Bon bon bon, ce soir je me pose plein de questions à la c.. du style:
- Y a t-il des personnes sur lesquelles le baclo n'agit pas? Je ne parle pas de celles qui arrêtent prématurément...
- Jusqu'à quel dosage peut on monter au maximum sans risque? Je ne parle pas de qqch de théorique, mais d'un dosage max qui permette de continuer à vivre normalement avec des activités quotidiennes.
- Est-il possible de rater son seuil, de le passer sans s'en apercevoir. Je dis cela car vers 140mg me semble t-il, j'avais eu droit à 2 soirs sans crises, sans lutte ou presque, avant que tout reparte comme avant. Je me dis que je n'ai peut être pas su conserver cet équilibre ou pas fait assez d'efforts pour continuer sur la lancée... Ce qui amène la question suivante:
- Quand le baclo fait effet, n'a t-on vraiment juste pas envie de criser ou faut-il y mettre un peu du sien et lutter quand même un peu pour éviter les crises?
- Si le baclo ne marche pas sur moi, est ce qu'il est vraiment possible de guérir pour de vrai avec une psychothérapie ou est ce que c'est du pipo comme je le pense actuellement?
- Quelles sont les meilleures psychothérapies pour les BV? Je n'y connais rien et suis incapable de vous dire de quel type était celle que j'ai suivie sans effet...
Je vais essayer de répondre du haut du vécu de mes 9 mois de traitement, et de toutes les docs, livres, vidéos, posts sur le forum, que je me suis enfourné.
Mais je ne me prends pour un toubib et je ne suis pas une scientifique : je suis lettres avant chiffres.
Je pends juste le risque de dire ce que je pense avec ce que j’ai vu/lu/échangé sur le forum ou avec des médecins.
Des personnes sur lesquelles le baclo n’agit pas : peu.
Une petite marge d’injustice, ou alors une motivation pas assez ancrée de renoncer à l’alcool, dont pour nous la bouffe, ou des ES impossibles.
Ou alors mystère : pas assez de recul encore peut être, depuis 4 ou 5 ans que l’on prescrit. Oui, c’est dur…
Jusque quel dosage : certains sont montés jusque 500. Je n’imagine même pas…
Mais cela dépend tellement des constitutions.
J’ai lu (et si je me trompe, merci de corriger) que 20% des traités dépassaient les 300mg.
Le médicament n’est pas dangereux en soi, mais c’est sur qu’à cette dose là , on doit planer, mais sans doute même pas en proportion.
On peut être décalqué à petite dose, aussi.
Il est possible de rater son seuil : oui, je le pense. Quand on s’attend à une « illumination », alors que c’est un choix possible qui permet de consommer ou pas, sans effort de volonté, mais avec un « effort » conscient. Je crois avoir vu une personne rater son seuil parce que juste en même temps lui sont tombés sur la tête des emmerdes innombrables… Tout s’est mélangé, et le recours au produit (c’était l’alcool, mais j’imagine pareil avec la bouffe) a colonisé le moment du seuil. (Je ne sais pas si je suis claire…). Ou alors monter monter sans palier, en oubliant de s'interroger sur ses ressentis, même tout petits, qui pourraient annoncer des premiers changements.
Il faut mettre un peu du sien, je pense, pour choisir de ne pas criser. Ca ne veut pas dire « effort » au sens difficile, cela veut dire en conscience, se dire « je vais essayer de ne pas faire comme d’habitude », constater que c’est possible et s’encourager à le refaire encore. Se priver des « produits », ne pas les acheter, voir comment ça fait de ne pas les avoir chez soi, à sa portée. Passer dans les rayons, et se demander si on en a envie…
La psychothérapie n’est pas du pipo. Par contre, il y a des pipoteurs chez les psychothérapeutes, comme il y a des médecins obtus qui refusent de prescrire du baclo pour des raisons abracabragantesques pour ne pas dire indignes. Et puis c’est un engagement, le psy ne détient ni la solution, ni la ressource. Il guide pour que la personne trouve son autonomie, et parfois, changer est très difficile, quand des processus invisibles ou inconscients viennent s’en mêler. Qu’on appelle ça déni ou inconscient ou peur du vide, c’est une résistance et c’est elle qu’il s’agit de lever. Parfois, le moindre qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne se laisse pas faire…
Donc, le contrôle, la dictature du poids, l’image du corps jouent aussi, sans empêcher le traitement, elles le rendent plus difficile.
Parce que le baclo joue « en ricochet » mais pas directement sur ces trois éléments là .
Ce qui est de plus en plus visible, aussi, c’est que le baclo n’agit pas sur le contrôle : l’anorexique contrôle ce qu’elle « met dedans » ; la vomitive contrôle en faisant « ressortir » ce qu’elle y a mis : c’est son mode de contrôle.
Cela complique les choses….Le baclo ne peut pas grand-chose sur ce type de contrôle. Je pense, perso, que la thérapie, alors, est mieux indiquée, en parallèle du traitement. Les « alcooliques de la bouffe » dont je suis (hyperphagie) n’ont pas ce problème. Et on constate que pour elles ou eux, c’est plus simple, comme pour les « simples » alcoolo-dépendants.
Te dire la meilleure psychothérapie serait prendre parti. J’ai rejeté la TCC car j’avais l’impression de ne pas arriver à faire mes devoirs (mes exercices, suivre les protocoles), et ça me faisant sentir encore plus minable (« j’y arrive pô »). En revanche, j’ai trouvé des prises de conscience importante qui m’ont permis d’agir en changements en Gestalt-thérapie. C’est mon cas, juste mon cas, et donc ma conviction. Mais j’ai une autre conviction : « ça marche pour moi donc ça marche pour toi » est FAUX, et même toxique. A chacun de sentir, et de trouver sa voie, et son propre engagement. Je me suis mieux retrouvée aussi en pratiquant la pleine conscience (MBSR = 8 séances). Les TCC commencent à intégrer ces exercices, pour la dimension émotionnelle (comportement + cognition + émotions grâce à la pleine conscience)
Et il se trouve que les médecins commencent à faire des constats qui mènent aux pistes que j’exprime ici.
Alors je pense que ce que je dis ne sont pas que les élucubrations, qu’il y a un fond de début de vérité et de savoir concernant nos maladies, qui sur un spectre qui va de l’anorexie à la boulimie, sont sans doute plus complexes…
Voilà . Pas cons du tout, tes questions (comme d’hab !)
A bientôt
Début TTT 6 nov 2013. Seuil atteint mi janvier 2014 à 120mg.
Janvier 2015 Ã janvier 2016 : 0 baclo
Reprise TTT suite à un retour d'habitudes : 90mg/jour