22 janvier 2012 : libération à 340 mg au bout de 14 jours de traitement. Après 30 ans de vie commune, divorce violent avec mes maitresses alcool, tabac, cocaine, haschich et sex compulsif. Séparation brutale avec crises bipolaires à sales amplitudes. ES douloureux. Psychique en vrac. Après ce long, long coma, j'ouvre les yeux sur un champs de ruines. 42 ans, que faire maintenant ?
Deux chutes furtives en mai et septembre dues à une baisse trop rapide : grosses frayeurs.
22 janvier 2013 : 150 mg en rythme de croisière, sans baisse prévue avant 3-4 mois. Le baclo est un compagnon de route bienveillant. Analyses de sang au top. La condamnation à 1 an de prison avec sursis pour détention de stups est levée. Mes capacités respiratoires augmentent. La taille du foie est quasiment revenu à la normale. Plus de crampes, douleurs, saignements de nez, tremblements. Les yeux reprennent leur couleur vive, comme les cheveux. Ma peau ne sent plus le vinaigre et les miliers de rejets de sébum ont disparus. Terminé ce p.... de craving de 17h00 qui m'empechait de vivre. La cocaine, le haschich et le sex compulsif sont totalement sortis de ma vie, sans regret, sans envie, sans pensée. Je ne supporte plus l'alcool et n'en ai aucune envie. Un peu avec regret car je regrette le plaisir d'un bon vin ou d'un single-malt hors d'age. J'ai confiance et pense pouvoir un jour profiter de nouveau de ces petits bonheurs. Le tabac m'accompagne sous haute surveillance à raison d'un cigare par semaine, du pur bonheur.
L'absence d'une petite mort quotidienne a pris tout son sens. Si défoncé je pensais être moi, libéré je sais qui je suis. Reprogrammation douce, évolutive et orientée vers l'avenir. La transformation est profonde, réfléchie, ancrée dans la vie réelle et touche tous les domaines. Il y a des pertes, lourdes. Certains chantiers sont encore au stade des fondations. Mais enfin l'esclavage et les chimères sont vaincus. Ma vigilence reste vive car la multi-dépendance représente tout de même plus de 70% de ma vie écoulée à ce jour... Bientôt 43 ans et je sais quoi faire, comment et avec qui !
Depuis fin novembre, je guide un ancien camarade de galère, Sergio, la cinquantaine ravagée, rabatteur un peu mac à ses heures sur Pigalle. Depuis presque 2 semaines, il est sorti d'affaire à 260 mg et garde ce seuil jusqu'au printemps. Il envisage déjà de retrouver son ancien métier, menuisier... C'est ce que je j'apelle passer le relai.
La libération par le baclofène est une formidable aventure. Il ne s'agit pas d'un scénario à l'eau de rose ni d'un protocole unique et chacun le vivra selon son caratère, son histoire, ses émotions. Si pour certains la libération est lente, calme et mesurée, pour d'autres comme moi, elle est tumultueuse, chaotique. Mais pour tous elle est sincère. Et il n'y a pas de dépendance tabou. Chacun a donc droit au respect. L'empathie et l'ouverture d'esprit sont la marque de fabrique de ce forum.
Bonne contiuation à tous,