Bonsoir à tous
Ce ne sont que mes ressentis, mes émotions, mes pensées, ce n'est pas l'opinion générale
Mon but était de ne plus boire d'alcool, de ne plus être tenté, et j'y suis parvenu
Aujourd'hui 6 mois sans alcool
6 mois que je me suis réveillé après un long coma
Je ne vais pas raconter ma vie antérieure, elle est postée au début de mon fil
Le temps a passé depuis cette soirée de Février où le poison m'a quitté, où je suis redevenu moi-même finalement
Je ne sais pas ce qui a déclenché mon alcoolisme, j'ai stoppé tout retour en arrière, je me faisais beaucoup trop de mal
Tenter de découvrir pourquoi l'on s'est mis à boire, pourquoi l'on a sombré dans une douce folie, à quoi cela peut-il servir
A se faire du mal sans aucun doute, à regretter d'avoir gâché tout un pan de sa vie
J'ai eu de la chance, je suis devenu indifférent seulement à 100mg, dose que j'ai toujours aujourd'hui
Des ES j'en ai eu comme tout le monde, il m'arrive d'en ressentir encore
De la somnolence, de la constipation, des impatiences plus fortes, des douleurs articulaires, etc... j'en oublie certainement
Il faut se battre contre ces putains d'effets secondaires, se dire que la victoire en vaut la peine, ne jamais rien lâcher
Lorsqu'on quitte l'alcool, ce n'est pas définitif, on ne se dit pas adieu et basta
Non c'est la plus attachante des compagnes, elle s'accroche, tente de se rappeler toujours à nos souvenirs
Un jour un psy m'a dit :
"Vous serez malade à vie de l'alcool, on ne guérit jamais de cette addiction"
Je suis sorti de son cabinet et je me suis pensé : "Pov Con, si tu savais comme je t'emmerde, j'arriverais à m'en sortir"
Et hop je suis retourné illico me "mettre chiffon" pour oublier ses paroles, ne plus penser à ce que j'étais UN ALCOOLIQUE
Il avait raison à l'époque puisqu'on ne parlait pas de baclofene
Le baclofene nous permet de "guérir" mais il faut toujours avoir à l'oeil que ce n'est pas irréversible
Dès que l'on est plus imbibé, les émotions nous reviennent en pleine face, les ennuis, les peines, etc...
On ne réagit plus comme sous l'effet de la boisson, on réfléchit, on observe, on analyse
Et la question se pose :
Est-ce moi qui aie changé? Est que les autres sont toujours comme ça?
En fait, notre vision des choses a changé, on ne voit plus du tout comme avant
S'en suit une longue période de réflexion
Suis-je heureux en couple? dans ma famille?
Suis-je heureux dans mon travail?
Suis-je heureux avec mes amis?
Suis-je heureux de ma condition?
Serais-je content de participer à des soirées maintenant que je ne bois plus?
Ne deviendrais je pas le boulet des copains qui aiment prendre l'apéritif avec plaisir?
Etc...
Il faut se reconstruire, repenser son mode de vie
Il faut repenser les moments que l'on passait à boire si ceux-ci étaient réguliers (Le soir et les week-ends pour moi)
Dois-je passer par un suivi psychologique ou pourrais-je y arriver seul?
Aujourd'hui je me pose beaucoup moins de questions, j'avance, je fonce, je veux rattraper le temps perdu
J'aimerais vous dire que le traitement avec le baclofene est facile, qu'il suffit de le prendre pour que la molécule fasse effet
Je ne pense pas que ce soit le cas, nous sommes tous différents, nous ne réagissons pas tous de la même manière
Simplement, que vous veniez de débuter, que vous soyez au milieu de l'aventure, je n'aurais qu'un conseil : Battez-vous, le jeu en vaut vraiment la chandelle
Et maintenant me direz-vous, que vas-tu faire, tu as atteint le but recherché : l'indifférence
Tu sors, tu invites des gens chez toi, tu prends un verre avec les alcoolos d'autrefois et ils te font marrer
Alors la grande question se pose : Vas-tu diminuer la dose !!
Je me suis souvent posé la question, j'ai souvent pesé le pour et le contre, je me suis dit et si tu replonges (Ce doit être de la trouille je l'avoue)
Alors j'ai la chance d'avoir eu la réponse de l'inventeur du traitement le Pr AMEISEN
Il m'a dit :
"Vous êtes à une dose très basse, vous n'avez pas d'ES invalidants, pourquoi voulez-vous redescendre??"
Donc, après réflexion, je vais l'écouter, après tout c'est lui qui connait le mieux le traitement, Baxter désolé je ne remplirais pas ton questionnaire
A la question, faut-il arrêter de boire lorsqu'on commence le baclofene?
Vaste débat d'idées qui a entrainé pas mal de prises de tête ici, de ma part je le conçois
Lorsque j'ai commencé je n'ai pas stoppé ma consommation, j'ai essayé de la ralentir
Puis mon coach m'a appelé et m'a dit : "Si tu peux te passer de boisson, fais-le, la molécule agira beaucoup plus vite"
Je l'ai écouté et je crois qu'il avait raison, mais pour certains je conçois que ce ne doit pas être facile
Donc si voulez un conseil, ben faites comme vous le sentez
Avec le recul j'ai pu faire le point sur de nombreuses choses depuis 6 mois
Au point de vue santé, je n'ai plus ma carte de fidélité chez mon médecin traitant
A l'époque, c'était fréquemment des visites pour des gastro entérites, des malaises vagaux
Je ne fréquente plus le pavillon d'urgence près de chez moi
Je profite de mes proches, je les gâte, je participe à la vie de famille
J'économise de l'argent que j'investis dans des choses plus intéressantes
Il y a longtemps que je suis sorti du déni, même à l'époque où je buvais, je le reconnaissais et en parlais librement
Mais je n'arrivais pas à arrêter, mais ça c'était avant (en référence à la pub bien entendu)
J'ai été énormément soutenu par mes proches ce qui n'est pas négligeable
Ils ont été de tous mes combats, TS, cure, etc...
Si vous êtes seul(e)s face à la maladie (aujourd'hui l'alcool est enfin reconnu comme telle), n'hésitez pas à vous confier sur le forum
J'aurais encore plein de choses à raconter mais ce sera pour une autre fois
Les mots me sont venus et je les ai écrits sans me relire
Merci de m'avoir lu
Daniel
La force qui est en chacun de nous est notre plus grand médecin