Effectivement, un bon moment que je n’ai pas posté par ici…
Alors, où j’en suis ? et bien, ça va très bien. 16 mois sans consommer
Lors de mon arrivée en addicto HP (avril 19), je suis tombé sur un génial psychiatre avec qui j’ai passé un contrat moral (il est malheureusement décédé depuis).
Considérant qu’il m’était impossible d’envisager l’abstinence à vie, que j’étais sous baclo et que j’y croyais fort, il m’a dit : « ok, je vous suis, et je vous demande un an sans boire - après on voit ce qui se passe ». En considérant que le cerveau met un an pour oublier sa relation avec l’alcool.
Sur les + d'un an maintenant, aucun craving, aucune pulsion, pas de rechute, même devant une bouteille ouverte, même chez moi, le vin ouvert reste au frais et aucune difficulté à en proposer ou à en acheter. Bien sûr qu’il y a eu des envies, des pensées des tentations mais jamais assez fortes. Précision : avoir une date de « fin » a été facilitateur de réussite dans mon parcours
J’ai bu vers le 8 ou 9ème mois des bières à 0.00. Parfois, après avoir bu quelques gorgées, elle m’ennuyait, ou je la laissais tranquille sans la finir – aucune attirance et aucune envie d’y revenir (oui, oui, je sais il n’y a pas d’alcool mais quand bien même.
J’attendais les 1 an avec (ce que je croyais être de l’), impatience pour reprendre et finalement, il n’en a rien été. J’y ai pensé, inquiet fortement avant, pour qu’une fois la date venue, je ne me jette pas sur un verre
En résumé calendaire, cela donne :
- avril 2017 ; début baclo - tableau de conso et suivi perso – ni véritable suivi médical ni de l'entourage (donc seul et forum).
consommation toujours en augmentation.
Difficultés professionnelles et perso n’ont fait qu’empirer la chose
- aout 2018 - clinique psy et psychosomatique – tenu un trimestre puis grosse rechute
- janvier 2019 – arrêt de travail - conso environ 4 bouteilles de vin/jour matin midi soir nuit - baclo 300.
prise de conscience du temps long nécessaire pour la reconstruction et identification des toxiques(boulot, proches, environnement).
dépression / dépendance - dépendance / dépression
- février 2019 : 1 mois clinique psy et psychosomatique (la même) – échec total
- mai 2019 : HP addicto- baclo 130
- juin à sept : pensées parasites parfois (après sport, travaux, jardin, forts moments de convivialité.
circuit de la récompense mais jamais de craving, jamais de craquage
au bout de 6 mois environ : chaque situation éventuellement sujette à conso avait été vécue (anniversaire, fêtes, pots, décès, conflit, insomnie, etc etc).
l’entourage a pris l'habitude et n’est pas/plus mal à l’aise, il n’y a plus de questions genre « pourquoi tu ne bois pas ? ».
et tu ne te mets plus en marge des autres
l’alcool est absent de tout
- oct/nov 19 : arrêt complet anxio et AD
- Déc 2019 – reprise boulot sur autres fonctions – épanouissement – nouvelle équipe
- Mars/mai 2020 ; Confinement, RAS. Le repli sur soi m’allait très bien.
Et l’absence de relations sociales non désirées (grande surface, public de rue, etc) également très très (trop) bien.
Les liens perso tu les conserves, avec les moyens de comm existant et absolument pas d’envie de tenter une conso
- Mai 2020 : contrat rempli – objectif atteint bilan : de 4 bouteilles de vin / jour (sur xx années) à rien.
- Juin à aout – possibilité de consommer et ce n’est pas venu.
Ce n’était plus de l’abstinence imposée/forcée mais choisie - la liberté de ne rien consommer ? en tout cas, je ne vivais plus du tout comme une interdiction
Les fois où j’aurais pu avoir trop envie (circuit de récompense), c’était plutôt lors d’un événement festif en groupe très restreint mais jamais pour gérer un moment compliqué, angoisse, insomnie ou baisse de moral.
Les anxiétés, angoisses, craintes, insomnies doutes, la vie réelle quoi, sont présents et parfois fortement durs mais jamais, je n’ai été tenté de combler : l’équation médoc = alcool ou inversement, ne semble plus vraie. Par contre, j’ai pris et je prends encore en pleine tête mes errances du passé. Les périodes où j’étais moins forts, pour ne pas dire faibles et sous alcool devant certains moments de la vie où je me suis fait marcher dessus où je n’ai pas su gérer du tout. Ça encore maintenant, c’est une cause quotidienne de très fortes angoisses, je m’en veux encore beaucoup de m’être écrasé donc je dois absolument travailler sous peine de…
L’infirmière et le (nouveau) psychiatre qui assurent toujours un suivi mensuel post cure sont beaucoup moins dans le dogme de l’abstinence avec moi qu’avec leurs autres patients - c’est eux qui me filent l’ordo de 130, initialement pourtant inenvisageable) et ils pensent une issue positive. Du coup, si maintenant, qq’un se pointe en cure avec du baclo dans ses valises ils vont lui laisser. Et ça, c’est cool.
Cette longue période permet de se faire un vrai "stop and go", se ressourcer, se refaire aussi son état physio et biologique sain et puis, aussi de retrouver de la confiance en soi et son « vrai visage ». car je me revois bien : les nuits, les réveils, l’attente matinale devant une épicerie, les bleus, les trous noirs, etc etc
Ce travail sur soi et pour soi, m’a été primordial. mais c’est un ensemble (et pas un événement, un déclic) et des piliers (dans le désordre) :
- suivis médicaux mensuels psychiatre et infirmière de l’addicto, MG pour le principe,
- suivi psychologue – thérapie, hypnose, reconnexion, travail profond sur traumatisme, méditation
- travail perso (identification des nuisibles et toxiques – essentiel !) - sport, méditation, repos – prendre conscience des choses
- entourage - bienveillance des très proches même sans adhésion au projet baclo et encore moins à la reconso – et aucun pote de beuverie.
très important ses relations)
- grands soutiens et amitiés issues du forum
- baclofène
Car, pourquoi je n’ai pas encore repris un verre ? Honnêtement, je ne sais pas. La peur ? la crainte ? oui, bien sûr que j’ai peur du lendemain (TCC mais Analyser, rectifier, ajuster seront mes leitmotiv).
Fier, oui, d’en être là . Curieux et plein d’espoir. Me casser la gueule ou être détaché.
Il va y avoir une période de flottements, de difficultés et de questionnement :mais dans tous les cas, faire preuve d’humilité. Je repars de 0 après un vrai restart. Et je suis lucide
Voilà , j’y suis maintenant, je peux et je veux savoir.
Ajout : l'abstinence volontaire était devenue presque une évidence, un passage obligé, imposé car je n’ai jamais réussi à maintenir ou diminuer mes conso pendant la montée en baclo et ce même à 290, elles n'ont fait qu'augmenter.
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