Envie d'écrire un peu en ce dimanche matin
N'hésitez pas à me commenter ce que vous penser de mes élucubrations cérébrales, je suis prête à entendre sans aller me faire une crise !!
Le rapport étrange que nous avons à la nourriture ne serait-il pas comparable au rapport démesuré que nous avons avec les autres ?
Ce conflit permanent avec la nourriture, tour à tour contrôlé, excessif, tyrannique, rejetant, je l’ai depuis aussi loin que je me souvienne :
je devais avoir 8 ou 10 ans, et à ce moment, il me paraissait vaguement normal.
Je ne faisais que reproduire un mauvais contact appris, au contact des autres, pour tenter d’exister sous leur regard.
A la source, peut être une présence non désirée dans la famille, une mère peu affectueuse, un père souvent absent et indifférent,
une obligation de toujours courir après un mouvement qui me dépassait, vite, vite, vite, m’adapter pour ne pas perturber le rythme du clan familial.
Angoisse permanente de déplaire, d’être critiquée ou jugée, rejetée. « Dépêche toi ».
Rien de violent en apparence, et pourtant, c’est subtil, répété maintes fois au cours des années.
A chaque période d’accalmie, il me semble me souvenir de deux choses : j’avais réussi à mieux m’ancrer en moi-même,
drôle d’expression qui signifie mieux compter sur soi, se suffire à son propre regard (sans pour autant entrer dans une grande solitude)
et être reconnue par mon environnement. Un équilibre est toujours fragile, il a pu durer plusieurs années,
et mon ancrage n’était sans doute pas assez solide pour résister à des épreuves ordinaires, générant des émotions négatives difficiles à gérer avec mes ressources fragiles.
Cela me semble d’autant plus plausible que ce que je ressens depuis ma guérison, c’est précisément d’être plus sûre de moi,
de mes décisions, mes actions et engagement, au rythme que je choisis et qui est le mien (lent !),
en laissant glisser les critiques comme autant de suggestions que je prends, ou non, et qui me confortent plutôt que de me déstabiliser.
Ma guérison a potentialisé la thérapie entreprise depuis plusieurs années.
Pas une TCC : une thérapie issue du courant humaniste, thérapie du lien, ou la relation soigne plus que des protocoles appliqués ou des tableaux d’analyse : la Gestalt-thérapie.
Je me souviens d’un parcours TCC avec un praticien qui était présent dans sa fonction et non dans son « être au monde »,
comme un professeur, un médecin coupé de la relation, un expert comptable devant lequel ou déverse les éléments lui permettant d’établir le bilan.
Je me souviens d’avoir eu honte de ne pas arriver à le satisfaire, avec ses exercices et ses tableaux.
J’avais l’impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas mériter, de n’être rien à ses yeux à défaut d’arriver à répondre à ses attentes.
Ce n’est pas le type de relation qui soigne, et même si certains de ses conseils, trucs et astuces, ont ouvert ma conscience à certains de mes comportements,
cela « ne tenait pas » ! Le naturel revenait au galop, car l’effort déployé pour arriver à infléchir mes comportements était comparable à la restriction
que je m’imposais avec la nourriture, dans les moments de tentative de reprise de contrôle.
Aller vers… C’est tout le sens de la vie, dans une société humaine faite d’être sociables.
Les boulimiques semblent aller vers l’autre comme ils vont vers la nourriture.
En toute première étape du contact, il y a le désir, l’envie, une sensation.
A ce moment déjà , nos sensations semblent brouillées, nous sommes difficilement en contact avec nos besoins :
est-ce la faim, est-ce l’envie, est-ce un réflexe conditionné de manger parce qu’il est midi ? Aller vers, contacter un autre ?
Sommes nous légitimes pour aller le rencontrer, que va-t-il en penser, penser de nous, de notre initiative ? Conflit avec l’autorité ? Timidité ?
Envie tellement grande que l’approche se fait brusque, maladroite, intrusive ? L’autre perçoit sans doute tout cela, quel usage va-t-il en faire ?
Compassion, ouverture, prise de pouvoir, indifférence, rejet, jugement ?
Lors de la rencontre, plein contact, le soulagement est si grand pour l’assoiffé ou l’affamé que nous sommes, que nous ouvrons sans doute trop grande notre intimité,
ne laissant qu’une toute petite frontière poreuse entre nous et l’autre : passion, fusion… et émotions démesurées !
La crise peut arriver, démesurée et réconfortante, faite de sucre et d’aliments roboratifs, qui remplissent pleinement, trop, une personne excessive dans ses attentes.
Evidemment, le retrait, l’au revoir ou d’adieu est difficile, teinté de crainte d’abandon, laissant un grand vide.
Peut être d’ailleurs se fait-il dans le même climat passionnel que la rencontre ? Peut être se passe-t-il en rejet, comme un vomissement ?
En tout cas, il nous laisse sur le flanc, soulagé et malheureux, prêt à recommencer… Alors que rien ou pas grand-chose n’a pas été assimilée en « bonne digestion » nourrissante.
Le cycle infernal peut alors recommencer, avec d’autres personnes, d’autres autres. Et re-crise.
C’est cela que je travaille en thérapie du lien.
Mieux comprendre et ressentir mes besoins, mes envies légitimes, en étant en mesure de les satisfaire moi-même en partie
sans compter démesurément sur l’autre, aller vers en étant pacifiée, ancrée, ni impatiente ni fébrile, goûter la relation dans toute sa dimension nourrissante,
ne laisser passer que le bon, grâce à une frontière qui protège sans couper du monde, et la laisser partir avec satiété,
car tout à une fin, et tout renaît, d’une autre façon, à un autre moment. Je le sais maintenant.
Les émotions qui émergent du résultat de ce travail sont bien plus facile à gérer : elles le font, toutes seules, sans effort ni souffrance.
Bon appétit de la vie.
Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi.
Jean Cocteau
Message édité 1 fois, dernière édition par Claude..., 28 Décembre 2014, 11:46
Début TTT 6 nov 2013. Seuil atteint mi janvier 2014 à 120mg.
Janvier 2015 Ã janvier 2016 : 0 baclo
Reprise TTT suite à un retour d'habitudes : 90mg/jour