Merci Sylvie.
Vous m'y aidez tous, je vais essayer.
Dans à peine une heure maintenant, une éclipse lunaire totale va commencer.
Cela m'a fait me remémorer une nouvelle de Joël Egloff que j'aime beaucoup (la nouvelle et cet auteur) extraite du livre Les ensoleillés.
Egloff parle ici d'une éclipse solaire.
"12 h 29 mn 56 s…
Où je serai, moi, le 3 septembre 2081, quand on installera mes enfants, déjà séniles, au soleil ? Quand leurs enfants, dans la force de l’âge, lèveront les yeux au ciel ? Quand leurs petits enfants attendront, fébrilement, sur la jetée ? Quand leurs arrières-petits-enfants se mettront à pleurer quand la Lune grignotera le jour ? Où je serai ? Je me le demande. Ce que je sais, c’est que je n’y serai pas et c’est bien triste. J’aurai pris trop de recul, trop d’altitude, je n’y verrai plus rien de là -haut. Je serai à la mauvaise place, du côté du Soleil, dans le meilleur des cas, et peut-être que je les regarderai tous, regarder vers moi, sans me voir, le nez en l’air et l’air ébahi. Ce rendez-vous qu’on me donne déjà , le 3 septembre 2081, je ne pourrai pas y être avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrai pas. A moins qu’on me congèle avec précaution, le 3 au matin, voire le 2 au soir pour être sûr -je pèse plus qu’un rosbif-, je n’y serai pas. A moins qu’on me clone, et que mon double, cet enfant de moi tout seul, y aille, lui, je n’y serai pas, moi, il ne faut pas rêver.
A l’idée de cette fête prévue de longue date, à laquelle je ne suis pas invité, je désespère. Mais ils feront ça très bien sans moi. C’est bien ce qui me fait de la peine. Je ne suis indispensable qu’à moi-même. La Terre continuera de tourner, la Lune aussi. Le Soleil n’a qu’à briller et attendre à la même place et tout se passera comme prévu. Sans moi.
Alors, demain, mercredi, faudra pas compter sur moi, non plus. J’irai pas. Je me ferai mon éclipse tout seul, mon obscurité personnelle. Je fermerai mes volets à la face du Soleil qui m’ignore, et qui s’en moque, lui, où je serai en 2081. Et aussi longtemps qu’il me plaira, pendant trois jours si ça m’amuse, je resterai dans le noir. J’irai pas. C’est pas la peine d’insister, ça me ferait trop mal. Ca me ferait penser au 3 septembre 2081, quand je serai plus là pour l’éclipse. Plus là pour personne."
Un joli néo-proverbe trouvé sur le net :
Il y a des jours avec et des jours sans.
Et les jours sans, il faut faire avec...