Salut à tous.
Moi je ne suis pas fort pour aller encourager les autres sur leurs fils et je n’arrive pas à trouver le temps de lire tous ces témoignages (et puis il y a des posts dont je ne vois pas l’intérêt bien qu'ils fassent sans doute partie de la vie d'un forum).
Cependant, j’ai trouvé de l’aide sur ce forum et je considère que le minimum que je puisse faire en retour, c’est de partager mon expérience, d’où la création de ce sujet.
Je passerai de temps en temps, j'en suis à 110mg/jour.
Petite présentation pour commencer.
Cadre technique dans une boite de télécoms, la quarantaine, poète et militant, je suis alcoolique depuis une centaine d'année environ.
J'ai pas mal fumé de joints dans ma jeunesse et testé différentes substances, mais c'est finalement l'alcool qui m'a trouvé.
Au cours de mon premier séjour à l'étranger (j'y ai rencontré la femme qui m'accompagne depuis et c'est là que ma grande est née) j'ai découvert que j'adorai picoler les soirs de peinture ou peindre les soir de biture.
Mais c'est au cours de l'affectation suivante, dans le sud de la France, que je situe le premier tournant de ma maladie.
Mon chef de service nous attendais tous les soirs avec une bouteille de whisky pour une sorte de débriefing qui nourrissait sa propre maladie.
C'est là que l'habitude de picoler après une bonne journée de boulot s'est instaurée. Je n'ai jamais ressenti le besoin de bon matin, et pourtant j'écluse ! (voir plus loin) Au contraire, tous les matins je me jure de ne jamais recommencer comme la veille. Par contre, en semaine (c'est différent le week-end), quasiment tous les jours, je me fais attaquer par une envie irrépressible aux alentours de 17h. Le produit est alors associé à une sorte de récompense pour services rendus.
Plus tard, après un autre poste en France et la naissance de ma petite (maintenant je me souviens d'un RDV bourré avec le gynéco), je suis retourné à l'étranger dans des conditions de boulot et de vie assez difficiles. Attention, je ne cherche pas d'excuses, la majorité des expats ne sont pas alcooliques.
Là -bas pareil, quasiment tous les soirs, on se retrouvait au bar du coin où, pour des sommes dérisoires, on évacuait le stress de la journée avec des litres de whisky/coca.
Autre affectation à l'étranger et là je commençais à pressentir que j'avais comme un problème, et puis retour en France.
Mes parents m'avaient vu dans un état lamentable dans cette capitale du bout du monde et je commençais à m'interroger sur les impacts de ma personnalité et de mes pratiques sur ma famille, il a bien fallu que je mette des mots sur l'embrouille.
Petit à petit, mais très très difficilement, j'en suis venu à trouver le mot : "alcoolisme". Encore plus difficilement j'ai considéré que j'étais peut être simplement malade.
A ce moment là j'ai vécu une sorte de libération, sentiment de courte durée. J'étais malade, il suffisait que je me soigne.
J'ai donc commencé par voir un alcoologue dans la grande ville où je travaille encore. La consultation a été désastreuse. Ce connard ne m'a posé aucune question, nous étions dans un bureau de passage, et il s'est contenté de me présenter la plaquette commerciale d'une clinique, dans laquelle il était probablement associé, en me demandant mes disponibilités. J'aurai eu mon pyjama sur moi, il me trouvait une place le soir même.
Je suis donc allé en voir un autre, à l’hôpital de la préfecture du département que j'habite.
Là je suis tombé sur un médecin. Il m'a prescris de l'Aotal et je ne sais quel anxiolytique et j'ai arrêté de picoler pendant 45 jours. En parallèle j'ai essayé de voir une psychologue de centre d'addictologie, mais ça ne collais vraiment pas avec mes horaires de travail. Au terme de cette période, je me suis cru sauvé et je suis reparti en enfer.
Plus tard j'ai vu un troisième "spécialiste". J'habite là depuis 7 ans, c'est la première fois de ma carrière professionnelle que je reste au même endroit aussi longtemps, je ne me rappelle plus exactement les dates de ces tentatives.
La dame m'a écouté, j'avais l'impression qu'elle était passée par les mêmes difficultés.
La première fois, elle m'a expliqué que ce n'était pas un problème de volonté et m'a suggéré de rencontrer un groupe d'AA du quartier. J'ai essayé, mais je n'ai pas pu. J'en retire un sentiment de misérabilisme, je n'étais pas avec des "pairs", je ne suis pas au fond du trou, j'ai des projets, j'ai une vie sociale et je milite pour mes idées. Peut être que j'y suis allé avec des aprioris.
Elle a commencé la seconde consultation en me demandant si j'avais réussi à diminuer ma consommation, ce qui m'a semblé incompatible avec avec l'introduction de notre première rencontre.
Entre temps, ma mère m'avais parlé du baclofène et j'avais lu le bouquin d'Ameisen, mais quand j'ai essayé d'en parler à ce "médecin", elle m'a envoyé paitre vertement en m'expliquant, je ne sais pourquoi, qu'il n'était même pas pianiste. J'ai fui.
Même si mon épouse m'a accompagné lors de la seule consultation "positive" et me soutient tant bien que vaille au jour le jour, que durant ces années j'ai expliqué le problème à celle-ci ainsi qu'à mes filles (14 et 11 ans ce jour), que ma mère m'a régulièrement relancé, inquiète comme une maman peut l'être, et que j'ai conscience de la souffrance que j'ai pu imposer à tous mes proches, je ne peux m'empêcher de retenir un sentiment de solitude dans la démarche. J'espère qu'ils me pardonneront.
Quelle est la situation aujourd'hui et qui va faire l'objet des posts suivant ?
Je consomme quasi-quotidiennement environ 70cl de vodka bon marché, j'ai arrêté tout le reste pour ne pas associer le plaisir du goût à ma consommation maladive. Le 15 février j'ai consulté un médecin sur les conseils des activistes du forum et j'ai entamé un protocole de traitement à base de baclofène, j'en suis à 110mg/jour.
La suite dans les prochains posts.