Revenons un peu sur ma libération, mais il faut d'abord poser le décor...
Deux semaines avant le jour J, j'étais à 400mg. Sans grande amélioration question conso/craving, il me faut bien l'avouer. Le seul effet (très vaguement positif) :
l'impossibilité à atteindre l'ivresse. Me suis surpris à vomir mes 20 rhums, sans ressentir le moindre effet de l'alcool.
Plus d'effet Fukushima depuis longtemps, me restait le rituel, l'habitude. L'envie ? Toujours sur le mode XXL : "Chouette j'ai pas trop d'es durant une heure, vite un verre ou deux !". Donc mathématiquement, ma conso était en baisse, davantage de orange que de rouge dans mon fichier Excel. Ça rassurait assez logiquement mes toubibs. (Petit aparté : je suis allé consulter le baclo-ponte de ma ville. Verdict, continuer la montée. Il avait des patients plus haut que moi, mais pas -encore- de réussite à très fortes doses. Il a mailé le Dr Beaurepaire devant mon nez ébahi...).
Deux semaines éprouvantes, à bien des égards :
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Grosse remise en question d'un amas phénoménal de trucs divers : mon "attitude", tant sur le forum que dans la vraie vie. Pourquoi fanfaronner, aider compulsivement les autres ? Je doute subitement de tout. Mon couple, mes amis, et surtout moi-même. Quelques baffes mentales, une crise de larmes avec retour (fugace) des pensées les plus noires (5 mois que le moral tenait bon, et sachez que pleurer sous 400mg revient à suicider son système respiratoire).
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Prise de distance avec le forum (et le tchat). La grande tendance à trouver que passé 300mg et sans aucune amélioration, "ya un problème". Fixation sur les chiffres, on me révise ma posologie trois fois (sans rien y changer). On me dit de redescendre, de cibler, d'aller chez le psy. J'envisage d'effacer mon fil, de m'inscrire sur Atoute !
- Et donc :
je finis par douter de l'efficacité du baclo. Les 20% d'échecs. Impossible de monter (trop d'es), pas moyen de redescendre (abandon). Stagnation inutile. Que faire...
Moment furtif de magie, je passe en coup de vent sur le tchat et arrive alors "Nazdak". Merci mec, bien besoin d'un coup de pouce à ce moment précis.
Citation
<Linoleum> Tu as déjà commencé le traitement ?
<nazdak> oui lol je suis guéri depuis longtemps et je suis stable à 210
<Linoleum> Formidable ! Tu as été guéri à quelle dose ?
<nazdak> vers les 420 ou 440 je sais plus
<Linoleum> Han ! Je suis à 400mg, tu m'intéresses...
(...)
Que faire ? Simple :
je veux connaitre la fin de l'histoire, et vite. Même si l'histoire finit mal, et quitte à sauter quelques chapitres. Plus le temps pour la littérature. Je passe donc à 420mg, avec un planning de montée assez sauvage (en fait non, celui de Ameisen, hihi). Évidemment, je n'en dis rien ici. L'idée de se faire hospitaliser durant la dernière ligne droite fait son chemin. Consultations avec mes nouveaux baclo-toubibs. Trois jours plus tard, 440mg, je ne m'estime pas encore assez épave. Techniquement parlant, mon quotidien ressemble pourtant à celui d'un cloporte en phase terminale.
C'est à ce stade que ça devient intéressant...
Dimanche 16 décembre, soirée love chez ma douce. 5ème phase d'abstinence volontaire, régime sec à 100% (pas même une bière). ES épouvantables en fin de soirée, j'avais pourtant bien pris mon baclo, et mangé 300g de pâtes. Les 500m qui me séparent de mon comatodrome me terrifient. J'en parcours 50 maxi, énorme gerbe à même le trotoir. Rebelote au caniveau suivant. Sur la fin du trajet, je continue de vomir sans même m'arrêter. 3 ou 4 fois, je ne sais plus trop. Le "reflux" est impressionnant, un litre de flotte à chaque fois, et des pâtes en pagaille, donc. Pire que tout, ça ne me soulage en rien (pas comme avec l'alcool par exemple). Je me couche sans avoir sorti le chien, la méchante nausée revenant à chaque assoupissement. Bassine à poste, je n'ai qu'à me pencher pour vomir. Le haut du torse salement contracté (paradoxal, c'est la définition même de la spasticité musculaire). Nuit épouvantable, malgré deux Zopiclone (mon somnifère). Le portable sous l'oreiller, en cas d'urgence. Peur de crever seul, comme un con qui a trop voulu monter...
Le lendemain, ça se calme un peu, je fais les comptes. Terrorisé par cette expérience, retour à 350mg direct, inutile de préciser. Ma première descente en dosage ! Ai-je avalé une prise de trop ? Rétro-ingénierie des plaquettes vides, négatif. Ai-je vomi une overdose de baclo ? Niet, il y avait deux bonnes heures entre mes derniers 60mg et les vomitos. L'absence complète d'alcool ? Pas mieux, je me fais souvent des pauses de un ou deux jours dans la conso. Les pâtes étaient hors de cause, et je n'ai pas la gastro. Alors quoi ?
C'est au cours de la semaine suivante que j'ai commencé à percuter. C'était de toute façon la cinquième phase d'abstinence volontaire, et la première en mode "pas une goutte". Sauf que plus besoin de volonté.
Citation
- J'ai oublié que j'étais accro. Ça semble irréel avec le recul (de quelques jours, pourtant).
- Zéro pensées d'alcool, au pire quelques réminiscences des vieux rituels (quand le pétard est roulé). J'en rigole, puisque ça dure dans les 3 secondes maxi.
- Plus rien à battre des horaires du Simply !
Je suis depuis remonté depuis à ma dose-seuil, bien sûr.
Ça fait trois semaines que ça dure, et ça fait du bien.
Bon, les effets secondaires ont doublé depuis ma libération, et j'ai passé une semaine au lit avec une crise de névralgie qui a muté en une pathologie inédite. Mais ne cassons pas l'ambiance !
(Je peux passer une heure par jour maxi devant mon fidèle PC. Aujourd'hui, c'est pour vous !)
Il y a des guérisons progressive, d'autres brutales. L'important c'est d'en sortir, non ?
Bisous (et surtout libération) pour tous !