Le figaro
Le premier article qui parle correctement de ce qu'il se passe. Un extrait:
"Baclofène, de l'alcoolisme au régime
Dernière molécule à la mode: le baclofène, médiatisé dans la prise en charge de l'alcoolisme, est aujourd'hui expérimenté par des boulimiques ou… pour perdre simplement quelques kilos. «Le baclofène, myorelaxant, agit sur certains récepteurs des neurones en coupant l'envie irrépressible de recherche d'alcool. Il peut avoir le même mécanisme d'action sur l'envie irrépressible de nourriture rencontrée dans la boulimie», explique Gilles Mithieux, directeur de recherche de l'unité Inserm 655 Nutrition et cerveau à Lyon. Peut-on pour autant prescrire le baclofène à des boulimiques? «Cette molécule pourrait être intéressante dans certains troubles du comportement alimentaire. Elle n'a cependant fait l'objet d'aucune étude scientifique dans ce cadre et nous devons donc rester très prudents. Mais il est certain que nous avons besoin de nouvelles approches», affirme le professeur Philip Gorwood, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, spécialiste des troubles du comportement alimentaire.
En clair: le baclofène est bel et bien prescrit par certains spécialistes à des patients boulimiques. Le problème, c'est que pour le grand public, ce médicament popularisé par le docteur Olivier Ameisen qui s'était guéri de son alcoolisme en se le prescrivant apparaît aujourd'hui comme la nouvelle pilule miracle contre les fringales: les forums de discussion et les blogs fourmillent de références à ses vertus «coupe-faim».
«J'ai une de mes patientes obèses qui s'est servie du baclofène de son mari, soigné pour alcoolisme», raconte le professeur Krempf. Face à cet engouement, l'ANSM a rappelé, il y a quelques semaines, que l'efficacité du baclofène dans la boulimie n'a pas été démontrée et que son mésusage entraîne des effets indésirables potentiellement graves (dépression, anxiété, troubles de la vigilance, somnolence, hypotonie musculaire, hypotension, nausées…).
Mais si le baclofène est le plus connu, un certain nombre d'autres médicaments sont également détournés comme coupe-faim et font l'objet d'une surveillance de l'ANSM. Autant dire que les ventes des deux principes actifs retrouvés dans Mysimba sont suivis de très près."