Bonjour,
Je suis nouvelle sur ce forum bien que je consulte le site depuis plusieurs mois. J'espère y trouver du soutien, des conseils, une épaule mais aussi aider les autres, si possible.
Mon compagnon est alcoolique depuis plusieurs années, il l'est devenu suite à une dépression. Il n'a jamais été dans le déni, a très vite reconnu sa dépendance mais sans force morale pour s'en sortir.
En tant que compagne, je vis depuis des années dans un stress permanent, cherchant à le protéger de lui-même en sachant que c'est impossible, le ménager, protéger la famille, gérer toute la vie quotidienne... mais sans me ménager moi-même. Je ne sais pas exactement combien il buvait car il me le cachait mais il y avait au moins plusieurs bières et presqu'une bouteille de whisky par jour. Pendant cette longue période, j'ai essayé de lui parler gentillement, je l'ai affronté avec colère, je l'ai supplié en larmes ... mais évidemment sans résultat.
Il y a un peu moins d'un an, il a découvert le Baclofène. Il s'est beaucoup documenté et nous avons tous les deux lu "Le dernier verre". J'étais très émue par ce récit ...
Il a été compliqué de trouver un médecin prescripteur mais, depuis juin l'an dernier, le traitement a commencé. Après à peine un mois de réelle réussite, je me suis rendue compte que c'était une guérison "en dents de scie". Pour info, le dosage initial était de 100mg, très difficilement supportable pour mon compagnon. Il a donc diminué progressivement à 60mg, son dosage actuel.
L'alcool a disparu presque instantanément ... trop beau pour être vrai. La première fois qu'il a bu après début du traitement, il m'a dit "plus jamais ça". J'étais heureuse d'entendre cela.
Je fais une parenthèse pour dire que, deux mois après le début de son traitement, je me suis effondrée. Mon moral a chuté. J'en ai parlé à mon médecin traitant qui m'a indiqué que, dans une situation qui engendre du stress sur le long terme, dès qu'un des facteurs de stress diminue ou disparait, la pression se relache et il est très vraisemblable que c'est une sorte de décompensation, un contre-coup. Donc, depuis je me traine un peu, je me renferme, j'ai du mal ... Mon compagnon a du mal à comprendre cela, il me le reproche presque, il dit que mon timnig est mauvais ... mais je n'ai pas décidé de m'effondrer, j'ai trop tiré sur la corde, elle a fini par craqué. A ce jour, il estime que j'ai abandonné, que je ne le soutien plus ... il ne cherche pas à comprendre ce que ces années ont été pour moi et pourquoi je peux flancher maintenant. Il a besoin de mon soutien encore, j'ai besoin du sien pour me remonter ... et on passe notre temps à se déchirer et se reprocher des choses...
Revenons à son parcours. Malheureusement, sa consommation d'alcool est en dent de scie. Il boit toujours au quotidien mais dans des quantités inférieures (à ma connaissance, un litre de bière par jour ou parfois du vin mais plus d'alcool fort sauf en cas d'invitation et là ... il boit beaucoup). Je trouve aussi qu'il est davantage dans une sorte de déni maintenant qu'avant le début du traitement.
Si je me décide enfin à écrire après tant d'hésitation, c'est parce que très récemment, il a recommencé à boire de l'alcool fort au quotidien, à cacher des bouteilles. Je l'ai tout de suite remarqué, j'ai fouillé, j'ai trouvé. Il a nié, il a minimisé, il s'est énormément faché. Je ne sais pas si c'est juste un passage difficile (il y a plusieurs facteurs de stress dans notre vie actuellement) ou si c'est durable...
J'ai appelé son médecin pour lui indiquer mon extrême inquiétude et lui demander conseil. Il m'a dit "dites-lui de m'appeler", quand je l'ai fait ... la réaction était de la colère, des cris, de l'alcool ...
Je ne comprends pas ... en comparant plusieurs témoignages à l'expérience de mon compagnon, j'estime qu'il n'a jamais atteint l' indifférence mais il gère son baclo de façon à pouvoir boire encore (pas comme avant peut-être mais toujours trop). Je lui ai demandé s'il ne valait pas mieux augmenter sa dose de baclo quand l'envie de boire est plus forte ... il s'est mis en colère. Cela me désespère d'autant plus que maintenant que le baclo (qui est la seule et unique chance de s'en sortir) est là , il suffit de trouver le dosage pour atteindre la réelle indifférence ... Je suis en panique face à son refus de le faire, face à cette demi-réussite. Je ne souhaite qu'une chose, c'est sa réelle guérison. Je le souhaite avant tout pour lui, mais aussi pour moi, pour notre couple, pour notre famille. Je souhaite la normalité. Je veux retrouver celui qu'il était avant, mon mec sans alcool, ce poison qui abîme le corps et altère l'esprit. je ne sais pas s'il serait d'accord avec mon analyse, mais c'est comme cela que je vois les choses aujourd'hui.
J'ai tellement de choses à dire, tellement de chose que j'aimerais mieux comprendre mais voilà l'essentiel. Pouvez-vous me dire si vous avez connaissance de parcours semblables? Comment réagir (ou ne pas réagir), que faire pour l'aider, que faire pour me maintenir à flots moi-même dans cette lutte? Je sais, c'est sa lutte, mais cela a un tel impact sur toute la vie que je ne peux pas m'en détacher. J'ai du mal à ne pas y penser, à ne pas me méfier, à ne pas appréhender les soirée entre amis ... peut-être que c'est parce sa guérison est imparfaite, peut-être parce qu'elle est trop récente ... Apprendre à vivre sans l'alcool, à refaire confiance par rapport à cela est aussi un long chemin pour les proches des malades. J'ai du mal et j'ai mal parce qu'il souffre lui aussi encore. Ce n'est pas moi qui suis malade, je le sais. Je pense qu'il est néanmoins aussi important que les compagnes / compagnons / parents / amis puissent s'exprimer (juste pour relacher un peu la pression), échanger, pleurer ou rire et bénéficier du soutien des uns et des autres dans cette même bataille ...
Merci de m'avoir lu et de vos conseils ...
A bientôt