Plébiscite pour les rencontres !
« S’apparaitre à l’occasion d’un autre » est le titre d’un ouvrage, dont le contenu un peu trop abrupt et intello n’a pas fait oublier la poésie du titre.
Et c’est bien de cela dont il s'agit, lors de ces rencontres, entre baclonautes.
J’y suis allée en confance et déterminée, j’avais repéré des noms qui me faisaient envie, et au fil des inscriptions et des désistements, il se trouve que ces personnes n’étaient pas là ! C’était sans doute la raison de l’installation d’une petite appréhension : je ne suis pourtant pas plus timide que ça, mais les grands groupes m’ont toujours impressionnée. Que vont-ils penser de moi, vais-savoir tenir la bonne distance, la juste place, ne vais-je pas en faire trop ou pas assez ? Je suis plus à l’aise en petit comité, c’est moins difficile pour moi de m’y faire accepter. Les grands groupes sont souvent dangereux, mouvement de foule, mouvement incontrôlés, excitation dans laquelle on rentre, pour faire comme tous et ne pas rester un ? ce n’est pas un fantasme, c’est une réalité, mais c’est comme si craindre le pire par un évitement permanent empêchait de vivre une bonne réalité.
Et puis, il y a ce nouveau moi qui pointe, pas encore très affirmé, moi avec ce poids qui est là pour témoigner de mes faiblesses passées. Faiblesse ? Addiction ! J’ai encore du mal à m’enfoncer ça dans ma petite tête de pioche ! Peur d’être jugée, peur le la moquerie, tout ça parle de moi, à une période de ma vie, celle qui a contribué à installer chez moi ce refuge toxique, inaproprié : toxico de la bouffe, alcoolique de la bouffe ! Et dans la bouffe, l’alcool prends aussi sa mauvaise place, pour désinhiber, ou pour noyer la culpabilité.
C’est bien fini tout ça, mais encore trop récent pour que du jour au lendemain s’installe la confiance.
Thérapie de groupe ! Vous m’imaginez pas l’effet réparateur de vivre un moment de convivialité devant une table remplie de choses délicieuses, préparée par tous, cette table de l’apéritif, toute colorée, généreuse, attirante. Ce trop ne m’a pas dérangé. Auparavant, il m’aurait excité de la mauvaise façon.
Il y a peu encore, j’aurais zieuté sur toute cette bouffe, avec un dialogue intérieur délétère « Encore un peu de gougère, et ces petits fours si appétissants, et une carotte trempée dans cette petite sauce si gouteuse ! » Ce dialogue interne m’aurait éloignée du vrai contact, celui des personnes présentes. Je n’aurai été là que pour la bouffe, rien que pour elle. J’aurai fait le service, rien que pour avoir un motif, un prétexte, pour prendre une bouchée, et encore une, pour faire semblant de faire comme les autres, pour maquiller et faire semblant d’être juste gourmande, normalement ! Je serais allée en cuisine, poser les plats vides (et les finir) en ramener d’autres, en commençant par y goûter.
Là , je suis restée debout, au milieu de tous, debout car je profitais de ma stabilité retrouvée, moi qui ais souffert d’un tangage incessant durant ma montée, des vertiges qui me faisaient passer pour ivre. Pas complètement détendue encore, mais en passe de l’être, réchauffée par les rayons du soleil, et des visages qui commençaient à être familiers, qui me reconnaissaient, en plus (C’est toi, Claire, Claude, ah, le petit Krévin !). Là , oui, j’étais engoncée dans ma timidité, tétanisée par la nouveauté, avec mon verre de jus de pomme et ma cigarette pas encore électronique, pour me donner une contenance, à observer et à goûter, à avoir envie d’oser, et ne pas encore le faire.
C’était le pré-contact.
Lors du repas partagé, il y a eu des moments d’échange, tous ensemble, des regards croisés. J’étais encore un peu coincée, comme dans un nuage ouaté, une sorte de distance invisible, dans cette impression nouvelle de coltard artificiel de l’effet du baclofène.
Moments de pleins contacts. Je me suis sentie, vraiment, en rééducation, en expérience d’un possible à renouveler encore. Avec plus de confiance.
Moment du café, et du partage des tartes de Franck, avec une petite Pépette de 20 mois courant partout avec son morceau de gâteau au chocolat ! Bien arrimé dans ses petites mains, la bouche barbouillée !
Le froid nous chasse, c’est le moment du départ. On serait bien resté plus longtemps, mais c’est assez pour l’instant.
On peut partir, puisqu’il y aura un après, et un encore.
Là , d’ailleurs, j’ai la tête qui tourne un peu. Et si j’avais trop mangé ? Et si je n’avais pas bien fait, et si j’avais loupé quelqu’un, qui pourrait se dire « elle est bégueule, celle là ! », et si, et si ?
Et si le gel des émotions ? Oui, je vis ça aussi, pour le moment une carapace, qui me permet, aussi, d’oser.
Et tant pis, c’est comme ça, on vient comme on est, on fait avec ce qu’on peut.
Ce matin, lundi, je me retrouve seule avec cet effet spécial du baclo, ce sentiment de brouillard, ce matelas émotif. Il ne m’empêche pas de fonctionner, il est là comme une sécurité, un frein à main bénéfique, qui me permet de repartir doucement dans la vraie vie.
Merci JM, de nous avoir accueillis chez toi. Dans un lieu public, ce n’aurait pas été la même chose. Tu ne nous a pas servi que le plat principal, tu nous a offert le décor, dans ce lieu en plein air, et dans ta yourte en rond. Un type plein d’intelligence, de sensibilité, d’ouverture aux autres. Un type bien, tout simplement.
Nanie, un grand plaisir de te voir, toi dont j’ai si souvent lu le fils, et que je vois intervenir à présent en soutien, indéfectible, surtout à des heures très matinales ! Féminité et douceur.
Perceval ! Le grand copain de Margot ! Un homme transformé, lunettes en vrac, plein de malice, de gentillesse et de créativité ! Ta photo du ciel de la yourte est le meilleur symbole de cette rencontre.
So ! Une boule d’énergie et de bonne humeur ! Voilà : recomposer dans des endroits festifs, pour moi, c’est exactement mon vécu de TCA dans une rencontre organisée comme tu l’as fait ! Pour moi, l’avoir fait une fois, ça veut dire beaucoup, ça veut dire que c’est possible, de contribuer, de venir, et de ne pas me transformer en un aspirateur des restes ! Avec un verre de rouge plein d’arômes à déguster ? Plaisir de tous les sens et dans tous les sens, mais plus n’importe comment !
Babouche ! Merci d’avoir fait l’effort de sortir de ta coquille de noix, et de faire la route rien que pour cette journée. Et oui, gel ou dégel ? On est dans la bonne période pour faire fondre la glace ! On a besoin de nos émotions, mais plus des montagnes russes.
Méloric, présence discrète avec ta petite Pépette, merci d’avoir fait le lien avec une belle personne de l’extérieur. Et bon courage sur le chemin, je sais que tu y es en plein.
Karine et Christophe ! La pétillance et le calme tranquille. Vous formez une joyeuse paire, de tolérance et de complicité. C’est tellement bien que l’alcool n’ait pas rendu ça soluble !
1…2…3… Soleil ! Première à rencontrer, tu m’as donnée beaucoup de d’encouragement pour suivre mon intuition, mon initiative de rencontre dans le réel. Rentrer tout le monde, ne pas rester coincée dans une pseudo spécificité. Tu es une femme de lien, un atout et une ressource formidable pour ton entourage.
Sylvie, ton engagement n’a pas de failles ! Tu aides sur tous les plans, technique, amical, convivial, tu es rassurante, aidante, sobre dans les mots dans les interventions. Tu es incroyable et indispensable, à l’origine de cette grande chaine de solidarité. On ne te remerciera jamais assez.
Luckymimi, c’était un plaisir de co-voiturer avec toi. Me suis tout de suite sentie à l’aise, et sous le charme de ton petit accent exotique, mélangé aux intonations provençales ! Ca donne envie de te revoir, et de te souhaiter le meilleur, sur le chemin de ta vie.
Scynane, tu n’as pas hésité à venir de loin me rappeler le goût des friandises de mon enfance ! Je garde de toi l’image de la cordée qui s’est construite autour de toi, à un moment, sur ton fil. A bientôt sur Paris, Bruxelles ou sur le fil, sans tangages ni trompettes. Juste toi, et le lien avec les minorités francophones, de la Belgique au Québec !
Voilà ! Il reste 13 fils à aller visiter régulièrement, 13 regards neufs, 13 personnes en relief après les avoir vues en vrai. Du virtuel au réel : osez !
Je reprends le cours normal de ma vie, avec une autre énergie.
Ni tout la fait la même ni tout à fait une autre. S’apparaître à l’occasion des autres, la magie du contact. Il change tout.
Y’a que ça de vrai, pour avancer.
Message édité 1 fois, dernière édition par Claude..., 03 Mars 2014, 10:50
Début TTT 6 nov 2013. Seuil atteint mi janvier 2014 à 120mg.
Janvier 2015 Ã janvier 2016 : 0 baclo
Reprise TTT suite à un retour d'habitudes : 90mg/jour