J'y vais aussi pour le témoignage. A retoucher si besoin ! N'hésitez pas si vous avez des remarques à faire en mp :
Je n'ai pas touché le fond. Je ne suis pas allé jusqu'au fond du trou. Mais y arrive-t-on un jour ? Il paraît qu'on arrive toujours à tomber encore et toujours plus bas ...
Je n'en ai probablement pas eu le temps, j'ai 28 ans !
Sûrement, car j'ai pris le problème assez tôt. En tout cas, suffisamment tôt pour que mon addiction ne m'occasionne pas de problème de santé !
D'autant que j'ai toujours essayé de limiter la casse, d'être précautionneux dans mes consommations, et ce, malgré mes consommations et mes cravings.
Sans vouloir me la raconter, je pense avoir toujours été très lucide sur ma "situation", manière polie de dire "alcoolisme", je ne pense pas avoir déjà été dans le déni.
J'ai commencé à boire vers 18 ans, dès que j'ai quitté le nid familial en fait. Je me suis rapidement mis en couple avec une personne qui partage toujours ma vie pour l'instant.
Au début, je ne buvais pas tous les jours, mais régulièrement et beaucoup trop et au fil du temps de plus en plus souvent.
Puis tous les jours, tous les soirs, tous les jours non travaillés. De plus en plus !
Il y a environ un an, lorsque j'ai commencé à me renseigner sur le baclo, ma consommation à la semaine était d'environ : 6 à 7 bières tous les soirs et 10 à 15 bières les samedis, dimanches et jours chômés.
Soit environ 60 UA + par semaine !
On peut dire en quelque sorte que le travail me préservait - un peu - durant la semaine.
Contrairement à d'autres qui ont pas mal galéré dans leur vie et dans leur addiction, qui ont fait plusieurs cures, plusieurs traitements médicamenteux et plusieurs rechutes avant d'en arriver au baclo. Je n'ai pas un lourd et si long passé que ça avec l'alcool. Je me considère comme chanceux. Chanceux d'avoir choisi le baclo, d'avoir commencé par le médicament qui guérit en opposition aux autres médicaments, traitements, cures, thérapies qui ne font que minimiser le craving (avec toutes les précautions nécessaires, hein, vu que je ne les connais pas), qui dégoûtent de l'alcool et qui nous conditionne pour résister au craving ... Mais le craving est par définition une envie irrépressible.
Comme je l'ai dit : les cures, les autres médocs (ceux avec une AMM) je ne connais pas, je n'ai jamais tenté. Mais je sais déjà que ça n'aurait pas marché pour moi. Jamais je n'aurais pu accepter un truc avec comme pré-requis ou avec comme finalité : ne plus jamais boire d'alcool. Résister pour le reste de ma vie à l'appel de l'alcool, au craving toujours présent.
Même aujourd'hui, même indifférent, j'aime bien boire un coup de temps en temps ! Comme les gens normaux en fait ! J'ai juste plus de craving et ça, ça change tout !
Je ne sais plus trop comment j'ai découvert le baclo, sûrement sur le net. Il y a un an !
Maintenant, je suis indifférent. Grâce au baclofène
Malgré les bâtons dans les roues, les médecins que freinent, j'ai réussi à augmenter, souvent contre l'avis des médecins.
Un m'a particulièrement déplu, et même mis en danger. Je lui avais dit être arrivé à 210 mg grâce à son remplacant. Il a pris peur et m'a dit de redescendre à 100 mg du jour au lendemain ! C'est à cause de ce genre de médecins, qui font n'importe quoi, qu'il arrive des problèmes aux patients sous baclo.
Je suis perdu dans le bout de la France, je n'ai pas le luxe de consulter les "bons" prescripteurs de baclo. Ceux qui accepteraient le Hors AMM. Je suis bien obligé de faire avec les moyens du bord pour m'en sortir, du fond de ma Bretagne ! Je me suis toujours démerdé, avec l'immense aide du forum, pour gérer ma posologie, mes répartitions, mes augmentations, toujours sans suivi réel de la part de mes prescripteurs.
J'ai dû changer de médecin à la suite du "problème" décrit au-dessus. J'ai passé plusieurs semaines à essuyer des refus de rendez-vous lors de l'évocation de la raison pour laquelle je cherchais un médecin et surtout du dosage. Je ne voulais pas enchaîner les visites pour rien, je prenais donc soin de les informer avant et de connaître leur position. Certains m'ont même répondus avec une condescendance crasse, indigne d'un médecin. Il faut croire que même chez ces mêmes médecins, l'idée que l'alcoolisme est une maladie reconnue a du mal à faire son chemin. J'ai finalement eu la chance de tomber sur un jeune médecin qui accepte de me faire mes prescriptions !
J'ai rencontré l'indifférence ou plutôt, non, elle m'a cueillie.
À 270 mg.
Il y a quelques mois, après "seulement" 4 mois et 1/2 d'augmentation (qui aurait pu être raccourcis à 3 mois si mes prescriptions avaient suivi mes besoins en augmentation !) et maintenant, après 5 mois et 1/2 à 270 mg, je commence à baisser. Tranquillement. Pour ne pas replonger. J'en suis pour l'instant à 250 mg, en baissant de 10 mg toutes les 2 semaines.
Si vous pouviez voir à quel point je suis fière, fière d'avoir réussi, d'être indifférent. D'être redevenue comme tout le monde ! Pour moi, pour mon fils.
Si vous pouviez voir, dans ses yeux comme il est heureux depuis que je ne suis plus bourré du matin au soir le samedi et le dimanche ! Heureusement qu'il n'en a pas trop souffert jusque-là du fait de son jeune âge. Mais maintenant je sais que je peux profiter de chaque moment avec lui, à jeun !
Franchement, pour avoir ressenti moi-même cette indifférence, je peux vous assurer que c'est quelque chose de merveilleux.
J'imagine ô combien ça peut être abstrait pour quelqu'un qui ne l'a pas vécus ni vécus de craving. Mais c'est la seule chose qui importe pour un alcoolodépendant.
Comme les résultats de votre consultation le montre bien : le baclofène réduit considérablement le craving ! Mmais après avoir dit ça, comment pouvez-vous dire qu'il ne réduit pas la consommation d'alcool pour autant !
Si aujourd'hui, je n'ai plus cette envie irrépressible de boire ! Et bien, je ne bois plus. C'est la base même de la solution !
Alors, s'il vous plaît, je ne me fais pas trop d'espoir, mais si vous pouviez, un instant, oublier ces conflits d'intérêts (oui, c'est un générique, oui le lobby de l'alcool, oui ci, oui ça). Mais merde ! C'est ce qui nous sauve, nous ! Et d'après ce que je sais, c'est le seul médoc qui rend indifférent. Indifférent quoi ! Le mot est important ! Je suis indifférent à l'alcool !