Yo!
Tchoutchou, je t'ai manipulé avec intégrité pour que tu me poses la question car je sais que ma tirade ne me laissera pas un relent d'amertume fadasse.
C'est une des facettes de ma vie d'adolescent attardé, qui m'a conduit dans les tréfond de la défonce, mais que je ne veux surtout pas oublier...
Juste faire évoluer mais la fibre doit rester la même...
Merci Tchoutchou!
Mon avatard est loin d'être une femme voilée... Laisse moi te conter une bribe d'histoire:
En 1996, j'étais en 1ere S à Montpellier.
L'année précédente avait été marquée par un gros conflit social provoqué par un pack de réforme de notre cher Balladur, dont le "smic jeunes".
En 1996, Chichi, par l'intermédiaire de Juppé, nous avait encore pondu un pack de réforme immonde.
On a bloqué le lycée plus d'un mois... Les manifs de ces semaines sont les plus gros rassemblements de l'histoire de Montpellier (80 000 personnes).
On manifestait tous les Mardi et Jeudi.
Le 2eme Jeudi, il n'y avait que les lycéens (Largement manipulés mais on était content quand même d'être à l'initiative d'un espoir) et les étudiants.
L'athmosphère était bon enfant, empreinte de créativité avec en arrière pensée la ferveur de Mai 68.
Nous avons finis devant la préfecture ou les CRS se sont rapidement équipés et mis en formation...
Il n'y avait pourtant pas lieu de le faire...
Ils nous ont provoqué, insultés, traité de petits bourgeois jamais content, petites tafioles, tout en tapant sur leurs boucliers avec leurs matraques.
La première tomate a volée, le piège venait de se refermer...
Pourquoi provoquer l'émeute?
Pour diviser les manifestant, semer la discorde, s'en payer une bonne tranche avant l'apéro et en coffrer quelques uns, certes.
Mais surtout car ils avaient une nouvelle arme de répression à tester.
Les gaz paralysants, testés et utilisés une seule fois dans l'histoire du pays à Montpellier ce jour là. Je suis doué en recherche google normalement mais je n'en trouve aucune trace...
Après une bonne heure passée à déceler des pavés sous les lacrimos pour alimenter les lanceurs, j'ai senti une formation spéciale se mettre en place du coté opposé...
Ils ont balancé dans toutes les rues, plusieurs mètres derrière nous, des capsules comme celles de proto des machines à chantilly. Une vapeur violette semblait se rajouter à l'épaisse fumée blanche des lacrimos.
Puis ils ont chargé sans sommations...
Sur la charge un flic est tombé tout seul, la tête sur un trottoir et est mort sur le coup. Ca les a vraiment ennervé.
J'ai filé à toutes jambes bien sur.
Dans ma course, j'ai vu qu'il se passait quelque chose de spécial au niveau de cet écran de vapeur violette. Quand je l'ai traversé, lancé à pleine vitesse, j'ai senti des picotements dans tous mes membres et je suis tombé...
Plus de jambes, incapable même de ramper, on formait un tas de larves grouillant.
Les flics sont arrivés et nous ont massacrés... Au sol, sans aucune possibilité de se défendre...
On s'est fait trainer dans la boue de tous les cotés...
Pour l'état on était de grands criminels,
pour les syndicats on était des parasites marginaux et perturbateurs,
pour nos familles on était des moins que rien car on s'était mis en danger de façon stupide.
C'est de là que m'est venu un sentiment profond d'injustice...
C'est de là que s'est renforcé mon sentiment profond d'être un incompris...
Insupportable à vivre pour moi, et je ne voyais absolument pas par quel moyen je pouvais m'élever au dessus d'une machine aussi énorme que celle là.
Alors pour répondre à tout ça, pour les avoir à leur propre jeu, j'ai commis une injustice au delà de la leur.
J'ai saboté leur système en les privant d'une force future dont ils ne pourraient jamais bénéficier.
J'ai commencé à me détruire...
La révolte a toujours été présente ensuite, révolte destructrice exacerbée par la défonce, d'abord avec le SCALP (Section de Combat Anti Le Pen), Act'Up, puis le
Black Bloc et AntiFa.
Révolte juste mais employée avec des moyens violents dont les fins étaient stériles.
Un exutoire à ma haine du système et à ma faiblesse face à celui ci, qui contribuait à me haïr moi même...
Je ne regrette rien...
Je ne l'oublierais jamais, je n'oublierais jamais d'ou celà est venu et ce que celà a impliqué de négatif pour moi...
Je m'en servirais définitivement, mes moyens d'actions sont enfin, grâce à l'indifférence, devenus ceux d'un adulte mais je n'oublierais pas d'ou je viens!
Voilà pourquoi mon avatar j'y tiens!
Ahhhhhhhh suis content ce soir!!!!
A+
Loïs