Mon histoire- 3ème partie
En mars 1973, 2 mois avant mes 17 ans
"5 ans, déjà , coucou nous revoilà !"
Contre la loi Debré, manifs, sittings dans la rue, premières grenades lacrimogènes... un vent de liberté souffle et emporte tout sur son passage!
Mais... Maman a rencontré l'homme de sa vie. Un mec bien, clean, sensible, c'est vrai en plus. Avec lui, aucun danger. Seul tout petit problème: il est témoin de Jehova, et pour l'épouser, Maman a dû se convertir. Je ne parlerai pas de religion, c'est dit. Juste ce qui est venu se poser entre moi et ma liberté fraîchement entraperçue. Beau papa est médecin, et a un statut important dans sa congrégation. Les deux raisons qui m'ont incitée à fuir: pas le droit de faire de la politique, dont je ne parlerai pas non plus. Pas le droit d'écouter Beatles story le mardi soir à la radio, car c'est la réunion à la salle du royaume, et que je suis obligée d'y aller, à cause du statut de Beau papa. Les Beatles et Bowie, c'est sacré à l'époque (ça l'est toujours d'ailleurs!), quant aux manifs et à mon statut de déléguée au lycée, c'est mon oxygène...
Je veux bien faire le clown et aller chanter leurs petites chansons à toutes les réunions qu'ils voudront, je m'en fous comme de l'an 40. Mais pas touche à Beatles story, ni aux manifs.
Un soir, aux infos régionales, on m'aperçoit avec un mégaphone à haranguer les lycéens, Beau papa est toubib, et chef de la congrégation, Hou la la la la, le bordel. Qu'est-ce que les gens vont penser, hein... Autant vous dire que je m'en balance, mais pas eux, avec leurs gros yeux...
Un soir Maman exige que je la retrouve à telle heure le lendemain. Je ne peux pas, y a manif. Elle insiste forcément, je finis par me taire, mais j'irai à la manif, vous pensez bien. Quand je vous dis que je suis rebelle, et qu'il ne FAUT pas prendre le pouvoir sur moi. J'ai gardé cette façon de faire, quand quelque chose ne fonctionne pas du tout dans les relations: je me barre, sans sommation. Je ne dis pas que c'est bien, mais c'est comme ça.
J'y suis allée. Je ne suis jamais rentrée.
Et alors là , rapatriée chez Papa, qui malgré son regard jamais clair, alcool et désir mêlés, ne m'a plus jamais touchée depuis mes 7 ans, remarié avec une dame charmante mais complètement alcoolo, mais ce n'est pas le sujet, bref malgré tout ça,Papa bohème, pseudo libertaire, on mange quand on veut, par terre si on veut, on peut aller aux manifs, abandonner le lycée... je pense surtout que c'était le laisser aller total, qu'il ne maîtrisait plus rien à cause de l'alcool, mais pour une petite femelle assoiffée de liberté, c'était le top! Il a même accepté de me signer un papier m'autorisant à poser nue pour des photos, à condition que je réfléchisse pour ne pas "le regretter après"... Le grand n'importe quoi, et ce dans un grand studio, certes, mais où on dépliait suffisamment de lits tous les soirs pour que dorment les parents, mon demi frère et ma demie soeur, la belle mère, moi, et la grosse chienne...
PAS GRAVE!!! Génial! Et que je te fume des clops, des joints par ci par là , du LSD (expériences exceptionnelles à chaque fois, mais que je déconseille, pas sûr que ça n'ait pas généré ma fragilité psychologique par la suite...) je fais ce que je veux, quand je veux!
Quelques mois plus tard, je m'installe avec mon amoureuse, qui fut plusieurs années ma mono en camps de vacances,D..., pas une femme non, un genre de petit mec à mi-chemin entre Jean Seberg et Bowie, je ne sais pas si je suis homo ou pas, je m'en fous, je ne cache rien à personne, je suis comme je suis et ça ne regarde que moi!
Les 3 années les plus cool de ma vie. Des amis, plein d'amis, D... qui me protège, mais accepte mes dérapages, le THC elle participe, le LSD non, elle a peur pour moi, et me ramasse patiemment à chaque descente. Vie professionnelle top. Vie de couple géniale... très peu d'alcool à l'horizon à l'époque... la découverte de la vie, je suis curieuse de tout, l'angoisse je ne connais pas.
Et je me rends compte sur le temps que je ne suis pas homo, au lit, passé le flirt... à un moment c'est mort... je vois mon bonheur s'envoler... je ne veux pas faire de mal à D... qui elle est lesbienne à 100%, et qui ne voit pas venir le coup... et puis elle me protège, elle connaît ma sensibilité, comment ferai-je sans elle, j'ai peur...
Je rencontre un mec gentil, tout bouclé, pas trop viril... il tombe amoureux... il me faut plusieurs mois pour me lâcher, le sexe masculin me dégoûte et me terrifie, mauvais souvenirs peut-être... Et puis c'est parti, première fois à 20 ans, je quitte la maison, la rupture est un drame cosmo planétaire, l'horreur absolue, D... est effondrée...
Et moi je ne sais pas que c'est la fin du bonheur, et que l'alcool ne va pas tarder à pointer sa sale gueule.
A bientôt, ce sera moins drôle, forcément.
Début du TTT à 10 mg le 27 octobre 2015
Indifférence à 120 mg le 5 décembre 2015
Stabilisation prévisible: au moins 6 mois
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