Bonjour les filles !
Je comprends votre détresse bien que je sois moi-même de l'autre côté de la barrière (c'est moi l'alcoolique).
Ici, on a l'habitude de dire qu'il faut que la démarche parte de l'alcoolique lui-même.
Je suis bien d'accord avec ça mais j'y ajouterais quelques nuances.
Parfois, un petit coup de pouce extérieur, discret, non pesant, peut aussi enclencher quelque chose de positif et être indispensable.
Par la suite, l'alcoolique doit bien sûr lui-même se prendre en charge, ce qui n'empêche pas un accompagnement de la part de ses proches.
Accompagnement discret, mais pas surveillance.
Juste faire savoir que l'on est lĂ en cas de besoin, que l'autre peut compter sur nous.
Je vais donc vous apporter mon point de vue qui est celui de l'alcoolique, celui qui vous manque.
Perso, n'ayant pas de conjoint, ce sont mes trois enfants et les quelques proches que j'avais mis dans le secret qui m'ont accompagnée.
Dès que mes enfants ont été assez grands pour se rendre compte de mon problème, que je leur avais toujours caché mais qu'ils ont fini par découvrir d'eux-mêmes, ils ne m'ont pas rejetée.
Pourtant, bien souvent ils ont eu honte moi, pour moi, pour eux, mais aussi vis Ă vis de leurs amis.
Ils m'ont souvent fait la morale. Ça finissait souvent en pleurs de part et d'autres.
Une de mes filles est allée jusqu'à me cacher ma bouteille d'apéro.
Cependant, ils ne m'ont jamais menacée de me tourner le dos à cause de cela.
Je les comprenais, je les aimais, je faisais des efforts, mais ma volonté m'avait été volée par l'alcool et c'était peine perdue.
Mes enfants faisaient confiance en mes efforts. Parfois je progressais, parfois je régressais. Ils en étaient désemparés, désespérés.
Voilà ce que m'a écrit un jour une de mes filles :
"En effet je n'ai pas tellement donné de nouvelles ces derniers temps, c'était un peu fait exprès. A vrai dire je ne sais pas vraiment ce que j'espérais de toi, puisque je perds justement un peu espoir, mais peut-être que j'attendais tout simplement des excuses.. Enfin ça fait longtemps que j'attends des excuses, ou juste un mot.. Avant j'attendais aussi une amélioration mais je pense qu'il faut que j'arrête de me leurrer, et les déceptions sont trop lourdes à supporter quand on a de l'espoir alors autant de pas trop espérer..? J'en ai assez que ta maladie bouffe notre relation et d'ailleurs qu'elle ait diminué toutes les relations que tu puisses avoir. Je sais qu'on pourrait partager plein de choses et c'est pour ça qu'on s'écrit souvent des p'tits mails tout ça mais quand je rentre ça me fait tellement mal de te retrouver pour partager un repas avec toi. J'ai plus envie de ça et je sais plus quoi faire.. J'aimerais tellement que tu te prennes en main, que tu te soignes, non seulement pour l'alcoolisme mais aussi pour tout le reste que tu sembles nier. Je parle d'une forme de dépression, que tu ne veux pas admettre. Mais je n'ai pas vraiment l'impression que tu aies envie de faire quoi que ce soit pour tout ça, et sans l'envie, rien n'est possible."
Ce n'était pas menaçant, c'était juste un constat, mais là , j'ai vraiment pris peur.
Quelques jours après, j'ai pris moi-même un rendez-vous pour obtenir du Baclo et j'ai entrepris aussi un suivi psy.
Quelques semaines plus tard, voilà le texto que m'a écrit ma fille :
"Dis-moi, on fait une belle équipe, nous deux ! Trop de grands pas dans nos vies !"
Depuis, nos liens n'ont jamais été aussi forts.
Alors quels conseils puis-je vous donner ?
A mon avis, vous êtes déjà dans une bonne démarche.
Vous aimez vos maris, vous ne les jugez pas par rapport Ă leur maladie et vous savez faire la part des choses.
Bravo pour ça !
Continuez à leur faire sentir que vous êtes indéfectiblement là .
Ne les menacez pas le les quitter.
Ne les surveillez pas.
Pour ma part, avant le Baclo, je faisais plus de progrès quand j'étais seule que lorsque mes enfants étaient là . Devoir me cacher continuellement augmentait mes envies de boire.
Continuez à espérer même si eux désespèrent. Prenez le relai de cette espérance.
Essayez de leur montrer combien vous les aimez.
Essayez de leur montrer que cette maladie n'est pas quelque chose qui est ancré en eux, mais quelque chose qui s'est abattu sur eux, dont ils ne sont pas responsables.
Montrez leur, si vous le jugez utile, mon témoignage.
VoilĂ !
Je ne sais pas si mon post vous aura apporté quelque chose.
Je l'espère de tout mon cœur !
Bon courage les filles !
Flo
Message édité 1 fois, dernière édition par Florence..., 14 Mai 2015, 15:33
Un joli néo-proverbe trouvé sur le net :
Il y a des jours avec et des jours sans.
Et les jours sans, il faut faire avec...