Je ne pense pas Free bird qu'on puisse naître alcoolique, bien que certains facteurs génétiques semblent nous y disposer.
Perso, habitant dans une ferme, je ne me souviens pas avoir bu de l'eau. A table, on buvait du cidre. Il était doux et sans alcool lorsqu'il venait d'être fait, mais mis en tonneau, au fil de l'année, il "durciçait" (il s'alcoolisait") mais nous ne nous en rendions pas compte car c'était très progressif. On l'appelait alors "le cidre ordinaire".
Puis, lorsqu'il avait atteint un certain degré d'alcool, on le mettait en bouteilles, et quelques temps après on le dégustait sous le forme de "cidre bouché", celui qui pétille.
Je me souviens avoir volé des bouteilles dans la cave de mes parents pour les boire sur le chemin du retour de l'école.
Je me souviens aussi avoir vidé les fonds de verres de Pernod en cachette losrque les invités repartaient.
Je me souviens encore que toute petite, les adultes me proposaient de "faire un canard" (morceau de sucre plongé dans du clava) et que j'aimais ça.
J'ai pris mes premières grosses cuites vers l'âge de 12 ans
A partir de 14 ans, c'est devenu régulier.
Excessivement timide, je cherchais le côté désinhibant de l'alcool.
J'ai ensuite commencé à consommer seul pour son effet anxiolytique, lors de ma première année dans mon post d'instit (1986).
Ça s'est arrêté net lorsque j'ai rencontré le père de mes enfants et que nous avons très rapidement souhaité avoir des enfants.
3 grossesses successives, 3 allaitements, pendant lesquels je n'ai plus bu une goutte d'alcool.
Puis ça a commencé à ne plus aller dans mon couple et je me suis progressivement remise à boire de l'alcool en cachette. C'était pour moi un remontant qui m'aidait à tenir lorsque le père de mes enfants rentrait du boulot.
Mais enfants avaient à peine 2, 4 et 5 ans lorsque j'ai quitté leur père.
Comme cette séparation s'est très mal passée, je suis retombée dans une consommation anxiolytique de plus en plus régulière.
En 1994, m'apercevant que j'allais jeter mes bouteilles de pastis à la nuit tombante pour ne pas qu'on me voie, je suis sortie du déni et cette honte que j'avais m'a montré le danger, mais c'est à ce moment que je suis devenue alcoolo-dépendante.
J'ai bu de plus en plus malgré les efforts que je déployais pour moins boire.
En 1996, le père de mes enfants s'est suicidé. Ça n'a pas arrangé les choses, même si je me suis sentie soulagée quelque part.
Et puis c'est allé crescendo.
Je pensais m'en sortir seule.
En 2013, je me suis rendu compte que je n'y parviendrais pas et j'ai consulté. Je suis allée dans un centre d'addicto qui ne jurait que par l'abstinence.
Cela ne m'a pas du tout convenu, j'ai abandonné cette piste au bout de deux mois, encore plus déprimée qu'avant.
Ce n'est qu'en 2014, soit 20 ans après ma sortie du déni, que ma route a croisé celle du Baclofène et la, tout a changé.
20 ans d'efforts, de honte et de culpabilité pour quasiment rien !
D'autre part, il est avéré maintenant que le meilleur chemin pour mener à l'alcoolo-dépendance, c'est de boire régulièrement avant que la maturation complète du cerveau.
Après cette maturation, les risques sont moins importants.
Désolée pour le pavé.
Flo
PS : j'oubliais aussi...
Une fois sortie du déni, j'ai mis de longues années à avouer mon alcoolisme et comme pour toi et Sylvie, les autres, même les médecins, refusaient de me croire tellement par ailleurs je semblais poursuivre ma vie normalement.
C'est moi qui ai dû alors les sortir du déni de mon propre alcoolisme.
Message édité 1 fois, dernière édition par Florence..., 04 Octobre 2015, 11:21
Un joli néo-proverbe trouvé sur le net :
Il y a des jours avec et des jours sans.
Et les jours sans, il faut faire avec...