Nouveau sujet Répondre Imprimer Syndication RSS 2.0

OA

Membre
Avatar de fraggle (GUERIE)
  • Age : 56 ans
  • Messages : 1584
  • Inscrit : 25 Juin 2011
  Lien vers ce message 25 Janvier 2012, 12:31
Olivier Ameisen boit du petit lait. Ils l'écoutent tous religieusement, ce mardi 24 janvier, dans un amphithéâtre bondé de l'hôpital Cochin : des addictologues renommés, un membre du Conseil constitutionnel, la fille de Jean Dausset, prix Nobel de médecine français en 1980, mort en 2009, des médecins en pagaille, des journalistes... Ce n'est qu'une conférence, mais ce public prestigieux ravit M. Ameisen, trublion de la médecine, cardiologue et croisé infatigable de la lutte contre l'alcoolisme, dont il se dit aujourd'hui "guéri".

Le Graal d'Olivier Ameisen, le remède qu'il promeut, c'est une petite pilule de baclofène, un vieux médicament commercialisé depuis 1974 sous le nom de Liorésal, puis en génériques. Ce relaxant musculaire, auto-administré à haute dose, lui a permis de "guérir" de l'alcool : il n'avait "plus envie", il est devenu "indifférent" et mieux... même pas abstinent. Il en a tiré un livre, Le dernier verre, paru en 2008 (Le Monde du 12 novembre 2008, archives abonnés), qui a largement contribué à faire croître les ventes du produit en pharmacie.





Selon un compte rendu interne de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), le nombre de patients sous baclofène est passé en France de 80 000 en 2007 à environ 100 000 en 2010. On rappelle que l'alcoolisme, troisième cause de mortalité en France, ferait plus de 40 000 décès directs et indirects chaque année, selon la Société française d'alcoologie.

L'autorisation de mise sur le marché (AMM) ne valide pas les posologies utilisées par Ameisen. Surtout, les études manquent, qui analyseraient l'efficacité et les effets secondaires du baclofène lorsqu'il est prescrit à hautes doses contre l'alcoolisme. Ce qui n'empêche pas légalement de plus en plus de médecins spécialisés ou généralistes de le prescrire. Bernard Granger, professeur à l'université Paris Descartes et praticien à l'hôpital Tarnier, proclamait ainsi mardi : "la bataille du baclofène est gagnée".

•Une croisade

Ameisen, c'est d'abord un "je" : un orateur qui use sans modération de la première personne, visiblement à plaisir, après des années passées à se considérer comme une "fraude", un "nul", malgré un beau CV et une position de cardiologue à succès à New York, au début des années 1980. Le genre à qualifier Harvard de "mauvaise université" parce qu'elle lui a proposé d'étudier en ses murs, et à décrire le pianiste Arthur Rubinstein comme"gentil", mais inconscient, parce qu'il l'avait encouragé à continuer de taquiner l'instrument.

Dans les années 1990, Ameisen noyait cette anxiété dans l'alcool. A Cochin, mardi, il raconte avoir suivi 5 000 réunions aux alcooliques anonymes ("record imbattable" dit-il, ce qui est faux mais sans conséquence), avoir multiplié les passages aux urgences, pour trois côtes cassées ou un nez enfoncé, et tenté neuf cures de désintoxication en résidence. Il a "tout essayé", "rien ne marche" – aujourd'hui encore, il prédit la fin des cursus universitaires d'alcoologie. Les confrères présents dans la salle font grise mine, mais écoutent encore.







Le professeur de cardiologie Olivier Ameisen.


Sur Internet, en 2001, Ameisen tombe sur un article du New York Times rendant compte d'un traitement de cocaïnomane au baclofène. Cette molécule est destinée à l'origine à traiter des contractures douloureuses d'origine neurologique. Mais en imitant l'effet d'un neurotransmetteur appelé acide gamma aminobutyrique (GABA) dans le cerveau, elle joue sur les mécanismes de récompense, et semble mettre un terme aux addictions.

Ameisen fouille les comptes rendus de revues scientifiques, découvre de premières études positives réalisées sur des rats en 1996 – aujourd'hui, il donnerait bien le Nobel à leur auteur. Il décide alors de s'administrer le médicament, après avoir consulté des neurologues américains sur ses possibles effets secondaires. Le 14 février 2004, le voilà "guéri".

L'année suivante, dans la revue scientifique Alcohol and alcoholism, il publie un article à la première personne – fait rare et peu orthodoxe – dans lequel il analyse son propre cas : avec 270 mg de baclofène par jour, "je ne ressentais plus de 'craving' ou de désir d'alcool, pour la première fois de ma vie d'alcoolique", écrit-il.

•"Indifférence" contre abstinence

Trois ans plus tard, à l'hôpital Tarnier, à Paris, Bernard Granger se voit demander par une patiente s'il peut la traiter au baclofène. "Je ne connaissais pas. Elle m'a montré un article du Point" qui rendait compte du livre d'Ameisen, tout juste paru. "Je lui ai demandé de me laisser le magazine."

C'est un exemple parmi beaucoup d'autres de la capacité d'Ameisen à gagner son public par la base avant l'institution, lui le non-spécialiste, le type "pas dans la ligne du parti", selon Granger. Ces patients-là ont créé des associations : Aubes en janvier 2010, baclofène en mai. Ils ont organisé des forums très actifs sur Internet (voir baclofene.fr). Ils s'y échangent, par messages privés, les noms des médecins qui prescrivent le médicament.

Ils y parlent de "miracle" et pas seulement pour l'alcool : des scientifiques commencent à travailler sur des traitements à base de baclofène contre la boulimie et la cocaïne. Ameisen voit déjà ses "disciples" guérir la tabagie et l'héroïne. Le docteur Philippe Jaury, médecin libéral et professeur de médecine générale à Paris-Descartes, présent dans la salle, s'insurge quand Ameisen évoque même le remplacement de la méthadone – "bidon", dit-il, mais "pas bien grave" : l'essentiel est dans les témoignages des patients.







Le laboratoire Novartis, propriétaire du baclofène, ne souhaite pas financer une étude sur cette molécule tombée dans le domaine public, qui ne peut donc pas lui rapporter grand-chose.MEHDI FEDOUACH / AFP


Dans l'amphithéâtre, ils défilent, invités par Ameisen ou spontanément venus s'informer. Pascal décrit sa consommation "anarchique" d'alcool depuis 1993, puis d'opiacés médicamenteux, notamment de subutex, puis d'un peu de tout, à très fortes doses. "Une boîte de Valium, ça me faisait un jour et demi. J'étais une loque", dit-il. Pascal a commencé un traitement au baclofène avec Ameisen, il y a deux ans. "En quinze jours, du 8 au 24 mars 2010, j'ai guéri totalement. (...) Maintenant j'ai une vie normale, comme tout le monde... Je vis".


Cécile, psychologue, décrit une vie d'"alcoolique mondaine" changée en vie recluse dans son appartement : "Je ne pensais plus qu'à mon stock d'alcool. J'ai pris 72 kilos, je suis restée deux ans enfermée, en robe de chambre, dans ma chambre, à regarder la télévision." En 2008, elle lit le livre d'Ameisen et commence un traitement. Peu après, dit-elle, "j'ai ouvert mon frigo, j'ai vu mon 'pétillant' et je n'ai pas senti de problème" : pas d'envie irrésistible de boire en apercevant la bouteille d'alcool. "Je n'ai rien dit à mes enfants. Je n'y croyais pas." Depuis le 29 juillet 2010, Cécile boit "de l'eau pétillante", sans alcool.

D'autres patients, comme Ameisen lui-même, disent pouvoir boire un verre d'alcool à l'occasion, sans rechuter, lentement et rarement. On touche ici à un dogme de l'addictologie, selon lequel la notion d'"indifférence" à l'alcool est impossible. L'abstinent est en principe condamné au "craving" : une envie obsessionnelle de boire. C'est le rayon alcools du supermarché qui vous fait de l'œil ad vitam aeternam. Selon Philippe Jaury, qui prescrit du baclofène depuis plus de trois ans, la communauté des alcoologues se partage aujourd'hui "à 50-50" sur la question : "ça évolue vite", dit-il.
•Pas d'intérêt industriel


Pourtant, les preuves scientifiques définitives manquent pour étayer la méthode baclofène. Quelques études ont été réalisées, sur de petits groupes de patients et avec des doses bien inférieures à celles que le cardiologue recommande : 30 et 60 mg par jour, quand ce dernier dit avoir déjà dépassé les 500 mg avec un patient.

Dans une interview au magazine Science, en mai 2011, l'alcoologue Giovanni Addolorato, de l'Université catholique de Rome, qui a mené l'une de ces études, voyait dans le médicament une "opportunité scientifique fantastique". Mais il ne souhaitait pas dépasser les 100 mg par jour. Aux Etats-Unis, la limite imposée de longue date par la Food and drugs administration, dans le cadre d'un traitement musculaire, est de 80 mg.

En France, l'Afssaps a publié en juin (PDF) "une mise en garde contre une utilisation du baclofène chez les patients alcoolo-dépendants", en raison de "l'absence de données robustes d'efficacité dans cette indication". En cause notamment : des troubles d'ensommeillement et de possibles dépressions. Une étude indienne récente a constaté l'apparition de troubles psychotiques un mois après le début du traitement chez un patient. Pour le docteur Granger, le baclofène est pourtant "prescrit depuis des dizaines d'années : s'il entraînait des effets secondaires graves, cela se saurait", pense-t-il.


De plus, un tel traitement "bouscule des positions acquises et remet en cause les modes de prise en charge : à quoi sert un centre de cure", demande Granger, si le baclofène élimine l'envie irrépressible de recommencer à boire ?








Une étude définitive manque encore sur l'efficacité et les effets secondaires du baclofène, lorsqu'il est utilisé à à haute dose dans le traitement de l'alcoolisme.PHILIPPE DESMAZES / AFP


Philippe Jaury espère lancer en mai une étude de référence double aveugle contre un placebo, portant sur trois cents patients, pendant un an. "Toutes les études montrent que le placebo marche à 20 %. Mon hypothèse, c'est que le baclofène marche entre 50 et 60 %".

Ce protocole est coûteux : 750 000 euros financés par l'Etat, plus une donation d'un mécène. Il nécessite une autorisation de l'Afssaps et du Comité de protection des personnes, qui tarde. Mais le privé ne s'y lancera pas, au contraire : le laboratoire Novartis, propriétaire du baclofène, ne souhaite pas financer une étude sur cette molécule tombée dans le domaine public, qui ne peut donc pas lui rapporter grand-chose.

A l'université d'Amsterdam, un généreux donateur hollandais, ex-alcoolique lui-même, selon Ameisen, a signé un chèque de 500 000 euros pour lancer une autre étude de référence. Ameisen est conseiller technique sur ce projet (envahissant, selon le directeur de l'étude). Mais au fond, il trouve la démarche inutile : "On s'en moque !", disait-il mardi.


Il considère son propre témoignage et ceux de ses patients comme une preuve scientifique suffisante. Il affirme en avoir guéri un millier depuis 2008, avec l'aide ses "disciples" et avec un taux de réussite de "100 %"... Mais il ne compte pas les patients qui ont arrêté leur traitement et ont disparu dans la nature, au mépris de la méthodologie généralement acceptée.

A Cochin, mercredi, Ameisen s'est lancé dans une confrontation surprenante avec Jacques-Louis Binet, secrétaire perpétuel honoraire de l'Académie de médecine, pourtant enthousiasmé par les possibilités du baclofène ("A l'académie, on nous emmerde avec les effets de l'alcool !", disait le docteur Binet, à force de questions insolubles comme "Est-ce qu'on doit augmenter le prix de l'alcool ?"). Une alcoologue visiblement heurtée par les saillies bravaches d'Ameisen a demandé de "dépassionner" un peu l'affaire. L'hôte, Bernard Granger, a vite recentré le débat. "Ameisen a découvert quelque chose", disait-il peu après, ce qui excuse quelques écarts.
Louis Imbert

Voici le compte rendu que j'ai trouvé sur internet

Biz

Fraggle
PS: les photos ne paraissent pas dommage!!!!
Message édité 1 fois, dernière édition par fraggle (GUERIE), 25 Janvier 2012, 12:34  

Indifférence à 300mg
Mon histoire ailleurs ..
Mon histoire ici ..
 
Membre
Avatar de fraggle (GUERIE)
  • Age : 56 ans
  • Messages : 1584
  • Inscrit : 25 Juin 2011
  Lien vers ce message 25 Janvier 2012, 13:27
Je n'étais malheureusement pas là!

Biz
Fraggle


Indifférence à 300mg
Mon histoire ailleurs ..
Mon histoire ici ..
 
Membre
Avatar de winbaboo (conjointe)
  • Age : 40 ans
  • Messages : 1067
  • Inscrit : 03 Octobre 2011
  Lien vers ce message 25 Janvier 2012, 15:13
Merci fraggle, ca nous permet de participer un peu à la conférence !


Il est souvent nécessaire d'entreprendre pour espérer et de persévérer pour réussir.
 
Membre
Avatar de clo1
  • Messages : 24
  • Inscrit : 24 Avril 2011
  Lien vers ce message 25 Janvier 2012, 18:10
Il y mieux comme article: voici, en copié collé celui du monde .

Olivier Ameisen, le croisé du baclofène, médicament anti-alcoolisme


Les autorités sanitaires s'inquiètent de l'usage croissant du Baclofène, un relaxant musculaire utilisé contre l'alcoolisme.

Les autorités sanitaires s'inquiètent de l'usage croissant du Baclofène, un relaxant musculaire utilisé contre l'alcoolisme.AFP PHOTO / JEFF PACHOUD
Olivier Ameisen boit du petit lait. Ils l'écoutent tous religieusement, ce mardi 24 janvier, dans un amphithéâtre bondé de l'hôpital Cochin : des addictologues renommés, un membre du Conseil constitutionnel, la fille de Jean Dausset, prix Nobel de médecine français en 1980, mort en 2009, des médecins en pagaille, des journalistes... Ce n'est qu'une conférence, mais ce public prestigieux ravit M. Ameisen, trublion de la médecine, cardiologue et croisé infatigable de la lutte contre l'alcoolisme, dont il se dit aujourd'hui "guéri".

Le Graal d'Olivier Ameisen, le remède qu'il promeut, c'est une petite pilule de baclofène, un vieux médicament commercialisé depuis 1974 sous le nom de Liorésal, puis en génériques. Ce relaxant musculaire, auto-administré à haute dose, lui a permis de "guérir" de l'alcool : il n'avait "plus envie", il est devenu "indifférent" et mieux... même pas abstinent. Il en a tiré un livre, Le dernier verre, paru en 2008 (Le Monde du 12 novembre 2008, archives abonnés), qui a largement contribué à faire croître les ventes du produit en pharmacie.

Selon un compte rendu interne de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), le nombre de patients sous baclofène est passé en France de 80 000 en 2007 à environ 100 000 en 2010. On rappelle que l'alcoolisme, troisième cause de mortalité en France, ferait plus de 40 000 décès directs et indirects chaque année, selon la Société française d'alcoologie.

L'autorisation de mise sur le marché (AMM) ne valide pas les posologies utilisées par Ameisen. Surtout, les études manquent, qui analyseraient l'efficacité et les effets secondaires du baclofène lorsqu'il est prescrit à hautes doses contre l'alcoolisme. Ce qui n'empêche pas légalement de plus en plus de médecins spécialisés ou généralistes de le prescrire. Bernard Granger, professeur à l'université Paris Descartes et praticien à l'hôpital Tarnier, proclamait ainsi mardi : "la bataille du baclofène est gagnée".

* Une croisade

Ameisen, c'est d'abord un "je" : un orateur qui use sans modération de la première personne, visiblement à plaisir, après des années passées à se considérer comme une "fraude", un "nul", malgré un beau CV et une position de cardiologue à succès à New York, au début des années 1980. Le genre à qualifier Harvard de "mauvaise université" parce qu'elle lui a proposé d'étudier en ses murs, et à décrire le pianiste Arthur Rubinstein comme"gentil", mais inconscient, parce qu'il l'avait encouragé à continuer de taquiner l'instrument.

Dans les années 1990, Ameisen noyait cette anxiété dans l'alcool. A Cochin, mardi, il raconte avoir suivi 5 000 réunions aux alcooliques anonymes ("record imbattable" dit-il, ce qui est faux mais sans conséquence), avoir multiplié les passages aux urgences, pour trois côtes cassées ou un nez enfoncé, et tenté neuf cures de désintoxication en résidence. Il a "tout essayé", "rien ne marche" – aujourd'hui encore, il prédit la fin des cursus universitaires d'alcoologie. Les confrères présents dans la salle font grise mine, mais écoutent encore.

Le professeur de cardiologie Olivier Ameisen.

Le professeur de cardiologie Olivier Ameisen.

Sur Internet, en 2001, Ameisen tombe sur un article du New York Times rendant compte d'un traitement de cocaïnomane au baclofène. Cette molécule est destinée à l'origine à traiter des contractures douloureuses d'origine neurologique. Mais en imitant l'effet d'un neurotransmetteur appelé acide gamma aminobutyrique (GABA) dans le cerveau, elle joue sur les mécanismes de récompense, et semble mettre un terme aux addictions.

Ameisen fouille les comptes rendus de revues scientifiques, découvre de premières études positives réalisées sur des rats en 1996 – aujourd'hui, il donnerait bien le Nobel à leur auteur. Il décide alors de s'administrer le médicament, après avoir consulté des neurologues américains sur ses possibles effets secondaires. Le 14 février 2004, le voilà "guéri".

L'année suivante, dans la revue scientifique Alcohol and alcoholism, il publie un article à la première personne – fait rare et peu orthodoxe – dans lequel il analyse son propre cas : avec 270 mg de baclofène par jour, "je ne ressentais plus de 'craving' ou de désir d'alcool, pour la première fois de ma vie d'alcoolique", écrit-il.

* "Indifférence" contre abstinence

Trois ans plus tard, à l'hôpital Tarnier, à Paris, Bernard Granger se voit demander par une patiente s'il peut la traiter au baclofène. "Je ne connaissais pas. Elle m'a montré un article du Point" qui rendait compte du livre d'Ameisen, tout juste paru. "Je lui ai demandé de me laisser le magazine."

C'est un exemple parmi beaucoup d'autres de la capacité d'Ameisen à gagner son public par la base avant l'institution, lui le non-spécialiste, le type "pas dans la ligne du parti", selon Granger. Ces patients-là ont créé des associations : Aubes en janvier 2010, baclofène en mai. Ils ont organisé des forums très actifs sur Internet (voir baclofene.fr). Ils s'y échangent, par messages privés, les noms des médecins qui prescrivent le médicament.

Ils y parlent de "miracle" et pas seulement pour l'alcool : des scientifiques commencent à travailler sur des traitements à base de baclofène contre la boulimie et la cocaïne. Ameisen voit déjà ses "disciples" guérir la tabagie et l'héroïne. Le docteur Philippe Jaury, médecin libéral et professeur de médecine générale à Paris-Descartes, présent dans la salle, s'insurge quand Ameisen évoque même le remplacement de la méthadone – "bidon", dit-il, mais "pas bien grave" : l'essentiel est dans les témoignages des patients.

Le laboratoire Novartis, propriétaire du baclofène, ne souhaite pas financer une étude sur cette molécule tombée dans le domaine public, qui ne peut donc pas lui rapporter grand-chose.

Le laboratoire Novartis, propriétaire du baclofène, ne souhaite pas financer une étude sur cette molécule tombée dans le domaine public, qui ne peut donc pas lui rapporter grand-chose.MEHDI FEDOUACH / AFP

Dans l'amphithéâtre, ils défilent, invités par Ameisen ou spontanément venus s'informer. Pascal décrit sa consommation "anarchique" d'alcool depuis 1993, puis d'opiacés médicamenteux, notamment de subutex, puis d'un peu de tout, à très fortes doses. "Une boîte de Valium, ça me faisait un jour et demi. J'étais une loque", dit-il. Pascal a commencé un traitement au baclofène avec Ameisen, il y a deux ans. "En quinze jours, du 8 au 24 mars 2010, j'ai guéri totalement. (...) Maintenant j'ai une vie normale, comme tout le monde... Je vis".

Cécile, psychologue, décrit une vie d'"alcoolique mondaine" changée en vie recluse dans son appartement : "Je ne pensais plus qu'à mon stock d'alcool. J'ai pris 72 kilos, je suis restée deux ans enfermée, en robe de chambre, dans ma chambre, à regarder la télévision." En 2008, elle lit le livre d'Ameisen et commence un traitement. Peu après, dit-elle, "j'ai ouvert mon frigo, j'ai vu mon 'pétillant' et je n'ai pas senti de problème" : pas d'envie irrésistible de boire en apercevant la bouteille d'alcool. "Je n'ai rien dit à mes enfants. Je n'y croyais pas." Depuis le 29 juillet 2010, Cécile boit "de l'eau pétillante", sans alcool.

D'autres patients, comme Ameisen lui-même, disent pouvoir boire un verre d'alcool à l'occasion, sans rechuter, lentement et rarement. On touche ici à un dogme de l'addictologie, selon lequel la notion d'"indifférence" à l'alcool est impossible. L'abstinent est en principe condamné au "craving" : une envie obsessionnelle de boire. C'est le rayon alcools du supermarché qui vous fait de l'œil ad vitam aeternam. Selon Philippe Jaury, qui prescrit du baclofène depuis plus de trois ans, la communauté des alcoologues se partage aujourd'hui "à 50-50" sur la question : "ça évolue vite", dit-il.

* Pas d'intérêt industriel

Pourtant, les preuves scientifiques définitives manquent pour étayer la méthode baclofène. Quelques études ont été réalisées, sur de petits groupes de patients et avec des doses bien inférieures à celles que le cardiologue recommande : 30 et 60 mg par jour, quand ce dernier dit avoir déjà dépassé les 500 mg avec un patient.

Dans une interview au magazine Science, en mai 2011, l'alcoologue Giovanni Addolorato, de l'Université catholique de Rome, qui a mené l'une de ces études, voyait dans le médicament une "opportunité scientifique fantastique". Mais il ne souhaitait pas dépasser les 100 mg par jour. Aux Etats-Unis, la limite imposée de longue date par la Food and drugs administration, dans le cadre d'un traitement musculaire, est de 80 mg.

En France, l'Afssaps a publié en juin (PDF) "une mise en garde contre une utilisation du baclofène chez les patients alcoolo-dépendants", en raison de "l'absence de données robustes d'efficacité dans cette indication". En cause notamment : des troubles d'ensommeillement et de possibles dépressions. Une étude indienne récente a constaté l'apparition de troubles psychotiques un mois après le début du traitement chez un patient. Pour le docteur Granger, le baclofène est pourtant "prescrit depuis des dizaines d'années : s'il entraînait des effets secondaires graves, cela se saurait", pense-t-il.

De plus, un tel traitement "bouscule des positions acquises et remet en cause les modes de prise en charge : à quoi sert un centre de cure", demande Granger, si le baclofène élimine l'envie irrépressible de recommencer à boire ?

Une étude définitive manque encore sur l'efficacité et les effets secondaires du baclofène, lorsqu'il est utilisé à à haute dose dans le traitement de l'alcoolisme.

Une étude définitive manque encore sur l'efficacité et les effets secondaires du baclofène, lorsqu'il est utilisé à à haute dose dans le traitement de l'alcoolisme.PHILIPPE DESMAZES / AFP

Philippe Jaury espère lancer en mai une étude de référence double aveugle contre un placebo, portant sur trois cents patients, pendant un an. "Toutes les études montrent que le placebo marche à 20 %. Mon hypothèse, c'est que le baclofène marche entre 50 et 60 %".

Ce protocole est coûteux : 750 000 euros financés par l'Etat, plus une donation d'un mécène. Il nécessite une autorisation de l'Afssaps et du Comité de protection des personnes, qui tarde. Mais le privé ne s'y lancera pas, au contraire : le laboratoire Novartis, propriétaire du baclofène, ne souhaite pas financer une étude sur cette molécule tombée dans le domaine public, qui ne peut donc pas lui rapporter grand-chose.

A l'université d'Amsterdam, un généreux donateur hollandais, ex-alcoolique lui-même, selon Ameisen, a signé un chèque de 500 000 euros pour lancer une autre étude de référence. Ameisen est conseiller technique sur ce projet (envahissant, selon le directeur de l'étude). Mais au fond, il trouve la démarche inutile : "On s'en moque !", disait-il mardi.

Il considère son propre témoignage et ceux de ses patients comme une preuve scientifique suffisante. Il affirme en avoir guéri un millier depuis 2008, avec l'aide ses "disciples" et avec un taux de réussite de "100 %"... Mais il ne compte pas les patients qui ont arrêté leur traitement et ont disparu dans la nature, au mépris de la méthodologie généralement acceptée.

A Cochin, mercredi, Ameisen s'est lancé dans une confrontation surprenante avec Jacques-Louis Binet, secrétaire perpétuel honoraire de l'Académie de médecine, pourtant enthousiasmé par les possibilités du baclofène ("A l'académie, on nous emmerde avec les effets de l'alcool !", disait le docteur Binet, à force de questions insolubles comme "Est-ce qu'on doit augmenter le prix de l'alcool ?"). Une alcoologue visiblement heurtée par les saillies bravaches d'Ameisen a demandé de "dépassionner" un peu l'affaire. L'hôte, Bernard Granger, a vite recentré le débat. "Ameisen a découvert quelque chose", disait-il peu après, ce qui excuse quelques écarts.
 
Membre
Avatar de junon
  • Messages : 460
  • Inscrit : 04 Aout 2011
  Lien vers ce message 25 Janvier 2012, 18:48
Je crois qu'il s'agit du même article, et il est très bon !
 
Membre
Avatar de clo1
  • Messages : 24
  • Inscrit : 24 Avril 2011
  Lien vers ce message 25 Janvier 2012, 19:11
Merci Junon!
 
Membre
Avatar de fraggle (GUERIE)
  • Age : 56 ans
  • Messages : 1584
  • Inscrit : 25 Juin 2011
  Lien vers ce message 25 Janvier 2012, 23:51
Et, oui,
c'est le même article!!!

Biz
Fraggle


Indifférence à 300mg
Mon histoire ailleurs ..
Mon histoire ici ..
 
Membre
Avatar de crapote
  • Age : 58 ans
  • Messages : 507
  • Inscrit : 08 Décembre 2011
  Lien vers ce message 26 Janvier 2012, 1:12
Merci pour l'article.


Le baclofène a changé la vie de mon conjoint.
 
Membre
Avatar de junon
  • Messages : 460
  • Inscrit : 04 Aout 2011
  Lien vers ce message 26 Janvier 2012, 8:53
Je pense que tous ceux qui ont nos problèmes, ou leurs conjoints ou amis, trouveront dans cet article
de l'espoir et l'envie d'en savoir plus et de nous rejoindre.
Après la forme, le fond... Ce ne sont que des journalistes !
 
Membre
Avatar de PAPA
  • Age : 75 ans
  • Messages : 1029
  • Inscrit : 04 Septembre 2011
  Lien vers ce message 26 Janvier 2012, 9:11
Pour tous ceux qui ont loupé le journal du soir d'Europe1 le 23 janvier dernier, excellente interview du professeur Ameisen par Nicolas Pointcarre...!!!
http://www.europe1.fr/MediaCen...oolisme-916937/


ADHEREZ A L'ASSOCIATION : C'EST PRIMORDIAL.... L'UNION FAIT LA FORCE.....!!!!!

http://www.baclofene.org/wp-co...onBaclofene.pdf
 
Membre
Avatar de Valerie27
  • Messages : 171
  • Inscrit : 16 Novembre 2011
  Lien vers ce message 26 Janvier 2012, 17:14
Bonjour,

Entre " journaleux " , adeptes et disciples... c'est hallucinant ce qu'on peut lire partout.... Moi pauvre petite Valérie que je suis cela me mets en rage, car celui qui vous a sauvé de l'alcoolisme aujourd'hui c'est votre prescripteur et celui qui prends des risques TOUS LES JOURS pour sa carrière !!! pour vous pour nous, bordel

A force de tout d'entendre tout cela un jour les autorités auront vite fait de répertorier les medecins qui prescrivent baclofène hors AMM seront poursuivis et ne pourront définitivement plus nous en prescrire, c'est bien cela que vous voulez ????

Alors arrêtons toutes ces polémiques idiotes qui consistent à dire que ceux qui n'érigent pas Ameisen en héros sont des journaleux ou des gens qui n'entravent rien à rien, laissez s'il vous plait les études se réaliser dans le calme et la sérénité, car c'est bien ce que nous voulons tous que la prescription du baclofène se fasse dans de bonnes conditions pour les patients???


Merci

Valérie
 
Membre
Avatar de PAPA
  • Age : 75 ans
  • Messages : 1029
  • Inscrit : 04 Septembre 2011
  Lien vers ce message 26 Janvier 2012, 19:08
Bonjour VALERIE
Tu as sans doute raison lorsque tu dis que les essais cliniques sur l'efficacté et l'inocuité du Baclofène doivent être réalisés dans le calme et la sérénité.
Par contre il est nécessaire voir indispensable que nous fassions du bruit et que nous fassions entendre pour que ces essais soient effectués le plus rapidement possible, afin
Que tous ceux qui ont choisi en dernier espoir de se soigner et de guérir, soient rassurés et confortés pour la décision qu'ils ont pris de se soigner avec le Baclo, sans autre solution, en désespoir de cause, et en dernier ressort pour ne pas mourir et sortir de cet enfer.
Que soient rassurés aussi ceux qui hésitent encore pour franchir le pas,.
Que soient rassurés aussi les médecins prescripteur qui ont cru au Baclo et répondu à la demande quelques fois poignante de certains malades alcooliques.
Que soient convaincus aussi les médecins qui ne veulent pas prescrire.Il y a pour eux, non assistance à personnes en danger de mort;
Il y a urgence pour que soient évitées les 120 victimes de ce fléau par jour.
C'est pour cette raison que, plus nous serons nombreux, plus nous pourrons nous faire entendre, plus vite l'état engagera les fonds nécessaires pour ces essais cliniques et éviter le plus tôt possible qu'un conjoint, un enfant, un parent, un ami meurt ou pleure celui qui est parti à tout jamais.
Même pour une seule et unique vie de sauvée, ça vaut le coup de nous battre et nous faire entendre pour que le Baclofène soit reconnu.
Tout bouge et avance un peu plus grâce aux associations, aux malades guéris ou sur le point de l'être, au forum, à l'action auprès des médias.
Amitiés
PAPA (Lionel)
Message édité 2 fois, dernière édition par PAPA, 26 Janvier 2012, 19:11  

ADHEREZ A L'ASSOCIATION : C'EST PRIMORDIAL.... L'UNION FAIT LA FORCE.....!!!!!

http://www.baclofene.org/wp-co...onBaclofene.pdf
 
Membre
Avatar de fraggle (GUERIE)
  • Age : 56 ans
  • Messages : 1584
  • Inscrit : 25 Juin 2011
  Lien vers ce message 27 Janvier 2012, 12:35
Tout à fait d'ac avec toi, Lionel!

C'est vrai que le mot Disciple m'a chiffonné,
mais, au moins, les médias s'intéressent à l'affaire:
le scandale du Baclo!

Cela vulgarise le sujet
et permet à des personnes de voir qu'il y a une solution à leur maladie!!!

Biz
Fraggle
Message édité 1 fois, dernière édition par fraggle (GUERIE), 27 Janvier 2012, 12:35  

Indifférence à 300mg
Mon histoire ailleurs ..
Mon histoire ici ..
 
Membre
Avatar de clo1
  • Messages : 24
  • Inscrit : 24 Avril 2011
  Lien vers ce message 27 Janvier 2012, 18:56
Discipulus,i "élève" . Il n'a dispensé son savoir à aucun élève. Il connaît parfaitement son sujet ,et pour cause, et n'a formé aucun "élève". Cela m'a semblé très clair. Quoi de plus naturel ? Un Professeur voulant faire cours et partager ses connaissances. Ceci éviterait les hésitations et les tâtonnements face au traitement.
 
Membre
Avatar de fraggle (GUERIE)
  • Age : 56 ans
  • Messages : 1584
  • Inscrit : 25 Juin 2011
  Lien vers ce message 27 Janvier 2012, 20:57
Bien dit, Clo

Biz
Fraggle


Indifférence à 300mg
Mon histoire ailleurs ..
Mon histoire ici ..
 
Membre
Avatar de junon
  • Messages : 460
  • Inscrit : 04 Aout 2011
  Lien vers ce message 27 Janvier 2012, 22:09
Je me moque que l'on parle de disciple ou de journaleux !
Ce qui est intéressant c'est que les lignes bougent.
Olivier Ameisen porte son projet et tant mieux pour lui.
Il nous a permis de connaitre le baclofène et tout l'espoir qui va avec.
S'il n'avait pas été un grand médecin, s'il n'avait pas écrit son livre,
nous serions tous au même endroit : au fond de notre bouteille.
Bravo à lui, merci à lui.
Même si je vous dis cela du fond, pas de ma bouteille, mais de mes
effets très spéciaux, insupportables, mais pour moi nécessaires, pour
reprendre goût à la vie.
Il ne faut pas se tromper d'ennemi.
Notre ennemi, à tous, c'est notre addiction.
 
Membre
Avatar de fraggle (GUERIE)
  • Age : 56 ans
  • Messages : 1584
  • Inscrit : 25 Juin 2011
  Lien vers ce message 28 Janvier 2012, 10:54
junon,
petite crise de colère!!!

y a pas de quoi!

biz
Fraggle


Indifférence à 300mg
Mon histoire ailleurs ..
Mon histoire ici ..
 
Membre
Avatar de junon
  • Messages : 460
  • Inscrit : 04 Aout 2011
  Lien vers ce message 28 Janvier 2012, 18:35
Non, ce n'est pas de la colère ! juste une mise au point,
il ne faut pas se tromper de cible !
 
Hors ligne Dal Masculin
Membre
Avatar de Dal
  • Age : 57 ans
  • Messages : 209
  • Inscrit : 04 Février 2012
  Lien vers ce message 17 Février 2012, 0:55
Super fil

Merci


Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis.
Saint-Exupéry
 
Membre
Avatar de fraggle (GUERIE)
  • Age : 56 ans
  • Messages : 1584
  • Inscrit : 25 Juin 2011
  Lien vers ce message 17 Février 2012, 1:22
Ah! chouette!
un admirateur!

Biz


Indifférence à 300mg
Mon histoire ailleurs ..
Mon histoire ici ..
 
Membre
Avatar de Viva
  • Messages : 2702
  • Inscrit : 08 Mars 2011
  Lien vers ce message 17 Février 2012, 1:39
Une de plus et j’applaudis aussi Junon.


Notre devoir est d’offrir notre expérience à ceux qui en sont démunis avec compassion et empathie, sans jamais oublier qui nous étions. Pour le Baclofene https://www.baclofene.com/radio/signer1.jpg
 
Membre
Avatar de Nanar2956 (libre sous baclo)
  • Age : 72 ans
  • Messages : 866
  • Inscrit : 28 Janvier 2012
  Lien vers ce message 02 Mars 2012, 8:48
Moi aussi,

Notre ennemi c'est d'abord le poison.

Faire du bruit, être le plus nombreux possible, d'accord avec Lionel.

La polémique, laissons-la à ceux qui n'y connaissent rien !


''la sagesse commence avec l'émerveillement'' (Socrate). Adhérez, c'est important.



 
Répondre Remonter en haut de la page




forum baclofene