Citation
Voici ce que Reiz m'a une fois ecrit.
C'est clair comme de l'eau de roche
C'est gravé au fer rouge dans ma tete
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Salut Mathieu,
Ta consommation d'X grammes d'alcool est du à une maladie. Elle est d'ordre neuro-biologique.
Je te l'accorde, cela a un caractère effrayant de constater après tant d'années, que l'origine du mal soit si... simple.
Une déficience en GabaB, un neurotransmetteur qui permet de réguler les émotions et qui est commune à tous les alcoolo-dépendant.
Une maladie qui finie par nous faire nous soigner avec de l'alcool alors que s'en est le mauvais médicament. Le Baclofène étant le bon.
Une maladie qui bien souvent nous fait agir en dépit du bon sens.
Je comprends bien ta phrase: Quelle honte d'en être malade!
Nous ne devrions pas en avoir honte. Et pourtant...
Tous les codes de la société veulent que nous en éprouvions une honte.
Car, en somme, personne n'a un "petit cancer", une 'petite hypoglycémie", mais tout le monde boit un peu.
Et ce fameux "tout le monde" ne sombre pas dans l'alcoolisme.
Donc forcement: Faiblesse, manque de volonté, etc.
A travers le Baclofène c'est bien la volonté qui va recouvrer son sens.
De volonté je n'en avais plus. Je buvais du soir au matin. J'avais tout essayé: Cures, AA, AD, Aotal, Révia, psy, etc.
Rien n'y aura jamais fait.
Puis j'ai commencé à prendre ce myorelaxant et mon corps, relativement rapidement (2 mois et demi), n'a plus eu besoin d'avoir recours à l'alcool pour me soigner.
L'angoisse et le stress de ne pas pouvoir être moi pleinement comme sous alcool se sont fait la malle.
Avec le Baclofène, je suis calme, serein et soigné comme avec l'alcool mais sans les ES déplorables de l'alcool que tu connais bien.
Je ne me reconnais pas là dedans.
Plus émotif, plus sensible, plus "humain" peut être aussi, ça oui...
Porté autrefois par de grands idéaux, déçu, blessé, désabusé et profondement malheureux, enragé, ça oui.
Dans le déni, dans la non acceptation, enfermé dans la défensive, muré dans le chagrin et l'alcool, sans aucun doute.
L'alcool comme mauvais médicament, médicament empoisonné. Sans aucun doute.
Un déficience en Gaba B ? Et si elle avait causée par la consommation d'alcool, que seul le temps (et l'aide du baclo en ce qui nous concerne) permettait de rééquilibrer ?
Si ce n'était pas finalement la peine initiale, qui nous a fait compenser en "boostant" notre Gaba A, qui a eu pour conséquence de "vider" le Gaba B....est ce que ce ne serait pas finalement pas, une fois encore, l'alcool le fautif ?
Je vais confier quelque chose sur quoi je ne me suis pas étalé, concernant ma première décroche qui a duré quasi 2 ans.
Sans aller dans le détail sur les raisons pour laquelle j'ai replonger doucement, mais progressivement vers l'abus d'alcool.
J'ai réalisé mon premier sevrage à l'aide du cannabis.
Pendant un peu plus de 2 mois, j'ai fumé à la place de boire, jusqu'a ce que j'obtienne de manière quasiment équivalente le même genre d'euphorie.
J'avais une quantité définie, et je savais qu'une fois qu'il n'y en aurait plus, il n'y aurait plus d'alcool, et plus de cannabis non plus. (j'étais dans un coin paumé à la campagne, je n'avais ni les moyens ni les contacts pour me refournir)
J'ai procédé de manière équivalente avec laquelle j'ai procédé pour le baclofène.
J'ai augmenter la quantité jusqu'a ce que le cumul avec l'alcool devienne intenable.
Puis j'ai réduit les doses, progressivement.
Le sevrage de cannabis est une plaisanterie comparativement au sevrage alcoolique, même si ce n'est clairement pas une partie de plaisir. (insomnies, agitation, angoisse, grande nervosité, anxiété)
A l'aide du tabac et du sport, j'ai passé ce sevrage, puis ai atteint une vrai libération.
Plus d'alcool, plus de cannabis, moins de sport, je me suis calmé tout doucement.
L'année d'après , j'arretais de fumer du tabac.
Grand calme, grande libération, bien être total.
Ce n'est que 3 ans plus tard que je me suis fait piéger à nouveau.
Et j'en suis certain, ce n'est pas une déficience qui m'a conduit à reboire exagérement, mais bien une blessure, des non-dit, une fragilité d'un jeune homme qui se sentait abandonné, timide et inadapté, incompris et mal aimé qui l'a conduit à resombrer dans la boisson.
J'avais retrouvé mon médicament. Et j'ai longtemps refusé de voir qu'il m'avait fait énormement grossir, qu'il minait tout mon courage de la journée, qu'il me faisait me lever très tard, rater tout ce que j'entreprenais.
Des journées merdiques, improductives, à attendre la liberation du soir, où je pouvais alors alimenter la haine que j'avais de moi même, et de ceux qui m'avaient conduit à être ce que j'étais devenu.
Et plus je buvais, et plus mon état du lendemain me donnait des raisons de boire le soir.
Alors oui, je suis évidement tenté de voir le baclofène comme une sorte de cannabis (on repassera pour le coté récreatif concernant le baclo hein...).
Une drogue, qui a tapé sur un autre recepteur, et qui a joué le même role: celui du leurre.
A plusieurs reprises , pendant le traitement, je me suis clairement senti "shooté".
J'ai bien senti toute mon attention détournée, mes envies s'envoler, mon cerveau se débattre pour trouver une compensation à l'alcool.
C'est au bout d'un moment où je me suis rendu compte que j'avais atteint une sorte de capitulation, que j'ai compris que je pouvais enfin baisser.
C'était fini, j'avais passé mon sevrage, j'avais rendu les armes.
J'ai revécu la même situation vécu initialement, avec cette fois ci un médicament bien plus efficace qu'un autre stimulateur gabaA, et qui m'avait "distrait" assez longtemps pour décrocher. Plus, il avait apparement accéléré le processus, en neutralisant les neurotransmetteurs en question. Une guérison éclair, en quelque sorte, alors qu'un abstinent simple aura besoin de plus de temps et d'efforts pour réaliser le travail du baclo.
Alors voila, ce n'est que mon histoire.
Peut être ai-je tort, peut être je commet une grossière erreur.
Mais une chose est certaine, c'est qu'après avoir vécu tout ça, après avoir passé des heures à comprendre ce qui m'avait conduit à boire, après m'être admis que c'est aussi beaucoup l'alcool qui m'avait mis dans cet état de souffrance...cette chose certaine, c'est que je ne suis pas prêt de me faire prendre à nouveau.
Est ce que je vais devenir abstinent ? Non. Méfiant ? Oui.
Mon analyse est faite, maintenant j'ai bientot 40 ans, je vais pouvoir vivre pleinement ma crise de la quarantaine (on va dire que je viens de la faire) , et désormais me préparer pour la seconde moitié de mon existence.
Et trouver d'autres manières de me rendre joyeux ou de me guérir !
Je reste donc pour le moment campé sur l'idée que c'est l'abus d'alcool qui rends alcoolique.
Comme l'abus de chaque chose sur cette terre est succeptible de rendre malheureux, et de dérégler le cerveau.