Si on était tous "chimiquement pur", alors ça marcherait pour tout le monde
Hors, force est de constater que ce n'est pas le cas de tout le monde !
Moi je tiens à faire fonctionner ma tête et mon corps, ma tête avec mon corps, et l'équilibre n'est pas encore atteint :
ce n'est pas "du psy", c'est juste acquérir la compétence de savoir s'observer dans ses comportements,
de se poser la question du sens qu'ils ont, de l'émotion qui précède nos actions et qui les gouvernent
Ma conviction à moi, c'est d'apprendre à faire fonctionner ensemble ma tête, mon corps et mon esprit
et ne pas m'étayer qu'à l'extérieur, au seul médicament.
Le faire aussi en m'étayant à moi même, c'est à dire en renforçant ma "colonne vertébrale", au sens figuré.
C'est très loin d'une lutte quotidienne, dans l'effort et la force d'un combat (comme celui de l'abstinence ou de la restriction)
C'est une réflexion douce et lente sur la façon dont je me rends responsable de mes comportements,
comment doucement, je reconstruit ma vie sans addiction, comment j'y contribue,
comment je retrouve et j'active mes ressources internes.
Et je suis encore sur le chemin.
Mes achats compulsifs, oui, c'était des provisions de bouffe !
Elles sont toujours dans le congélateur, puisque les pulsions avaient disparus
Mais le début d'anxiété m'avait fait franchir une première étape.
C'est de cela que je me suis méfiée, je pense à raison.
Je peux encore me sentir fébrile, désorganisée, et c'est bien normal de l'être encore un peu,
vu que ma vie n'est pas encore un long fleuve tranquille
(et ne le sera jamais, on est toujours bousculé d'une façon ou d'une autre, à moins de vivre sous une cloche)
A ma grande surprise, quand j'ai repris le baclo, après un an de "zéro", je n'ai du remonter qu'à 60
Je pense que c'est à mon travail perso que je dois cette remontée modérée, alors que j'étais prête à remonter à plus de 100
Comme si mon corps avait compris, et ma tête aussi, pour arriver à m'arrêter juste à mi chemin entre zéro et mon seuil initial de 120.
Ces 60 mg que je ne prends plus, c'est comme une mesure du chemin parcouru en compréhension et confiance en moi même et l'action du baclo.
Ce n'est peut être qu'une image, mais elle m'encourage à poursuivre pour améliorer "mon score" personnel par rapport au score (efficacité) de la molécule.
Ce n'est ni un jeu, ni un challenge, ni "péché d'orgueil",
même si je suis d'une nature très indépendante qui a du mal à demander de l'aide et préfère souvent se débrouiller seule.
C'est juste que j'accepte ma situation, j'accepte à la fois que "je n'y suis pour rien" et à la fois que "j'y peux quelque chose"
surtout maintenant que j'ai effacé le sillon, unique réponse à mes difficultés existentielles.
Encore une fois, c'est la phrase de Sarte qui remonte à mon souvenir :
"Je ne suis pas responsable de ce qu'on a fait de moi, mais je suis responsable de ce que je fais de ce que l'on a fait de moi"
Et j'ajouterai, dans le plaisir et la satisfaction que je trouve à aider ici, et à apprendre à être aidée des autres (ici, et dans la vraie vie),
que c'est la relation qui soigne..
C'est le credo des thérapies existentielles, justement, dont vous trouverez un aperçu dans les romans d'Irvin Yalom
(commencez par "mensonges sur le divan", c'est palpitant, et c'est un roman, pas un manuel de psychothérapie !)
Pour conclure, c'est bien cette part là de moi que je soigne en ce moment : apprendre à vivre en harmonie avec mon environnement,
en accepter tout le bon et aussi le mauvais, plutôt que de rester sous une cloche, toute seule avec ma bouffe,
qui est le clivage délétère dans lequel je n'étais enfermée depuis tant d'années, sans en avoir conscience,
et qui a construit (tracé le sillon) de mon irrépressible addiction.
Bonne journée !
Claude
J'avais envie de remettre ton post en avant, car de toutes les discussions, celui-là me parle
Je suis soignée de l'alcool, là effectivement, ça n'a été qu'une histoire de gabab, affaire résolue
Maintenant j'ai toujours eu un rapport difficile avec l'alimentation, et cela continue
Pour moi, le baclo ne m'a pas aidée à arrêter ces pulsions, peut-être même que le soin de l'alcool a fait se reporter le problème sur la nourriture
En AA, avec l'abstinence, et avec le baclo, je me suis interdit de penser au "pourquoi", ça a fonctionné avec l'alcool
Le problème de nourriture reste entier, et là oui, ton post me parle
Sissi, je crois que l'on a bien compris que soigner le gabab t'a suffi, tout comme il m'a suffi pour l'alcool
Pourquoi en faire des tartines répétitives à ce point
Le sujet de ce fil est bien de s'entraider pour ceux que le baclo n'a pas été suffisant
En plus de très bonnes suggestions de lectures
Manue
Rechute depuis 2013, début du baclo, dose maximum atteinte 330 mg, dose de déclenchement 290 mg, de longs paliers à 190 mg, puis 120, bref, aujourd'hui à 50 mg, dose de confort depuis plus d'un an, plus d'excès d'alcool, 0 consommation en solo, quelques verres en famille une fois par an, sur deux ou trois jours, et encore... objectif atteint, en 7 ans... alors patience ;-)