Salut poulette,
Ce n'est pas la première fois que tu poses la question sur le fait de "dépasser sa dose seuil".
C'est quelque chose qui ne te concerne plus depuis longtemps.
On pourrait dire effectivement que ça n'existe pas, parce que c'est rarissime et ça ne sert à rien d'y penser.
L'idée, c'est qu'il ne sert à rien de monter à 300 si l'indifférence est atteinte à 250. Qu'il faut savoir la remarquer comme elle est là et que parfois, on est dans le déni de l'indifférence. C'est arrivé, en tout cas.
Mais on ne loupe pas un créneau.
Si tu es indifférente à 250, tu le seras aussi à 300.
Alors arrête de te prendre la tête avec ça.
On le sait, qu'en cas de rechute il faut monter plus haut, avec forte probabilité, pour atteindre l'indifférence à nouveau. La rechute a souvent la même raison : une descente trop rapide.
Si tu as suivi son fil, et sa discrétion ses derniers temps, tu auras remarqué que Bidibule avait atteint l'indifférence à 320, et qu'elle est en train de la regagner, en montant à 370 ces jours ci. Chez elle aussi le craving a disparu depuis un moment déjà .
Et elle aussi souhaite comme toi aller plus loin et se libérer definitevement.
Jusqu'où tu vas devoir monter ?
Pas beaucoup plus haut, je pense, mais je n'en sais absolument rien, au fond, et bien malin celui qui pourrait te le dire avec certitude.
Ce qu'il faut que tu gardes à l'esprit c'est que la liberté n'a pas de prix, comme la vie.
Si je devais rechuter et que je devais remonter à 400, sous assistance respiratoire, loin de ma famille, isolé de tout pendant un mois ou deux, je n'hésiterais pas une seule seconde.
Maintenant que j'ai gouté à la liberté, celui qui voudra m'en priver devra me couper les membres et m'édenter pour pouvoir m'enchainer.
Peu importe ce que peuvent bien penser ceux qui nous entourent de notre démarche pour nous soigner, finalement.
Ce qui est important c'est notre détermination à lutter pour notre liberté, pour notre vie.
Tu te demandes ce qu'il faut changer pour ne pas avoir envie de prendre l'apéro à 19h.
Tu prends 70mgs à 17h, bien placés, et solide dose quand même. Si tu les encaisses bien, tu peux en placer encore un peu plus à cet endroit. Essaye déjà 10 de plus et tu vois, comme d'hab.
Mais bon.
Parfois je me fais un peu de soucis parce que j'ai peur que ton obsession de l'alcool, comme nous l'avons ou l'avons tous eue - notre alcoolisme ou les conséquences de notre dépendance - ne se transforme chez toi en obsession inversée.
Ce que je veux dire c'est que tu me donnes l'impression parfois de ne vouloir plus jamais y penser. Je te préviens, si c'est le cas, ça va être difficile.
Tout est fait et étudié pour donner envie de boire aux gens en permanence, et c'est une coutume répandue sur toute la planète.
Si je te dis ça, c'est par le ressenti que j'ai de ce que tu dis régulièrement, et aujourd'hui, cette phrase " Si je pense à boire le matin, ça me dégoute".
J'espère que tu n'y penses pas tous les matins, ou presque pas, sinon ça veut dire, soit que tu t'observes trop et que tu cherches l'éradication totale de la pensée alcool en ne pensant qu'à ça, mauvaise stratégie. Soit tout simplement que tu ne te fais pas confiance parce que tu dois monter et que tu as peur que ça ne marche pas pour toi.
Ça marchera pour toi parce que ça a déjà marché.
Non, ça ne marche pas avec tout le monde, mais avec toi ça marche bien. Tu as de hautes exigences, le besoin de te libérer de la simple envie aussi, mais pour aller chercher ça il va falloir lutter encore un peu, c'est comme ça.
Les clés, tu les as, mais peut être devrais tu t'interroger aussi sur la façon de rompre avec certaines habitudes de façon un peu plus radicale. Peut être pourrais tu écarter un tout petit peu ta famille du problème un moment ?
Si je dis une bêtise, tu me le dis et j'enfonce ma bêtise au fond d'un trou comme un grand.
C'est etrange, avec ton pseudo d'avril, les gens qui te lisent ne doivent pas toujours tout comprendre de ton parcours.
Tu as été la première à m'envoyer un mp, il s'intitulait "ne craque pas".
Ne te soucie plus des autres et des encouragements que tu pourrais leur donner, de leurs espoirs, de ce qu'ils peuvent bien penser de tes galères.
Pour le moment, tu es la personne la plus importante de ta vie.
Alors tu vas au charbon, tu te zénifies autant que faire se peut, tu montes, et tu vas nous chercher cette indifférence une seconde fois coûte que coûte.
Je t'embrasse
" Nous n’avons qu’une liberté : la liberté de nous battre pour conquérir la liberté... " Henri Jeanson