Ce que j'ai appris aujourd'hui?
Ah ah, Lee, qui apprend qui oublie, et qui avance et qui recule.
Je fais le tour de moi comme on fait le tour du monde, des clichés d'un peu partout comme preuve de la traversée, des grands soleils et de la misère, le mont baclo, si, là c'est moi au camp 280, et puis je témoigne, aventure en direct, quel courage!
Tout ça reste un survol, des moments sincères en vitrine comme une collection de fossiles, des souvenirs...
Mais ou est le présent?
Je n'ai rien construit depuis ma libération de l'alcool.
Toujours la même histoire bancale à laquelle je ne sais mettre un terme comme si souffrir le quotidien était un signe d'existence.
Je ne suis plus alcoolique mais toujours petite devant la vie et aveugle, je me fais croire en l'amour ou il n'y a que lâcheté et masochisme de ma part.
Je n'ai pas appris en me soignant de l'alcool à changer mon existence et du coup cette existence éclate dans toute sa vacuité.
Aucune envie de replonger.
Ce serait facile d’arrêter le baclo mais c'est trop tard, je ne veux plus de l'alcool, l'alcool est mort et je défendrais cette molécule.
Le problème n'est pas là !
Il est dans la capacité que l'on s'accorde de reprendre les rênes de sa vie.
Pour certains c'est une formalité, pour d'autres c'est ce qui les empêche de guérir.
Deuil de l'ivresse, acceptation du concret...peu importent les mots, la réalité c'est que sans les lunettes de l'addiction, on se voit comme on est et parfois on est capable d'accepter et d'évoluer.
Moi, je me vois aujourd'hui, trompée, flouée, aigrie et sans forces, sachant que j'ai aussi trompé et floué.
50 ans dont tant que je n'ai pas vu passer.
Comment avancer avec si peu d'estime de soi et aller ou?
Alors je regarde la vitrine des fossiles, mon tour du monde, aventurière sans gloire aux drapeaux fanés.
La poussière s'accumule sur les trophées, les jours passent, interchangeables, j'ai les fesses talées de ne servir qu'a s’assoir et aucun désir qu'elles servent à autre chose.
Je ne pleure pas et ne cherche aucun "ça va aller" de votre part.
J'écris, ici, parce que je ne sais pas à qui dire ni quoi faire et parce que je me sens légitime avec vous, parce qu'il est 19h 23...pour une fois, par jour
