours. Le craving me guette encore souvent, en moyenne, une fois par semaine, ce qui nuit encore à ma santé et mes relations sociales. De plus, je me sens comme "un oiseau pour le chat". La moindre blessure ou maladie et je pourrais ne plus être capable de faire du sport ou de la musique et dans ce cas la rechute dans l'alcool quotiien, qui me guette, serait une catastrophe.
Le Baclo m'ouvre de nouvelles perspectives. Je ne souhaite pas, bien entendu, arrêter ni le sport ni la musique, mais ce serait bien de pouvoir les pratiquer simplement par choix, plutôt que par obligation pour éviter l'alccol. Par ailleurs, ce serait une assurance qu'en cas d'accident, mon alccolisme ne reprendrait pas le dessus. Je suis fondamentalement un alccolique, même si j'ai la chance d'avoir trouvé une emplatre à mettre sur ma jambe de bois.
Ma crainte est donc que les effets secondaires du Baclofène viennnent briser le fragile équilibre mis en place pour écarter la bouteille, mais je vais essayer, cela vaut la peine. Quelques jours d'inconfort sont sans importance, si la victoire sur l'alcool est au bout du chemin.
J'ai lu avec passion ton parcours. Comme d'autres, il est une motivation pour vaincre ce fléau et retrouver la liberté.
Amicalement,
Pierdelune