J'ai tellement peur, le savez vous?
S'exhiber ainsi m'est effrayant.
Oui il y a bien une maladie de l'émotion sous-jacente.
Je me sens terriblement nue, livrée en pâture.
C'est un chagrin d'enfant qui m'empoigne et me fracasse les cĂ´tes.
Accepter d'accepter qu'on est alcoolique est une forme d'accouchement.
En parler, se livrer, se soigner en est une autre.
J'ai choisi ce reportage et m'y suis donnée à fond mais là ...devant l’échéance, moi qui ne supporte pas un miroir, je me livre aux yeux de tout un chacun, je vais naître encore en me souvenant de la souffrance que c'est.
Je vais montrer ce que j'ai passé 20 ans a essayer de cacher, longue gestation...
Le temps de s'y préparer madame...oui, mais...là , ça fait mal, ouch!
J'accouche ou je nais? Un peu des deux comme Ă chaque fois...
Un vieux texte qui revient
Ma fille, ma mère
Sur les plaines utérines
oĂą je dors quand je dors,
une femme vient parfois les pieds nus.
Elle est ma fille, elle est ma mère,
fille de ma mère :
mon alter
ego,
l’étrangère.
Elle est belle comme ce qui n’est pas moi.
Humaine dévêtue des laideurs de l’humain,
elle n’a pas cette mollesse
dont se gorgent nos traits
Ă chaque manque de courage,
et qui,
si tĂ´t pour celui qui voit
par delà les lumières du quotidien,
exhibe tout ce que l’on ne sera pas.
Elle me montre des chemins que ses doigts s’abîment à tracer.
Ses doigts comme des arbres aux branches s’effilant,
des vaisseaux fichés dans le poumon de l’hiver,
dans l’attente
- circulation suspendue -
d’irriguer le printemps.
Saurais je être la sève ?
Irais je aux vérités premières,
en ce lieu palpitant
oĂą nous nous ressemblons ?
Mon cœur saura t’ il se perdre
dans celui de l’univers
et mes mots en ramener l’essence ?
Je voudrais ĂŞtre celle lĂ
qui viendra les pieds nus
lorsque tu dormira
en tes plaines utérines.
Je voudrais ĂŞtre celle lĂ ,
fille des milliards de viscères
ton alter
ego,
ton intime étrangère.
Sans queue ni tĂŞte, comme moi, juste de vous Ă moi, en passant.