Bonjour à tous,
Toute nouvelle sur votre forum, je viens un peu vider mon sac. Mon mari est malade de l'alcool depuis 15 ans, je ne bois pas une goutte d'alcool, mais je pense alcool chaque jour de ma vie. Je suis co-dépendante, obsédée par cette addiction contre laquelle je suis totalement désarmée. L'alcool est la pire des saletés que je connaisse, elle s'installe insidieusement dans la vie d'une famille, détruit tout au passage, les relations, la communication, la confiance, le respect, etc, etc... Au début, on pense à l'accident (il est un peu déprimé, c'est une mauvaise passe...) et puis les "cuites" sont de plus en plus fréquentes, on doute mais il lui reste un brin de conscience alors on vit une période faite d'abstinence, puis de rechutes, abstinence, rechute, etc.. On prend son courage à deux mains pensant pouvoir "aider" et on lui parle, on lui re-parle, mais il nie tout "l'alcool, je peux arrêter quand je veux !". On y croit encore un peu. Et les années passent et l'alcool est toujours là , de plus en plus présent, omniprésent. La question se pose à moi : comment, lui qui m'aime tant, lui avec qui j'ai construit une vie, fait des enfants, peut-il me faire autant de mal, tous les jours, comment peut-t-il me mentir tous les jours, plusieurs fois par jour, pour se retrouver derrière le comptoir du bar du coin, comment peut-il m'abandonner, détruire sa vie et la mienne avec sans réagir ??? Les paroles sont des coups d'épée dans l'eau, alors on se dit, toujours convaincue qu'on peut l'aider, qu'on va essayer autre chose : on fait chambre à part, rien n'y fait, le matin on lui décrit la soirée pourrie de la veille, rien n'y fait, on le filme en cachette quand il délire, rien n'y fait, il refuse d'ailleurs de se voir ... Alors on se perd, on perd sa dignité et vient la période noire que je vis en ce moment : il rentre tard, bourré, je ne le supporte plus, c'est un monstre, je l'insulte, je pleure, j'ai envie d'hurler : je prend conscience que je ne pourrai jamais l'aider, je n'ai pas les armes, lui seul les a et je ne peux pas le forcer à les utiliser, la vérité est en face de moi : l'alcool est plus fort que tout, que notre amour, que nos enfants ... Le baclofène j'en ai entendu parler il y a plus d'un an, je veux y croire. J'ai laissé des articles trainer sur son bureau, il les a lus ... Hier soir il m'a dit vouloir tenter le traitement "Qui aller voir ?" me dit-il. Je n'en sais rien mais je ne lui ai pas dit, je ne lui ai pas dit non plus que notre médecin ne le prescrit pas, je lui avais demandé en cachette il y a quelques mois, ravalant ma honte de vivre avec un alcoolique. La honte, voilà autre chose qui pourrie ma vie : comment faire comprendre aux gens qu'on reste avec quelqu'un qui rentre saoul tous les soirs, qui nous rend malheureu(se) tous les jours de notre vie. La honte quand il y a des repas de famille, quand on rencontre un voisin dans l'ascenseur et qu'il tient à peine debout, la honte au restau quand il parle fort parce qu'il a bu tout seul al bouteille de vin, la honte dans le quartier parce que tout le monde voit sa voiture des heures durant garée devant le bar du coin, la honte : je perds ma dignité mais au fond de moi, je n'arrive pas à baisser les bras.
L'alcool, j'y pense dès le matin, dès que je suis levée je pense à la soirée qui va arriver avec toujours l'espoir que "ça se passera pas trop mal", mais "ça" se passe toujours mal ! Et puis cette torture permanente : il rentre bourré et systématiquement il m'emmerde : musique à bloc (désormais je ne supporte plus la musique), je lui ai acheté un casque qu'il refuse souvent d'utiliser et puis le repas : il faut manger avec lui sinon il s'énerve, et puis il faut dormir avec lui, sinon il s'énerve, alors j'attends qu'il dorme pour m'isoler dans une autre pièce. La police a déjà été appelée par des voisins, mais rien n'y fait. Les soirées sont pour moi une torture permanente. Je rentre de bosser vers 17h00 et là commence "l'attente du monstre". Car pour moi il est devenu un véritable monstre...
Aujourd'hui je sais que je ne peux pas l'aider et j'en crève. Je termine une semaine de vacances qui, comme toutes mes vacances, a été très éprouvante : j'ai passé mon temps à attendre qu'il ai suffisamment échanché sa soif d'alcool pour rentrer, mais dans quel état !! Je ne peux m'empêcher de l'appeler sur son portable, juste pour entendre sa voix qui me donne une indication sur l'avancée de son état ... Je suis paumée en un mot, complètement paumée !
Alors hier, quand il m'a parlé baclofène, je ne lui ai pas montré (car des promesses il en a fait des tonnes qui n'ont jamais été suivies) mais j'ai ressenti une lueur d'espoir ...
Voilà mon témoignage, tout décousu, à l'image de mon état. Je suis co-dépendante et plus je suis atteinte, plus je me renferme sur moi-même.
J'espère avoir les coordonnées d'un prescripteur et puis "on verra bien" ! "Le dernier verre" je l'ai lu, comme "le dernier pour la route", j'ai dévoré ces bouquins, je suis dedans, il est dedans mais comment faire lire un bouquin à un homme qui, lorsqu'il n'est pas pris par son travail, est scotché au comptoir jusqu'à ne plus tenir debout ???
Je vous salue tous, alcooliques et co-dépendants comme moi
A vous lire et à partager avec vous j'espère !
Jackie
Édité par Célestin pour mise en page à cause des <br />
Message édité 2 fois, dernière édition par bidibule, 28 Mai 2013, 18:42
Toute nouvelle sur votre forum, je viens un peu vider mon sac. Mon mari est malade de l'alcool depuis 15 ans, je ne bois pas une goutte d'alcool, mais je pense alcool chaque jour de ma vie. Je suis co-dépendante, obsédée par cette addiction contre laquelle je suis totalement désarmée. L'alcool est la pire des saletés que je connaisse, elle s'installe insidieusement dans la vie d'une famille, détruit tout au passage, les relations, la communication, la confiance, le respect, etc, etc... Au début, on pense à l'accident (il est un peu déprimé, c'est une mauvaise passe...) et puis les "cuites" sont de plus en plus fréquentes, on doute mais il lui reste un brin de conscience alors on vit une période faite d'abstinence, puis de rechutes, abstinence, rechute, etc.. On prend son courage à deux mains pensant pouvoir "aider" et on lui parle, on lui re-parle, mais il nie tout "l'alcool, je peux arrêter quand je veux !". On y croit encore un peu. Et les années passent et l'alcool est toujours là , de plus en plus présent, omniprésent. La question se pose à moi : comment, lui qui m'aime tant, lui avec qui j'ai construit une vie, fait des enfants, peut-il me faire autant de mal, tous les jours, comment peut-t-il me mentir tous les jours, plusieurs fois par jour, pour se retrouver derrière le comptoir du bar du coin, comment peut-il m'abandonner, détruire sa vie et la mienne avec sans réagir ??? Les paroles sont des coups d'épée dans l'eau, alors on se dit, toujours convaincue qu'on peut l'aider, qu'on va essayer autre chose : on fait chambre à part, rien n'y fait, le matin on lui décrit la soirée pourrie de la veille, rien n'y fait, on le filme en cachette quand il délire, rien n'y fait, il refuse d'ailleurs de se voir ... Alors on se perd, on perd sa dignité et vient la période noire que je vis en ce moment : il rentre tard, bourré, je ne le supporte plus, c'est un monstre, je l'insulte, je pleure, j'ai envie d'hurler : je prend conscience que je ne pourrai jamais l'aider, je n'ai pas les armes, lui seul les a et je ne peux pas le forcer à les utiliser, la vérité est en face de moi : l'alcool est plus fort que tout, que notre amour, que nos enfants ... Le baclofène j'en ai entendu parler il y a plus d'un an, je veux y croire. J'ai laissé des articles trainer sur son bureau, il les a lus ... Hier soir il m'a dit vouloir tenter le traitement "Qui aller voir ?" me dit-il. Je n'en sais rien mais je ne lui ai pas dit, je ne lui ai pas dit non plus que notre médecin ne le prescrit pas, je lui avais demandé en cachette il y a quelques mois, ravalant ma honte de vivre avec un alcoolique. La honte, voilà autre chose qui pourrie ma vie : comment faire comprendre aux gens qu'on reste avec quelqu'un qui rentre saoul tous les soirs, qui nous rend malheureu(se) tous les jours de notre vie. La honte quand il y a des repas de famille, quand on rencontre un voisin dans l'ascenseur et qu'il tient à peine debout, la honte au restau quand il parle fort parce qu'il a bu tout seul al bouteille de vin, la honte dans le quartier parce que tout le monde voit sa voiture des heures durant garée devant le bar du coin, la honte : je perds ma dignité mais au fond de moi, je n'arrive pas à baisser les bras.
L'alcool, j'y pense dès le matin, dès que je suis levée je pense à la soirée qui va arriver avec toujours l'espoir que "ça se passera pas trop mal", mais "ça" se passe toujours mal ! Et puis cette torture permanente : il rentre bourré et systématiquement il m'emmerde : musique à bloc (désormais je ne supporte plus la musique), je lui ai acheté un casque qu'il refuse souvent d'utiliser et puis le repas : il faut manger avec lui sinon il s'énerve, et puis il faut dormir avec lui, sinon il s'énerve, alors j'attends qu'il dorme pour m'isoler dans une autre pièce. La police a déjà été appelée par des voisins, mais rien n'y fait. Les soirées sont pour moi une torture permanente. Je rentre de bosser vers 17h00 et là commence "l'attente du monstre". Car pour moi il est devenu un véritable monstre...
Aujourd'hui je sais que je ne peux pas l'aider et j'en crève. Je termine une semaine de vacances qui, comme toutes mes vacances, a été très éprouvante : j'ai passé mon temps à attendre qu'il ai suffisamment échanché sa soif d'alcool pour rentrer, mais dans quel état !! Je ne peux m'empêcher de l'appeler sur son portable, juste pour entendre sa voix qui me donne une indication sur l'avancée de son état ... Je suis paumée en un mot, complètement paumée !
Alors hier, quand il m'a parlé baclofène, je ne lui ai pas montré (car des promesses il en a fait des tonnes qui n'ont jamais été suivies) mais j'ai ressenti une lueur d'espoir ...
Voilà mon témoignage, tout décousu, à l'image de mon état. Je suis co-dépendante et plus je suis atteinte, plus je me renferme sur moi-même.
J'espère avoir les coordonnées d'un prescripteur et puis "on verra bien" ! "Le dernier verre" je l'ai lu, comme "le dernier pour la route", j'ai dévoré ces bouquins, je suis dedans, il est dedans mais comment faire lire un bouquin à un homme qui, lorsqu'il n'est pas pris par son travail, est scotché au comptoir jusqu'à ne plus tenir debout ???
Je vous salue tous, alcooliques et co-dépendants comme moi
A vous lire et à partager avec vous j'espère !
Jackie
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