Je vous raconte cette journée incroyable ?
Aprés une nuit de sommeil normale, c'est à dire même pas bourré, je me reveille vers neuf heures, l'esprit clair. Ca faisait longtemps. Pourtant j'avais un peu forcé sur le baclo, et de peur de pas dormir, un peu assaisonné de seresta. Tellement l'habitude de plus fermer l'oeil quand j'ai pas quinze grammes... Et moi qui ne prend jamais de médocs...
Je mets quelques minutes à découvrir que j'ai pas pensé directement au réveil à mon stock de liquide empoisonné pour passer la journée. D'ordinaire, j'ouvre les yeux, jaunes et pateux, et j'essaye de me souvenir de ce que j'ai descendu et si je peux boire encore et tout de suite, ou si je dois prendre ma caisse pour m'approvisionner avant... Classe.
Surpris donc, mais ça m'est déjà arrivé. Etonné quand même. Ça peut pas être le baclo, c'est pas possible. Rêve pas mec. Ca fait cinq jours... Et je me souviens de vous, de tout ce que j'ai lu ici. Je vais y arriver, un jour...
J'ai quinzes piges d'alcoolo derrière moi, je vais pas m'en tirer comme ça.
En temps normal, le matin, je me force à m'occuper le cerveau quelques heures au moins, pitié, avant le foutu premier verre.
Ce matin, j'avais surtout envie d'un café... Tiens... Bon ben tant mieux.
Donc café clope ! Et je viens faire un tour chez mes potes de galère (vous aut' quoi !) De toutes façons, internet c'est ma religion.
Forcement je pense au baclo.
Se pourrai-t-il que... ? Non, n'y pense même pas. Impossible.
Pourtant, alors que normalement je fuis cette idée le plus longtemps possible, je m'oblige à penser à ma vieille compagne Prostituscka 40°... Et là ! Rien à faire... J'ai juste envie d'un autre café !
C'est impossible. Je peux pas y croire. Je dois me monter le cerveau. Je sais que dans une ou deux heures, ça va craver grave.
Mais les minutes passent. Je les regarde passer et je pense que je pourrai me servir un verre. J'en ai pas envie. Mais je pourrai. Juste un, même pas pour voir, juste par habitude de verser des verres, quand c'est pas une goulée direct à la bouteille.
Mais bof. Pas envie... Il est trés bon, ce caf'. On verra plus tard pour le verre. Pas la peine de tenter le démon, n'importe comment, il est bientôt midi... Il devrait pas tarder à venir frapper... ce vieux connard.
L'heure tourne et rien. Rien ? Pas envie ? Je veux pas y croire. Je ne veux pas. Je sais que Ça va revenir, encore. Ça revient toujours de toutes façons...
Jette un oeil à la pendule. Tiens déjà ?
C'est incroyable. J'ai pas la soif infernale et j'ai même pas résisté ! C'est génial. C'est formidable. Faut que je fasse un mot aux baclopotes !
Et les heures passent ! Je mets de la musique, comme toujours. Y'a toujours de la musique à la maison. Je suis tout joyeux et perturbé. Je résiste à l'envie d'y croire trop. Et pourtant ! J'ai la péche du mec pas torché, comme d'habitude à la même heure, un sourire de six métres cinquante, la tête qui tourne because baclo. J'arrête pas de causer à ma chériloutte de ce qui m'arrive ! Je suis tout fou ! Je danse même, ce qui ne m'arrive jamais ! Surtout pas quand elle est là, j'ai trop honte de ce que je suis, de ce que je lui fait, pour en plus être tout content et moonwalker dans le couloir !
Là, c'est juste le bonheur ! J'en profite ! Ca devrait pas durer... Ca fait si longtemps que je m'étais pas senti si bien, si libre... Il faut prendre les bons moments quand ils se présentent.
Vers 16h, je tente le truc satanique. Tant pis, c'est l'heure de l'apéro... J'ai pas vraiment besoin pourtant, mais je veux savoir. Je sais que si j'attaque, je vais enchainer. Bon, rien à foutre. Aprés toutes ces années de pochtronnade, quelques glass de plus ou de moins... Et aprés cette merveilleuse journée, ça pourra pas faire de mal.
Je demande, à l'ange deguisé en femme qui vit avec ce qui reste de moi, de me servir UN verre. Vous devez savoir que d'un commun accord, ou presque, elle me planque ma drogue. Que jusque là, je resistais trés fort à l'envie de chercher, dans notre grande maison pleine de cachettes. Et parfois je cherchais quand même bien entendu.
Donc, UN verre. Elle était toute surprise ! Elle est merveilleuse ma chérie. D'ordinaire, quand je craquais du craving, et que je le lui disais, le plus tard possible, elle me dénichais au moins un demi litron de vodka mille fois maudite. Bref, trois minutes plus loin, elle revient avec Le verre. Je ne l'oublierai pas de sitôt, mon verre à Ricard, gradué à deux centilitres. Mon époque pastis. Que je butais même pur, direct au biberon. Bouark.
Là où ça devient dingue, c'est que quand j'ai senti l'odeur de la vodka, j'ai presque eu un mouvement de recul, et j'ai pensé à un truc répugnant, genre alcool à bruler... Ce petit verre, qui doit être usé des métres cube qu'il a vu passer, ce petit verre est resté posé sur mon bureau, entre moi et mes écrans d'ordi.
Au moins une demi-heure, avant que je puisse seulement réussir à tremper mes lèvres dans cette dégeulasserie tiède !
J'ai bu une toute petite gorgée, sans plaisir, et même avec une certaine et étrange répulsion. Il m'a bien fallu une petite heure pour en venir à bout. Deux centilitres !
Là ! Les amis !
Là malgré toute la résistance de mon esprit tordu, toute la méfiance, le refus de chuchoter victoire...
Les heures qui passent sans résistance aucune, et même, surtout aucune envie de remettre une tournée de cette horreur ! Aucune ! J'y croyais pas. C'était juste impossible ! Normalement je dois boire encore, je dois exiger un autre verre encore et encore...
Mais merde ! je peux pas me mentir tout seul ! J'AI PAS ENVIE !!! Faut que j'arrete de m'auto-resister maintenant !!!
19h,
Je me force à cuisiner un peu pour que ma chérie ai un ptit plat pour midi au boulot. Je vous ai dit que j'adorai cuisiner ? Bon ben comme ça c'est fait ! C'est une des rares choses dont j'arrivais encore à être un peu fier. Faire une (excellente ; ) cuisine pour mon ptit loup. En l'occurence, ce soir, couscous, pour demain ! J'ai la tête en vrac à cause de cette bénédiction des Dieux de baclofene. Je veux pas croire à ce que je suis pourtant en train de vivre.
D'habitude, quand je cuisine, je me sers un verre. Obligé. Rituel. Enfin, un... Un verre d'alcoolo quoi... chargé. Ou douze, ou trente. Va savoir.
Par une vieille habitude, je demande donc à ma loute de me sortir un chtit canon. C'était completement conditionné. J'en avais même pas envie, physiquement. Comme elle connait son taré de mec, elle m'avait déjà gentiment mis une demi bouteille au frais. Oui, je suis rationné ! Mais avec amour.
Entre deux pelage de légumes (bio de mes carrés de potager), je remercie dix fois l'ami Ameisen. Je maudis mille fois les salauds criminels qui n'ont qu'un tiroir caisse pour toute forme d'humanité. La prison c'est pas suffisant pour ces immondices. Je souhaite qu'ils soient rendus alcooliques et que l'alcool leur prennent autant qu'il nous a pris. Y'a pas de justice applicable aux excréments (fin de la minute de la haine).
Nous mangeons. Bio-haricots verts et beurres de notre jardin. Delicieux luxe autrement plus luxueux que les aveuglements funestes et destructeurs de ce monde fou.
C'est au milieu du diner que je me rend compte que j'ai juste *oublié* de me servir le verre que j'avais au frigo... !
J'attendais la suite implacable, la nuit c'est mon domaine depuis toujours, et mon heure de défonce préférée.
Mais... Rien. Toujours pas soif. Rien, et surtout pas envie de cette ignoble vodka de mauvaise facture. Même si j'avais eu un des merveilleux pinards de ma belle bourgogne, j'y aurai pas touché. Et il se passe encore une demi-heure.
Là, incrédule, époustouflé, médusé, j'accepte. A reculons. Je pense à mon papa adoré, à ma maman si fragile, à mon ptit frère. Au futur, au passé, tout se mélange. Je pense que ce putain de cauchemar est fini. Et je fond en larmes. Les larmes que je n'attendais plus. Les larmes de joie, de bonheur que je vous souhaite. Craquage total. Je pense à vous, à tous ceux qui souffrent.
Accrochez-vous. Accrochez-vous les amis.
Il est presque 5h du mat' et je m'en suis versé un ptit, parce que ma toubib m'a demandé de ne pas arrêter de boire. Paradoxal en apparence ! On s'est bien marré tous les deux !
Et j'arrive pas à boire !
J'avais surtout un peu peur d'un choc de sevrage en fait. Je suis passé de un litre quasi quotidien il y a quelques jours à un verre minuscule. Et je voudrai pas déconner maintenant. Et pour tout dire ces trois infimes gorgées font du bien à mon pauvre corps saturé d'alcool.
Et je danse sur ma chaise comme un belu tout seul, les bras en l'air ! Et sur de la musique à la con en plus ! (pour les amateurs :
http://www.youtube.com/watch?v=CSEZkwJtPSU ) Et c'est comme ça depuis dix heure du mat' !
C'est completement dingue ce baclo. Pour être tout à fait honnete, j'ai un peu bourré sur le dosage, j'espère que ça va pas me retomber sur la tronche.
En attendant, c'est le plus beau jour de ma vie ! J'ai beau chercher... Peut-être le jour où ma ptite femme chérie a dit oui ? Et encore, j'avais quinze ans, j'étais mort de peur. J'avais pas encore lu Dune.
Je vais enfin retrouver mon piano, mon premier amour ! Ma tablette graphique ! Mes crayons ! Que sais-je... Je vais juste revivre.
Je ne me lasserai jamais de vous remercier tous pour tout.
Merci.
Voila, j'ai fais court ; )
Tous mes voeux les plus profonds, de réussite, de courage et de bonheur à tous. Tenez bon.
A+++
Oliv





