Ma Maman fête ses 50 ans ce soir. Ma mère ne boit plus (ou presque tout du moins). Elle n’a plus le besoin de boire. Ma mère prend soin d’elle. Que de changement ! Que de bonnes nouvelles !
Au plus loin de mes souvenirs, je ne crois pas l’avoir déjà connue ainsi(de façon continue, je veux dire). Mais alors est-ce que je la connais vraiment ? Est-ce vraiment ma maman ? Il y a bien quelques fois où j’ai discuté avec elle et passé d’excellents moments quand elle était sobre.Ils sont si rares. Ce sont ceux que je chéris. Dans ces instants-là, c’est la plus merveilleuse des mamans. Je sais bien que je suis co-dépendante de son alcoolisme, qu’il faut que je m’habitue à ce nouveau elle. Je ne la connais qu’à moitié, une face sombre de sa personnalité, une minuscule part de sa vraie nature humaine. Je sais pertinemment que le bacoflène l’a fait arrêter de boire mais que sa souffrance est toujours là. Je sais qu’elle se bat de toutes ses forces contre elle-même et ses démons du passé, contre sa culpabilité (elle en a une quantité industrielle, si jamais vous en manquiez…).
Ma mère est la seule famille qui me reste. La personne, du haut de mes 23ans, la plus importante dans ma vie. Celle que j’aime le plus au monde.
Ma mère ne boit plus… Difficile de se faire à l’idée. Il faut le voir pour le croire et pourtant… Je ne la vois pas souvent, mais ces derniers temps, j’ai remarqué une énergie, longtemps disparue, renaître en elle. Maman était éteinte par ses douleurs, par ses deuils, par toutes ces choses qui fait qu’elle est une âme torturée tout comme vous tous, tout comme moi (je repasserai par le forum, pour demander conseil un de ces 4), un vécu qui la ronge, des secrets qui la grignote peu à peu jusqu’à vouloir disparaître, passer inaperçu, se détruire.
Elle a déjà fait des « cures ». Du peu que je me souvienne, il y a eu les AA et leurs prières qui ne lui plaisait pas des masses ; la psychothérapie qu’elle a lâché par peur d’affronter certaines choses, de les faire ressortir et puis l’Antabuse… Ce médicament est un poison (vous me direz,c’est un euphémisme)… Il était donc plus simple, moins violent pour elle d’arrêter le médicament, au lieu de continuer à lutter, mais pourquoi lutter et être malade au moindre moment où tu flanches ? Pourquoi vouloir s’infliger une telle souffrance pour arrêter de boire ? C’est grâce au Bacoflène,grâce au soutien de ce forum (de vous, ses amis, Gibolin, Dolli,..), grâce à son envie de refaire surface que je rencontre ma mère pour la première fois de toute ma vie.
Pour la première fois, je m’en vais découvrir ma maman, celle qui ne boit plus. Car oui, je ne vous l’ai pas encore dit, mais pour moi depuis petite,j’ai deux mamans : celle alcoolisée qui m’agace, que j’aime malgré tout mais qui me scie l’âme en deux à chaque fois que je la vois dans cet état ; et la femme qui apparaît de temps en temps, avec qui je suis complice et à qui je peux me confier, rire, discuter, sortir sans avoir honte,présenter à mes amis ou petits-amis, avec qui j’aimerai découvrir le monde.
Fini le temps où je rentrais de l’école avec la boule au ventre, où en venant pour les vacances, je ne savais pas sur quel pied danser. « Comment allai-je la retrouver ? Comment devais-je réagir ? Allais-je tenir longtemps à la supporter dans cet état ? Va-t-elle encore me blesser ou s’énerver ou pleurer dans les bras ? » Fini de retenir mon souffle à chaque fois que je l’ai au téléphone de peur qu’elle ait trop bu. Fini les préparations psychologiques afin de ne pas m’emporter. Fini les disputes les veilles de départ parce qu’elle boit, malheureuse de me voir partir. Fini les soirées alcoolisées tellement elle angoisse de mon jugement sur son comportement quand je viens en Suisse. Fini les angoisses nocturnes parce que j’ai peur pour elle, j’ai peur qu’elle ait un accident… Fini les angoisses à cause de l’Antabuse et de son cocktails de la « mort qui tue » (si si je vous assure^^). Fini les promesses trop longtemps repoussées. Fini les recherches de bouteilles vides dans les linges sales, les verres planqués dans les armoires, Fini une partie de MA torture mentale (même si ça ne m’empêche pas de m’inquiéter pour elle, mais le cœur un peu plus léger de savoir que quelqu’un ne m’appellera pas, un jour, parce qu’on l’a retrouvée ivre morte.)
Bienvenue aux nouveaux départs, aux voyages que l’on a plus faits depuis si longtemps. Bienvenue aux réaménagements de la maison, aux projets à plus ou moins long terme, aux envies de réaliser des choses, de s’aimer un peu plus.
Je vois ma mère éclore, se transformer et sur le chemin de l’épanouissement, tout du moins un début. Elle est forte, a affronté toutes les galères, beaucoup de douleurs qu’elle ne méritait pas (la plupart me sont inconnues). Certaines infligées par mes mots blessants et durs, d’autres par des évènements inattendus ou incontournables, comme la mort de mon papa. Déjà avant, elle sombrait, mais à partir de ce jour, je l’ai vue s’écrouler peu à peu, jour après jour par le chagrin. Quelque chose en elle est morte avec mon père.
UN an plus tard, je suis partie dans le sud. J’ai fui mon passé, j’ai fui ma maman, je me suis fui moi-même mais je me suis aussi retrouvée. Et je l’ai laissée seule avec sa douleur. J’avais l’impression (et il m’arrive encore del e penser) que je l’ai abandonnée. Je sais qu’elle aime la solitude, mais je pense que ça a fait beaucoup d’évènements en peu de temps. Et puis je me dis,qui aime être seul ? Je sais bien qu’on peut être seul même entouré d’une foule, mais « seule seule » ce n’est pas pareil du tout. J’avoue qu’un temps j’ai culpabilisé, énormément d’avoir pris mes jambes à mon cou, de l’avoir laissée tomber, surtout le jour où elle L’a rencontré. IL l'a tirée vers la bas, la mise au fond du trou. Mais ne se punissait-elle pas? De quoi? Pourquoi s'infliger ça à soit même?
Peu à peu, j’ai compris. Je devais me construire, devenir une adulte et me réparer moi-même (ce n’est pas encore fait, mais j’y travaille), m’épanouir et me laisser vivre une belle vie, de me donner une chance de ne pas sombrer totalement, que peut-être il n’y avait que ça à faire pour l’aider et la soutenir (à part l’écouter bien sûr). Et aussi pour lui donner le courage de se lancer (c’est peut-être un peu prétentieux de ma part, j’avoue.)
Elle n’a aucune confiance en elle (sauf dans son travail
), elle est trop modeste et ne supporte pas les compliments. Pourtant, si elle savait quelle mère formidable elle est. Elle m’a toujours soutenue, se tue à la tâche pour moi, mes études, mon bien-être. Si elle savait l’intelligence du cœur et la culture, le savoir qu’elle possède. J’aimerais un jour pouvoir être aussi ouverte d’esprit et aussi cultivée. Je l’admire d’avoir le courage de vouloir s’en sortir, d’avoir fait cette démarche et de s’en sortir.
J’espère que je ne la juge pas, même si j’ai été dure, si j’ai été méchante et ingrate assez souvent. Ma maman quelle qu’elle soit je l’aime. Je l’aime même quand elle boit ; même si elle fume ; même si , quelques fois, elle me gonfle, tellement elle est sur mon dos ; même si, souvent, on dirait une ado qui n’en fait qu’à sa tête, têtue comme une mule qui veut expérimenter ses limites.
Je remercie ainsi ce forum de la soutenir, de la comprendre et de pouvoir l’aider. Je la soutiens quoi qu’il arrive, mais il me manque la plupart des clés pour mieux la comprendre. Vous qui avez du vécu, qui partagez certaines de ses expériences et qui êtes, comme elle, des gens blessés par la vie, des écorchés vifs. Je vous souhaite à tous de vous sortir de ce cauchemar pour arriver à la vie que vous méritez: une belle vie avec beaucoup moins de souffrances. Que vous gagniez cette bataille qui annoncera la fin d’une guerre intérieure.
J’aurai tout de même une dernière remarque à faire. Ma mère a un comportement addictif, et elle devient addictive à ce forum !lol ! La preuve en est qu’à Noël, les seuls moments où j’aurais pu profiter d’elle et de son beau sourire hongrois, elle a préféré rester tchater des heures avec vous.Pourquoi ? De quoi a-t-elle peur ? Ne suis-je plus assez là pour elle ?Même si c’est un repli sur soi-même pour mieux se guérir, pour panser ses blessures et que vous êtes là, je pensais que ma nouvelle maman voudrait profiter des peu de moments qu’on passe ensemble.
Ceci mis à part, maman, je n’ai pas les mots qu’il faut parfois et surtout pour exprimer l’amour que je te porte. Je sais que nous sommes très complices,fusionnelles, parfois c’est même pas « très normal » (qu’est-ce que normal après tout ?), que nos discussions, si on nous entendait,dérangent. Notre relation mère-fille n’a pas toujours été belle, correct, mais…
Maman, je suis tellement fière de toi et je t’aime
Bon anniversaire !
Ta fille,
PointMo
Message édité 2 fois, dernière édition par PointMo, 20 Janvier 2013, 15:55
Au plus loin de mes souvenirs, je ne crois pas l’avoir déjà connue ainsi(de façon continue, je veux dire). Mais alors est-ce que je la connais vraiment ? Est-ce vraiment ma maman ? Il y a bien quelques fois où j’ai discuté avec elle et passé d’excellents moments quand elle était sobre.Ils sont si rares. Ce sont ceux que je chéris. Dans ces instants-là, c’est la plus merveilleuse des mamans. Je sais bien que je suis co-dépendante de son alcoolisme, qu’il faut que je m’habitue à ce nouveau elle. Je ne la connais qu’à moitié, une face sombre de sa personnalité, une minuscule part de sa vraie nature humaine. Je sais pertinemment que le bacoflène l’a fait arrêter de boire mais que sa souffrance est toujours là. Je sais qu’elle se bat de toutes ses forces contre elle-même et ses démons du passé, contre sa culpabilité (elle en a une quantité industrielle, si jamais vous en manquiez…).
Ma mère est la seule famille qui me reste. La personne, du haut de mes 23ans, la plus importante dans ma vie. Celle que j’aime le plus au monde.
Ma mère ne boit plus… Difficile de se faire à l’idée. Il faut le voir pour le croire et pourtant… Je ne la vois pas souvent, mais ces derniers temps, j’ai remarqué une énergie, longtemps disparue, renaître en elle. Maman était éteinte par ses douleurs, par ses deuils, par toutes ces choses qui fait qu’elle est une âme torturée tout comme vous tous, tout comme moi (je repasserai par le forum, pour demander conseil un de ces 4), un vécu qui la ronge, des secrets qui la grignote peu à peu jusqu’à vouloir disparaître, passer inaperçu, se détruire.
Elle a déjà fait des « cures ». Du peu que je me souvienne, il y a eu les AA et leurs prières qui ne lui plaisait pas des masses ; la psychothérapie qu’elle a lâché par peur d’affronter certaines choses, de les faire ressortir et puis l’Antabuse… Ce médicament est un poison (vous me direz,c’est un euphémisme)… Il était donc plus simple, moins violent pour elle d’arrêter le médicament, au lieu de continuer à lutter, mais pourquoi lutter et être malade au moindre moment où tu flanches ? Pourquoi vouloir s’infliger une telle souffrance pour arrêter de boire ? C’est grâce au Bacoflène,grâce au soutien de ce forum (de vous, ses amis, Gibolin, Dolli,..), grâce à son envie de refaire surface que je rencontre ma mère pour la première fois de toute ma vie.
Pour la première fois, je m’en vais découvrir ma maman, celle qui ne boit plus. Car oui, je ne vous l’ai pas encore dit, mais pour moi depuis petite,j’ai deux mamans : celle alcoolisée qui m’agace, que j’aime malgré tout mais qui me scie l’âme en deux à chaque fois que je la vois dans cet état ; et la femme qui apparaît de temps en temps, avec qui je suis complice et à qui je peux me confier, rire, discuter, sortir sans avoir honte,présenter à mes amis ou petits-amis, avec qui j’aimerai découvrir le monde.
Fini le temps où je rentrais de l’école avec la boule au ventre, où en venant pour les vacances, je ne savais pas sur quel pied danser. « Comment allai-je la retrouver ? Comment devais-je réagir ? Allais-je tenir longtemps à la supporter dans cet état ? Va-t-elle encore me blesser ou s’énerver ou pleurer dans les bras ? » Fini de retenir mon souffle à chaque fois que je l’ai au téléphone de peur qu’elle ait trop bu. Fini les préparations psychologiques afin de ne pas m’emporter. Fini les disputes les veilles de départ parce qu’elle boit, malheureuse de me voir partir. Fini les soirées alcoolisées tellement elle angoisse de mon jugement sur son comportement quand je viens en Suisse. Fini les angoisses nocturnes parce que j’ai peur pour elle, j’ai peur qu’elle ait un accident… Fini les angoisses à cause de l’Antabuse et de son cocktails de la « mort qui tue » (si si je vous assure^^). Fini les promesses trop longtemps repoussées. Fini les recherches de bouteilles vides dans les linges sales, les verres planqués dans les armoires, Fini une partie de MA torture mentale (même si ça ne m’empêche pas de m’inquiéter pour elle, mais le cœur un peu plus léger de savoir que quelqu’un ne m’appellera pas, un jour, parce qu’on l’a retrouvée ivre morte.)
Bienvenue aux nouveaux départs, aux voyages que l’on a plus faits depuis si longtemps. Bienvenue aux réaménagements de la maison, aux projets à plus ou moins long terme, aux envies de réaliser des choses, de s’aimer un peu plus.
Je vois ma mère éclore, se transformer et sur le chemin de l’épanouissement, tout du moins un début. Elle est forte, a affronté toutes les galères, beaucoup de douleurs qu’elle ne méritait pas (la plupart me sont inconnues). Certaines infligées par mes mots blessants et durs, d’autres par des évènements inattendus ou incontournables, comme la mort de mon papa. Déjà avant, elle sombrait, mais à partir de ce jour, je l’ai vue s’écrouler peu à peu, jour après jour par le chagrin. Quelque chose en elle est morte avec mon père.
UN an plus tard, je suis partie dans le sud. J’ai fui mon passé, j’ai fui ma maman, je me suis fui moi-même mais je me suis aussi retrouvée. Et je l’ai laissée seule avec sa douleur. J’avais l’impression (et il m’arrive encore del e penser) que je l’ai abandonnée. Je sais qu’elle aime la solitude, mais je pense que ça a fait beaucoup d’évènements en peu de temps. Et puis je me dis,qui aime être seul ? Je sais bien qu’on peut être seul même entouré d’une foule, mais « seule seule » ce n’est pas pareil du tout. J’avoue qu’un temps j’ai culpabilisé, énormément d’avoir pris mes jambes à mon cou, de l’avoir laissée tomber, surtout le jour où elle L’a rencontré. IL l'a tirée vers la bas, la mise au fond du trou. Mais ne se punissait-elle pas? De quoi? Pourquoi s'infliger ça à soit même?
Peu à peu, j’ai compris. Je devais me construire, devenir une adulte et me réparer moi-même (ce n’est pas encore fait, mais j’y travaille), m’épanouir et me laisser vivre une belle vie, de me donner une chance de ne pas sombrer totalement, que peut-être il n’y avait que ça à faire pour l’aider et la soutenir (à part l’écouter bien sûr). Et aussi pour lui donner le courage de se lancer (c’est peut-être un peu prétentieux de ma part, j’avoue.)
Elle n’a aucune confiance en elle (sauf dans son travail

J’espère que je ne la juge pas, même si j’ai été dure, si j’ai été méchante et ingrate assez souvent. Ma maman quelle qu’elle soit je l’aime. Je l’aime même quand elle boit ; même si elle fume ; même si , quelques fois, elle me gonfle, tellement elle est sur mon dos ; même si, souvent, on dirait une ado qui n’en fait qu’à sa tête, têtue comme une mule qui veut expérimenter ses limites.
Je remercie ainsi ce forum de la soutenir, de la comprendre et de pouvoir l’aider. Je la soutiens quoi qu’il arrive, mais il me manque la plupart des clés pour mieux la comprendre. Vous qui avez du vécu, qui partagez certaines de ses expériences et qui êtes, comme elle, des gens blessés par la vie, des écorchés vifs. Je vous souhaite à tous de vous sortir de ce cauchemar pour arriver à la vie que vous méritez: une belle vie avec beaucoup moins de souffrances. Que vous gagniez cette bataille qui annoncera la fin d’une guerre intérieure.
J’aurai tout de même une dernière remarque à faire. Ma mère a un comportement addictif, et elle devient addictive à ce forum !lol ! La preuve en est qu’à Noël, les seuls moments où j’aurais pu profiter d’elle et de son beau sourire hongrois, elle a préféré rester tchater des heures avec vous.Pourquoi ? De quoi a-t-elle peur ? Ne suis-je plus assez là pour elle ?Même si c’est un repli sur soi-même pour mieux se guérir, pour panser ses blessures et que vous êtes là, je pensais que ma nouvelle maman voudrait profiter des peu de moments qu’on passe ensemble.
Ceci mis à part, maman, je n’ai pas les mots qu’il faut parfois et surtout pour exprimer l’amour que je te porte. Je sais que nous sommes très complices,fusionnelles, parfois c’est même pas « très normal » (qu’est-ce que normal après tout ?), que nos discussions, si on nous entendait,dérangent. Notre relation mère-fille n’a pas toujours été belle, correct, mais…
Maman, je suis tellement fière de toi et je t’aime
Bon anniversaire !
Ta fille,
PointMo