Bonjour Ă tous,
Me voici nouveau sur ce site, et l’histoire que je vais vous raconter vous semblera sans doute bien banale, aussi je vous demande beaucoup d’indulgence si ce que j’écris est fade ou vous semble relever de l’évidence. Je suis alcoolique. On dit que le fait de reconnaître cet état de fait est le pas vers la guérison. Certes. Mais j’ai reconnu “avoir un problème avec l’alcool”, comme on le dit pudiquement, il y a plus de dix ans… et la guérison n’est toujours pas d’actualité.
Voici comment je suis tombé. J’étais en couple depuis six ans, et j’ai subi un revers de fortune brutal. En clair, j’ai été quitté pour quelqu’un d’autre. Le soir de la séparation, j’étais dévasté. Une bouteille de whisky était à la maison ; jusque là , je buvais, comme tous mes amis, de façon sociale. Mais ce soir, j’étais triste. Alors je me suis servi un verre, sans trop savoir. Et un miracle s’est produit ! Ma tristesse, ma rancœur, mon désespoir, tout s’était envolé ! J’étais indifférent à ce qui m’avait fait tant pleuré quelques instants auparavant ! Mais quel produit miraculeux me suis-je dit ! Il efface toutes les peines, tous les chagrins, toutes les douleurs !
Bien sûr, le lendemain, la souffrance était là , brûlante. Mais je ne m’en inquiétais pas… après tout, je savais que si ça devenait intolérable, quelques gorgées me viendraient en aide…
Quelques gorgées… quelques centilitres… une demi bouteille… puis une bouteille entière, et là , au réveil, ce n’était plus seulement le retour de la souffrance, c’était… une souffrance nouvelle que je ne connaissais pas. Le manque.
Lorsque j’ai eu ma première crise de manque, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Je voyais des points noirs et blancs danser dans ma chambre, j’étais dans un état d’angoisse terrible, d’autant que j’étais supposé travailler quelques heures plus tard. Je croyais que j’allais mourir. Alors j’ai su ce que j’étais devenu : j’étais alcoolique.
Dois-je dire les neuf années qui ont suivi ? Dois-je vous expliquer les atroces souffrances que j’ai fait subir à mes proches, les injustices, les reproches insanes que je leur ai fait parce que j’étais alcoolisé, et que je ne voyais plus la réalité telle qu’elle était ? Je suppose que vous connaissez ça. Et les réveils ? Pour ma part, je suis tombé si bas, que j’ai honte de le dire… les réveils, au milieu des poubelles, sans aucun souvenir de ce qui avait bien pu me mener là … je n’en raconterai pas plus.
À présent, le versant “positif”. Les traitements, les médecins, les thérapies. Peu se sont révélées efficace. J’ai tenté les addictologues ; on m’a dit qu’il y avait un traitement efficace pour guérir de l’alcoolisme : l’abstinence. C’est simple, il suffit d’arrêter. Merci pour le conseil, je n’y avais pas pensé tout seul… sauf que arrêter, c’est une TORTURE, et même après le sevrage physique. On est content quelques jours… mais après… l’envie revient ! Ensuite, les groupes de parole. Je suis réfractaire à la culture judéo-chrétienne qui prône la culpabilité, et je n’ai trouvé que ça dans les groupes. “Oui, je suis mauvais, je dois expier mes mauvaises conduites en me punissant.” Je sais que c’est un point de vue polémique, mais moi, je ne veux plus me sentir coupable, donc m’entendre répéter en boucle que je dois réparer mes erreurs, non. En revanche, la thérapie comportementale et cognitive m’a aidé. Connaître sa consommation, savoir pourquoi et quand on boit est d’une aide précieuse. Mais le craving est toujours là . Pour finir, c’est la psychothérapie (que je suis depuis quatre ans) qui m’a le plus aidé. Là enfin, j’ai appris à me débarrasser de ce sentiment de culpabilité qui me poursuit depuis si longtemps.
Du positif donc… Sauf que les cravings sont toujours là . Sauf que, lorsque je ne bois pas, je n’ai qu’une idée en tête : quand vais-je pouvoir être ivre ? Sauf que, ma vie est une lutte, une lutte si épuisante, que souvent, je me demande si il ne vaudrait pas mieux s’arrêter là , parce que l’alcool, qu’il coule dans mes veines ou qu’il hante mon cerveau, est toujours, toujours ce qui régente ma vie.
Bien amicalement Ă vous,
M
Me voici nouveau sur ce site, et l’histoire que je vais vous raconter vous semblera sans doute bien banale, aussi je vous demande beaucoup d’indulgence si ce que j’écris est fade ou vous semble relever de l’évidence. Je suis alcoolique. On dit que le fait de reconnaître cet état de fait est le pas vers la guérison. Certes. Mais j’ai reconnu “avoir un problème avec l’alcool”, comme on le dit pudiquement, il y a plus de dix ans… et la guérison n’est toujours pas d’actualité.
Voici comment je suis tombé. J’étais en couple depuis six ans, et j’ai subi un revers de fortune brutal. En clair, j’ai été quitté pour quelqu’un d’autre. Le soir de la séparation, j’étais dévasté. Une bouteille de whisky était à la maison ; jusque là , je buvais, comme tous mes amis, de façon sociale. Mais ce soir, j’étais triste. Alors je me suis servi un verre, sans trop savoir. Et un miracle s’est produit ! Ma tristesse, ma rancœur, mon désespoir, tout s’était envolé ! J’étais indifférent à ce qui m’avait fait tant pleuré quelques instants auparavant ! Mais quel produit miraculeux me suis-je dit ! Il efface toutes les peines, tous les chagrins, toutes les douleurs !
Bien sûr, le lendemain, la souffrance était là , brûlante. Mais je ne m’en inquiétais pas… après tout, je savais que si ça devenait intolérable, quelques gorgées me viendraient en aide…
Quelques gorgées… quelques centilitres… une demi bouteille… puis une bouteille entière, et là , au réveil, ce n’était plus seulement le retour de la souffrance, c’était… une souffrance nouvelle que je ne connaissais pas. Le manque.
Lorsque j’ai eu ma première crise de manque, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Je voyais des points noirs et blancs danser dans ma chambre, j’étais dans un état d’angoisse terrible, d’autant que j’étais supposé travailler quelques heures plus tard. Je croyais que j’allais mourir. Alors j’ai su ce que j’étais devenu : j’étais alcoolique.
Dois-je dire les neuf années qui ont suivi ? Dois-je vous expliquer les atroces souffrances que j’ai fait subir à mes proches, les injustices, les reproches insanes que je leur ai fait parce que j’étais alcoolisé, et que je ne voyais plus la réalité telle qu’elle était ? Je suppose que vous connaissez ça. Et les réveils ? Pour ma part, je suis tombé si bas, que j’ai honte de le dire… les réveils, au milieu des poubelles, sans aucun souvenir de ce qui avait bien pu me mener là … je n’en raconterai pas plus.
À présent, le versant “positif”. Les traitements, les médecins, les thérapies. Peu se sont révélées efficace. J’ai tenté les addictologues ; on m’a dit qu’il y avait un traitement efficace pour guérir de l’alcoolisme : l’abstinence. C’est simple, il suffit d’arrêter. Merci pour le conseil, je n’y avais pas pensé tout seul… sauf que arrêter, c’est une TORTURE, et même après le sevrage physique. On est content quelques jours… mais après… l’envie revient ! Ensuite, les groupes de parole. Je suis réfractaire à la culture judéo-chrétienne qui prône la culpabilité, et je n’ai trouvé que ça dans les groupes. “Oui, je suis mauvais, je dois expier mes mauvaises conduites en me punissant.” Je sais que c’est un point de vue polémique, mais moi, je ne veux plus me sentir coupable, donc m’entendre répéter en boucle que je dois réparer mes erreurs, non. En revanche, la thérapie comportementale et cognitive m’a aidé. Connaître sa consommation, savoir pourquoi et quand on boit est d’une aide précieuse. Mais le craving est toujours là . Pour finir, c’est la psychothérapie (que je suis depuis quatre ans) qui m’a le plus aidé. Là enfin, j’ai appris à me débarrasser de ce sentiment de culpabilité qui me poursuit depuis si longtemps.
Du positif donc… Sauf que les cravings sont toujours là . Sauf que, lorsque je ne bois pas, je n’ai qu’une idée en tête : quand vais-je pouvoir être ivre ? Sauf que, ma vie est une lutte, une lutte si épuisante, que souvent, je me demande si il ne vaudrait pas mieux s’arrêter là , parce que l’alcool, qu’il coule dans mes veines ou qu’il hante mon cerveau, est toujours, toujours ce qui régente ma vie.
Bien amicalement Ă vous,
M