Bonjour
Je découperais le processus en quatre phases
L'arrivée jusqu'à l'indifférence
J'ai eu de la chance d'y parvenir en 14 jours avec seulement 100mg
C'est la période délicate où il faut trouver le bon compromis, le bon dosage, les bonnes heures
Dois je stopper net ma consommation, continuer comme si de rien n'était, pas mal de questions se posent mais les conseils des anciens du forum se révèlent essentiels et déterminants
La découverte de la liberté (6 mois)
C'est l'Everest vaincu, la découverte du Graal, le sentiment d'avoir réussi sa mission d'être enfin "comme tout le monde"
Terminé l'alcoolisme, l'euphorie s'installe, je veux tout avaler, je veux rattraper le retard pris par ces années d'anesthésie à cause de la picole
J'essaie à mon tour d'aider les nouveaux arrivants sur le forum
Physiquement je me sens bien, en pleine forme, je reprend le sport comme une jeune homme
A la maison tout doit avancer plus vite, je veux m'occuper de tout, reprendre le rôle qui aurait du être le mien avant
Une période géniale, je me sens comme un ado, il ne me manque plus que les boutons d'acné et le tour est joué, j'ai retrouvé mes 20 piges
La resocialisation (6 mois)
L'euphorie est passé il est temps de retrouver la vraie vie et ses emmerdes
Oui je suis indifférent à l'alcool, oui j'ai changé, mais que se passe t il, je ne reconnais plus mes proches, mes amis, où suis je à présent
C'est une étape différente qui commence, je me pose énormément de questions, pourquoi j'ai sombré dans l'alcool, était ce à cause de ma vie conjugale, de mon travail, de mon environnement
Le doute s'installe, merde moi qui pensait avoir gagné, qui pensait débuter une nouvelle vie pépère, me voilà à nouveau plein d'incertitudes
L'insomnie pointe le bout de son nez, je déprime, il ne faut pas me louper, surtout prendre les bonnes décisions
A maintes reprises, je penche pour une solution, puis une autre, je ne sais plus trop où j'en suis
Une phrase me revient à l'esprit, celle de Viva : "Le Pr AMEISEN a dit qu'après avoir atteint l'indifférence, on devient une personne que l'on a jamais été" et il avait sacrément raison
Je viens de me réveiller d'un long coma, je suis indifférent à tout, je n'ai plus aucun sentiment
L'analyse est longue périlleuse, il faut que je l'aborde avec calme et froideur, les décisions que je vais prendre seront irrémédiables
La reconstruction
J'ai fait le point je peux avancer tel que je l'ai décidé, à moi de dessiner le tracé de ma route
Les sensations sont revenues, je me retrouve enfin et j'ai décidé de vivre comme "les autres"
Plusieurs fois je songe à baisser ma posologie et je surf sur le forum à la recherche de témoignages
Merde, certains se sont cassés la gueule et on du remonter beaucoup plus haut pour retrouver leur dose de confort, alors j'ai la trouille, je renonce, après tout je ne suis pas à une dose élevée
Le temps passe, les beaux jours arrivent, les invitations se multiplient et les occasions de boire avec
Puis je me permettre quelques verres de temps en temps, pourquoi pas après tout, c'est le but
Oui mais voilà si tu enchaines les apéros, le petit neurone qui se faisait oublier, celui qui te poussait à boire (celui de la mémoire des récepteurs), il se rappelle à ton souvenir
Une petite lumière te dit que finalement il faut être vigilant, tu es malade de l'alcool mon pote, il y a des règles à respecter
Alors tu fais gaffe, tu choisis tes sorties, tu décides quand tu pourras siffler un canon et quand tu resteras à l'eau minérale
La molécule n'est pas facile à apprivoiser, en modifiant ses prises on arrive parfois à des résultats surprenants, c'est ce qui fait tout son charme finalement
Aujourd'hui je gère ma vie, je n'en suis plus dépendant
Des émotions j'en ai toujours mais elles ne m'obligent plus à me réfugier sur une bouteille lorsqu'elles sont contradictoires
C'est vraiment réconfortant, encore merci Pr AMEISEN
La force qui est en chacun de nous est notre plus grand médecin