Bonjour à tous,
Je tâcherai d'être clair et concis... et réalise déjà que je ne sais pas où commencer (!).
J'ai 35 ans et l'alcool m'a lentement mais sûrement pris dans ses filets. J'ai depuis longtemps accepté que j'avais un problème d'alcool mais j'ai toujours su garder un certain "contrôle", dans le sens où je parvenais à m'arrêter pendant 2 ou 3 semaines, mener une vie active et dynamique... pour irrémédiablement retomber dans ce poison. Chaque fois la chute était plus profonde, chaque fois la remontée plus dure. Jusqu'à ce que des événements récents me fassent complètement dérouter, et que l'alcool prenne une fois pour toute le dessus. 48H sans boire était devenait impossible. 75cl de whisky au quotidien pendant les jours de travail, 1 litre et plus les jours de congés.
Je dois maintenant préciser: je travaille seul, de nuit, et je vis seul. Par choix, puisque je me consacre à des projets d'écriture. Cette solitude ne me pèse pas en général, mais ce soir c'est différent (je précise aussi qu'il est 21H30 chez moi mais 03H30 en France métropolitaine). Je suis sous traitement baclofène depuis maintenant 17 jours. Je suis suivi par mon médecin traitant ainsi que par un autre dans une structure spécialisée (Les liaisons dangereuses, il en existe plusieurs antennes). Je suis la procédure: 15mg les 3 premiers jours puis augmentation de 5mg tous les 3 jours. J'en suis donc à 45mg. Effets secondaires: insomnies, comme tout le monde j'imagine (et peut-être constipation, est-ce possible?). Sinon pas grand chose. Mais le plus important est que je n'ai rien bu depuis 6 jours. Le baclofène n'y est pas pour tout, ça me prend beaucoup de volonté, peut-être même qu'un effet "placebo" y joue, mais le fait que je n'ai pas bu depuis 6 jours, ça fait des mois que ça n'était pas arrivé, et ça n'aurait pas pu se faire sans le baclofène. Cependant je ne crie pas victoire et ne ressens aucune euphorie. Je sais que la route est longue et le chemin difficile, et j'ai tant de fois été déçu - par moi-même - dans ce combat face à l'alcool.
Où je veux en venir? Voilà ...
C'est mon deuxième soir de congé et j'ai vraiment envie de boire. Vraiment. Mon meilleur ennemi me manque. J'ai envie de prendre la voiture, rouler jusqu'au premier commerce, acheter une bouteille de whisky et dévisser le bouchon aussitôt dans la voiture. Mais je ne le ferai pas: j'ai arrêté de boire. J'en ai l'eau à la bouche, pourtant. La même pulsion que je ressentais lorsque j'ai arrêté de fumer, il y a 3 ans. J'étais un ancien et vieux fumeur (2 paquets par jour, première cigarette à 12 ans). Et j'ai arrêté du jour au lendemain, sans l'aide de rien (à part celle de ce fantastique bouquin "The easy way to stop smoking", de Allen Carr, que je recommande à tout fumeur qui en a marre de cet autre poison légal). Et je me rappelle en ce moment que lors de l'arrêt du tabac, mes journées les plus dures furent la 6ème, 7ème, et 8ème. Alors ma première question est celle-ci: suis-je entrain de vivre la même chose? Est-ce que cette envie va passer avec le temps et disparaître à tout jamais, où ça va continuer ainsi? Je réalise que je n'en suis qu'à 45mg par jour, et que j'ai encore de la marge. J'ai cru comprendre que la moyenne se situait autour de 140mg... mais mon médecin m'a parlé d'un de ses patients qui en est à 5X300mg par jour (oui oui, vous avez bien lu. 5 boîtes par jour!)... et qui malgré ça continue à boire (beaucoup moins, certes). Bref, je sais que j'ai encore de la marge mais j'aimerais pouvoir m'en tenir au minimum. Qu'en pensez-vous? Où, par rapport à votre expérience, me situez-vous?
Autre question: je gère, pour l'instant, l'insomnie. Le fait de ne pas boire compense et me permet de faire du sport, ce qui, paradoxalement, procure beaucoup d'énergie (je recommande à tous le sport, ce fut mon meilleur allié contre le tabac). Cependant, le manque de sommeil cumulé à un job de nuit va vite devenir insoutenable, alors j'aimerais savoir si cet effet indésirable s'estompe avec le temps (à ce propos, je suis conscient que ce n'est pas nécessairement le baclofène qui m'empêche de dormir, mais simplement le manque d'alcool, bien sûr!)
J'aimerais aussi savoir si vous pensez qu'à terme, il est possible de se passer et de l'alcool et du baclofène, et d'être indifférent et libre, tout simplement. J'ai une volonté sans borne, j'ai pris beaucoup de substances dans cette vie et j'ai toujours su arrêter (même le café) sans l'aide de rien ni personne, mais j'avoue que l'alcool est fort et que c'est là ma dernière chance. Si cette fois ça ne marche pas, ce sera "Leaving Las Vegas"... Mais ce ne sera pas le cas.
Voilà désolé d'avoir fait si long, merci déjà de m'avoir lu, bravo à ceux et celles qui s'en sont sorties et courage aux autres qui comme moi luttent.
A.H