A la clinique, je vous avais dit que j'y étais allée franc jeu avec not' pù^%$£in de maladie et la baclofène.
Voir plus haut sur cette page ou la précédente je pense, enfin quelque part ;-)
Sortie addition et diagnostic. Youpie je rentre chez moi.
A Maurice, il faut se faire rembourser de l'assurance, c'est pas comme en Europe.
On paie plein pot puis on récupère les sous

Si on a pas les moyens, il y a les hôpitaux gouvernementaux qui ne sont pas folichons du tout. Bref.
De retour à la maison, épluchage de l'addition ( salée de chez salée) et puis je regarde le diagnostic ( chose que je ne fais jamais) et je vois écrit noir sur blanc en english ; je traduis :
Cette patiente prend du baclofène à hautes dose pour son alcoolisme.
J'étais bouleversée de lire ces mots sur un papier officiel qui de plus allait partir à l'assureur ( pour la centième fois, je répète qu'à Maurice tout le monde se connait).
Je lis et relis. J'accuse toute la portée de cette officialisation de ma maladie.
A ce moment, la honte revient comme un raz de marée. Oui la honte.
Cette honte silencieuse et sournoise.
J'en parle à mon époux, il ne dit rien mais je sais que sa gêne est terrible.
Je lui dit que j'irai à la clinique demander de couper cette info de mon dossier et de réimprimer un nouveau papier.
Le soir arrive et je reprends avec un discours de moi à moi.
De ma conscience à mon humanité, de mon expérience à ma indifférence, de mon indifférence à mon si grand désir-devoir à vouloir aider les autres ici à Maurice, à faire savoir qu'il existe un soin.
Une nuit. Laisser un peu de temps, quelques heures. Demain je verrai plus clair.
Le lendemain je me suis levée avec l'esprit très clair, toujours avec un peu de honte mais sachant qu'il fallait en passer par là pour ouvrir le chemin.
On aide pas les autres, ceux qui ont cette maladie tant stigmatisée sans prendre des risques pour soi.
J'ai repensé au pote André qui, il y a quelques mois avait expliqué que jamais il ne mettra son visage sur le forum car il était tellement conscient de l'impact de sa maladie "honteuse" sur la confiance des gens. Il parlait dans ce cas de son banquier si ma mémoire est bonne.
Tout va bien mieux. Mon esprit et mon coeur sont en ordre. Avancer, avancer. Ne pas lâcher. Jamais.
Pour l'assurance, finalement j'ai donné un joli coup de ciseaux sur le papier officiel - simplement, c'est pas leurs oignons et c'est accepté.
Petite - grosse douleur ce soir...
La mémé a offert un voyage en Europe à mes petites et elles prennent l'avion ce soir.
Elles viennent de quitter le nid avec leur papa ( La Julie peut pas lâcher ses enfants à la douane de l'aéroport... Ben non, faut pas trop m'en demander..) Vous comprenez les mamans n'est ce pas?
5 semaines. Ca ira mieux demain aussi. Les nouveaux jours adoucissent souvent bien des choses.
Je vous embrasse tous tendrement