Bonjour à tous,
Je n'avais pas encore pris le temps de raconter ce qui m'est arrivé d'affreux cet été avec le baclofene, mais cela me semble suffisamment grave pour en témoigner.
Cela a duré de la fin juin à la mi-août environ.
Je prenais alors 250 mg de baclofene (je ne me souviens plus de la répartition exacte), et j'avais trouvé l'indifférence. J'étais heureux de cela. Et plus globalement, je me sentais incroyablement bien. Peut-être que je m'en auto-convainquais puisque mon prescripteur m'avait dit qu'il pouvait y avoir un effet détendant, peut-être que c'était un effet placebo, qu'importe après tout. J'étais détendu, souriant, avenant, chaleureux, apaisé... ou du moins c'est ce que je croyais.
Sauf que... je suis arrivé chez ma mère à Bordeaux pour y passer quelques semaines (je ne travaille pas), et là le drame a commencé. Les relations se sont vite tendues. Elle et mon frère me reprochaient de ne pas être dans mon état normal, de donner l'impression d'être ivre en permanence. Je faisais manifestement honte à ma mère dans les magasins. Nous nous opposions sur tout, je ne comprenais jamais pourquoi.
Le soir, je sortais parfois, et ma mère me reprochait le lendemain d'être rentré à 6h du matin en sonnant à l'interphone ou en faisant hurler la télévision. Je commençais à croire qu'elle était folle puisque je ne me souvenais pas de toutes ces choses-là , et que j'étais persuadé à chaque fois d'être rentré bien sagement vers 1h ou 2h. Pourtant à cette époque-là je rendais compte que j'avais un ou deux trous de mémoire, mais ça ne m'a pas du tout inquiété.
Puis nous sommes partis ensemble au bord de la mer. Mon autre frère, ma sœur, un oncle et une tante et des cousins sont arrivés. Et c'est là que tout s'est encore plus gâté. Je me rendais compte que tout le monde était contre moi, mon deuxième frère le plus d'entre eux. Ma sœur m'a tout simplement évité et ne m'a pas adressé la parole, mais je croyais qu'elle était déprimée à ce moment-là . Je comprenais de moins en moins. Je croyais que tout le monde était soit fou, soit ligués contre moi. Je m'engueulais de plus en plus souvent avec tout le monde. Puis j'ai fini par me dire que c'était moi qui étais fou, et ai été finir mon été seul, ailleurs.
En parallèle, s'est développé un comportement obscène, désinhibé sexuellement. Je m'amusais à pisser volontairement au lit, je me suis masturbé dans des lieux publics. Je me suis fait surprendre une fois dans un bar, évidemment fait foutre dehors, mais ça ne m'empêchait pas d'essayer d'y retourner régulièrement.
Puis les effets secondaires se sont estompés, et ont disparu. Heureusement que des amis que je voyais encore et qui m'ont vu au moment du début du traitement ont pu me parler à ce moment-là . Sinon je n'aurais jamais compris ce qui s'était passé cet été. Ils ont vu un changement immédiat dans mon comportement dès les premières semaines de mon traitement. Ils m'ont dit que j'étais désinhibé, vulgaire, obscène, agressif, irascible. Ils m'ont cité tout un tas de choses horribles que j'avais faites (je vous passe les détails) qui les avaient choqués : je n'en ai AUCUN souvenir ! Quand je leur ai demandé s'ils avaient compris que c'étaient les médocs, ils m'ont dit : oui évidemment ! Et pourquoi ne m'ont-ils pas prévenu alors ? demandé d'arrêter ? Réponse : ils n'avaient pas arrêté de le faire. Là encore, aucun souvenir. Je n'entendais que ce que je voulais bien entendre.
Cette prise de conscience m'a permis d'en parler à ma mère. Heureusement que mes amis m'ont permis de prendre conscience de ce qui s'était passé, car ma mère, elle, m'a dit qu'elle ne m'en aurait jamais reparlé d'elle-même. Elle m'a dit que j'avais été si méchant, cruel, agressif dans chacun de mes propos, qu'elle avait acquis la conviction que je la haïssais profondément. Quand elle m'a dit cela, je n'ai jamais autant pleuré de ma vie. Et là , même topo qu'avec mes amis : te souviens-tu d'avoir fait ça, dit ça, etc... Une fois sur deux : aucun souvenir. Ma mère a tout de suite compris que c'étaient les médicaments ; pourquoi ne m'a-t-elle pas prévenu ? Réponse : elle a passé l'été à me proposer, puis demander, puis supplier d'aller voir tel ou tel médecin pour un second avis. Elle m'en a proposé une dizaine de sa connaissance. Et plus elle insistait plus je refusais violemment. Devinez quoi ? ben voilà : aucun souvenir.
Même topo encore avec mes frères et sœur, je ne recommence pas, vous avez compris.
Heureusement que ces ES ont disparu (il y en a toujours d'autres).
Heureusement que mes amis ont compris et ont pu finalement m'en parler.
Que se serait-il passé sinon ? Je tremble rien que d'y penser.
Précision : dans des circonstances que je vous raconterai si vous les souhaitez, je suis passez brutalement début août de 250 à 150 mg. C'est idiot, je sais, mais à l'époque je faisais beaucoup de décisions absurdes et de raisonnements incohérents.
Première question : Est-ce ça qui m'a sauvé ? Est-ce que les ES se seraient dissipé avec le temps de toute façon ?
Deuxième question : Avez-vous déjà entendu parler de pareils cas ? aussi violents ?
En me renseignant un peu, j'ai appris que le baclofene pouvait provoquer une décompensation maniaque. Au vu des symptômes de cette décompensation, c'est sans doute ce qui m'est arrivé. Nouvelle donnée : je suis bipolaire, correctement traité depuis un an seulement (donc six mois au début du baclofene).
D'où ma troisième (série de) question(s) :
Est-ce que cette décompensation "baclofeno-induite" ne concerne que les bipolaires ou potentiellement tout le monde ?
Je me demande également si c'est bien le baclofene qui est responsable de cet épisode maniaque, ou alors si je ne suis pas correctement traité ? Sachant que mon psychiatre m'a diagnostiqué bipolaire de type II, c'est-à -dire avec manie atténuée ; et même si atténuée dans mon cas qu'elle passe presque inaperçue. Ce qui explique que les médecins ont mis pas loin de dix ans à me diagnostiquer.
Merci d'essayer de m'éclairer, les médecins eux-mêmes sont un peu perdus et ne sont pas capables de me renseigner sur une possible interaction entre Lamictal (lamotrigine), lithium et baclofene.
Désolé pour ce post (trop ?) long. J'espère seulement que vous aurez eu le courage de le lire jusqu'au bout et que quelqu'un aura une réponse, ou au moins un début.
Merci !