Salut ;
Depuis hier à 340 wouah! mais aujourd’hui j'ai déconné
J'ai une mission d'expertise dans le Sud et 10 jours avant mon départ j'annonce à mes commanditaires déçus que je n’exécuterai qu'à mon retour vers le 18 octobre;
Rentré à la maison ce midi, j'en discute avec ma femme qui me convainc d’exécuter cette mission avant mon départ, donc j'organise et réserve les billets pour un départ jeudi prochain.
Inconsciemment je diffère systématiquement mes départs locaux en avion, ce voyage est trop tôt je n'y suis pas préparé mentalement, je me suis mi à angoisser comme une bête, il faut dire que j'ai déjà vécu deux crashs en avion.
Je me vais vous narrer le dernier que j'ai en mémoire comme si c'était hier...
C'était un 30 avril (ça a son importance) de 98 ou 99 je ne sais plus, une mission d'expertise dans le Sud avec une délégation d'un ministère, nous étions quatre, le directeur de service (c'était son bled natal et voulait se faire mousser), son adjoint (un très gros gabarit) un conseillé (européen) et moi, budjet serré ils avaient loué un petit mono-moteur 6 places compagnie Gabon air Brousse AH!AH! y'avait pas mal de scotch dans l'avion elle portait bien son nom celle la.. le pilote était Ivoirien
Bref le voyage aller c'est bien passé, environ deux heures de vol et vers 15 heures nous étions sur le tarmac de Gamba pour le retour.
Au pied de l'avion les salamalecs d'usages avec les autorités locales qui s'éternisent et le pilote qui disait : faut y aller , faut y aller, et il avait raison en cette saison il y a beaucoup de méchants orages.
Au moment de monter dans le coucou le maire de Gamba nous annonce que son fils est malade et qu'il faudrait le ramener sur Libreville pour le soigner, nous voila full (1ere erreur), le pilote fait la gueule mais ne pipe mot.
Comme à l'aller le conseiller m'avait dit "spyro tu pilotes les planeurs mets toi devant", il est vrai qu'a cette époque je faisais du vol à voile quand je rentrai en France mais n'avais aucune experience du vol à moteur et voyager aux commandes est plus sympa que derrière , merci Michel.
Nous étions en surcharge et l'oiseau volait la queue basse, au bout de 20 minutes le pilote me dit "aide moi à pousser sur le manche j'ai les bras qui tétanisent", oui c'est cela ...
Et puis la tour de Libreville nous annonce un méga orage avec l'impossibilité d’atterrir, il était 16 heures.
Arrivé à hauteur de Port Gentil la capitale économique (Pétrole) je suggere de se poser et que nous pourrions y passer la nuit pour repartir demain tranquilles, non le weekend prolongé du 1er mai ils voulaient le passer en famille (2ème erreur), nous poursuivons donc notre route au dessus de la mer longeant la côte .
La tour de LBV nous interdit d'aller plus loin et nous apercevions une masse noire se diriger vers nous, le pilote décide alors de se poser sur une piste forestière perpendiculaire à la côte , il faut dire que les forestiers se déplaçaient souvent en avion et que d’innombrables pistes parsèment le Gabon , il commence donc son approche directe sur Oyanne, mais à Oyanne il y en a 5 toute parallèles . Aléa jacta est
Arrivé à 10 mètres du sol nous nous apercevons que c'était bien une piste mai il y a trente au quarante ans, que les arbres font une dizaine de mètres, que c'est la brousse quoi, il avait choisi la mauvaise.
Trop tard, trop lourd pour remettre les gaz, j'ai mis les mains tendues sur le tableau de bord et on s'est vautré.
Les secondes défilent comme des heures, Je me souviens avoir perdu une aile, des cris, des bruits effroyables de tôles déchiquetées , des rebonds, des chocs, puis le noir complet dans un grand jaillissement de boue, et le silence assourdissant.
J'ai compté j'avais mes deux bras, mes deux jambes , j'étais indemne, sonné couvert de sang, le mec de derrière m'avait ouvert le cuir chevelu en me percutant.
Je suis sorti de l'avion le pilote indemne lui aussi en a fait de même et est parti dans la foret, choqué, je ne l'ai plus jamais revu.
J'ai sorti les deux passagers de derrière le conseiller et le gros adjoint, j'avais de la boue jusqu’au genoux et ils hurlaient de douleur les membres fracassés, je les ai trainé au sec , je craignais que la carcasse ne prenne feu, la carcasse n'avait plus qu'une aile tordu, plus de train le nez enfoncé dans la boue et la moitié arrière avait disparu;
J'ai remonté la trainée que nous avions laissé et est découvert deux corps assurément morts, sans plus de détails, le jeune malade et le chef de mission, et le reste de l'avion, je suis retourné voir mes compagnons d'infortune, leur est promis des secours et je suis parti sur la plage, je savais que au Nord , il y avait un village touristique avec des pilotes de l'armée Française.
J'ai essuyé l'orage et au bout de deux heures je suis arrivé zombi au camp, à l'heure de l'apéro.
Ils se sont occupé des secours et tard dans la soirée j'étais le seul à la maison, ma femme m'a dit ," c'est à cette heure ci que tu rentres tu étais encore au bar", je lui ai raconté, et le lendemain fut une journée comme celles qui ont suivies, normales, on n'est jamais venu me voir, m'interroger, rien la vie a suivi son cours ...quelques jours plus tard j'ai rencontré Michel et l'adjoint , on a peine évoqué cette mésaventure, c'est aussi ça le Gabon...
Bien que après demain je voyage, ça n'a rien à voir, je vais à Port Gentil, c'est une compagnie régulière avec des avions plus gros et depuis cette histoire j'ai bien sur repris l'avion, mais à midi ce souvenir a rejailli de ma mémoire , j'ai bu 5 canettes , j'étais bourré, avec 5 seulement, mais j'ai déprimé un max, mais j'avais envie de vous expliquer pourquoi , comme pour justifier ma faiblesse.
Je me suis de nouveau poser les questions qui tuent, aujourd’hui 340, quand ça va s’arrêter, estce que ça va s'arrêter, suis je dans les 14% d'échecs, vais je pouvoir me fournir en aussi grande quantité?
Mais ce soir je vais déjà mieux , je n'ai pas envie de boire, le choc est passé, ces déprimes alcooliques me minent.
Oui Corinne je dois me ressaisir, m'emparer du traitement, construire ma guérison et ne plus me lamenter sans cesses, ne plus angoisser pour un oui pour un non
C'est le combat de ma vie merde!!