... Je poste ici, car, si cela est clairement lié à ce qui "se passe"(comprenne qui pourra...) il s'agit surtout de moi dans ce que je vais dire.
Ok, il y a certains alcooliques pour lesquels l'alcool est le seul problème.
Mais je crois que pour beaucoup, l'alcool est lié à d'autres soucis, d'autres souffrances que l alcool aide souvent à apaiser.
En tous cas, c'est mon cas. Le seul dont je puisse parler d'ailleurs,en ayant la certitude de savoir mieux que quiconque ce dont je parle (ben oui, y'a que moi qui vit 24/7 with me)
Donc, une des raisons qui m'ont fait picoler plus que les autres, est:
Je ne fais rien à moitié (peut-être est-ce du à ma bipo? en tous cas c'est moi). J'ai toujours été attirée, et j'ai tjrs attiré, en amitié comme en amour, les personnes qui me ressemblaient : "entières" comme moi:
On s'adore à en mourir, je suis le centre de leur (bien petit) monde, un jour.
Le lendemain, tout est parti. Il ne reste plus rien de tout ça. Et j'ai l'impression qu'il ne reste plus rien de moi.
J'en ai développé une peur panique de l'abandon. Cette peur panique a eu 2 effets:
je suis devenue "sauvage" (dixit mon psy): je ne laisse personne m'approcher de trop près: après tout,si je ne me lie à personne, je ne souffrirai de l'abandon de personne.
..Et puis... Et comme il faut quand même bien se lier à quelque chose si on n'est pas autiste du moins:
et bien,si il y a bien quelque chose qui sera toujours là ,envers et contre tout, qui ne me jugera jamais, qui me consolera à chaque moment de détresse et me récompensera pour chaque victoire, ou chaque petite victoire, chaque mini-obstacle franchi dans ma vie: ce "quelque chose" , ça a été l'alcool pour moi.
Seule face à ma (mes) canette(s), je ne crains aucun jugement. Je ne risque pas de décevoir. Elles seront toujours là .
Toujours là . Sans jugement. Quoi que je fasse. Qui que je sois.
... ...
Et donc (merci la TCC) j'essaye peu à peu sortir de cette si confortable (mais toxique) relation avec l'alcool, pour retrouver, trouver, chez les humains, ce qui n'existe pas dans ma relation avec la Jupiler.
Un vrai challenge. Pour moi, et pour eux.
Des amités passionnelles, des amours fusionnels, des pour-toujours-et-jamais-plus: ça m'atomise, me détruit, ça a même fini en TS et HP (les autres allumés omprendront ces mysterieux acronymes), en tous cas ça se termine souvent en cuite.
J'ai besoin de choses très... calmes, pour me convaincre de me laisser aller à aimer et être aimée. En amour. En amitié.
Je n'ai pas envie de, j'ai peur, des relations "tout ou rien" , je t'adore/je t'ignore: ça m'angoisse tellement que je bois.
Alors je cheris cette si rare et merveilleuse chose pour moi, Ã mes yeux:
Une vraie relation à une autre personne, bien loin des extrêmes qui me hantent:
Il ne m'aime pas à 1OO%, je ne l'aime pas à 100%. On connait ce qu'on aime l'un chez l'autre, on sait aussi ce qui nous hérisse.
Mais c'est une amitié qui me permet de me détacher, doucement, de l'alcool.
Parce que cette amitié là me rassure. M'apaise. M'apporte la sérénité dont j'ai besoin. Dont je manque cruellement.
Me fait du bien, tout court.
Parce qu'elle est vraie, profonde, authentique.
On ne va pas, lui et moi, partir de grandes envolées lyriques: quand j'essaye, il fait le mort.
Mais je sais que chaque matin, à 6h30,il sera là pour m'encourager, m'accompagner,même les jours où l'angoisse est si forte, que sans lui je serais en arrêt maladie.
On se parle peu en fait, et de choses très terre-à -terre: "bien dormi?" "conso?" "boulot ajd?" "prothèse ok?", "bien mangé, quoi?"
Sans trop d'affect, sans effusion, mais je sais qu'il est là , pour moi. Et il sait que je suis là , pour lui.
Ca a beaucoup de sens pour moi.
Il sait que je ne veux entendre parler de ses répartitions de baclo, je sais qu'il ne veut pas entendre parler de mes calculs de calories, au delà de tous ça, de tous les détails futils, de toutes les divergences de vue -et il y en a beaucoup- il reste une amitié très forte et indéfectible.
Quoi qu'on pense ou dise, et même si nous sommes souvent en désaccord, je sais quelle belle personne se cache derrière l'écran (pour l'avoir vu en vrai), et je ne l'abandonnerai jamais. C'est mon ami.
Anne