Bonjour Ă vous,
Je vous écris avec ma merveilleuse amie Ricarde posée près de mon écran, après une belle nuit. 2 heures 30 de sommeil : je l’impute au fait de n’avoir bu que 2 bouteilles de vin rouge hier. J’ai été vertueux, mais du coup je ne me suis pas assez bien assommé. C’est un problème. Qui fait que je vais d’autant moins bien bosser aujourd’hui – si ce mot a encore vraiment un sens en ce moment. Ceci pendant que ma fille, qui commence tard ce matin, mange ses céréales à 5 mètres de là . Que j’ai des échéances monstrueuses professionnellement, sur un dossier majeur. Que je ne vais pas pouvoir assurer.
Mais cette nuit m’a apporté quelque chose : la lecture du bouquin de l’association – que m’a offert ma femme. L'association, je l'avais déjà découverte il y a 1 an. Mais je me racontais encore l’histoire du bon Polonais qui gère. Plus maintenant ; mais cette nuit : le bouquin, une dose d’espoir et de résolution supplémentaire.
Je m’approche de la quarantaine. J’ai dérapé assez tardivement, il me semble. Il y a 5 ans. Mais c’est allé vite. Par déraper, je parle de l’alcool tous les jours et en bonnes quantités. Depuis 2-3 ans, je ne compte plus en unités alcooliques mais en bouteilles de vin (1 point) ou d’alcool fort (3 points).
Dans les journées saines (elles sont exceptionnelles, peut-être 2 fois par mois), je réussis péniblement à n’enfoncer que 2 points. Les autres, c’est au moins une bouteille à 40. Assez souvent davantage et sans exception le week-end.
Si par épuisement je n’ai pas réussi à écumer tous les restes de la veille, j’attaque dès le réveil. Clope et 40, quoi de plus beau ? Quel meilleur démarrage, vraiment, pour une fabuleuse journée, au service de soi et d'autrui ?
Je ne comprends pas.
Je ne comprends pas ma faiblesse, qui fait que malgré l’effondrement que je vois venir inexorablement, les symptômes alarmants, les prises de conscience, les résolutions, je craque toujours avant 10, 12, 16 ou 18 heures. Absolument toujours sauf 2 fois en 2 ans.
Je ne comprends pas ma faiblesse, quand je la compare à la force de ceux qui peuvent justifier tout ça par des épreuves plus ou moins grandes. Je n’ai pas ces raisons-là . Ma famille est unie, ma femme m’aime et me soutient, je n’ai (presque) pas connu d’événement traumatique, je suis superficiellement en assez bonne santé et sans doute rattrapable, je n’ai pas de trouble psychique manifeste, je suis passé par des périodes difficiles professionnellement et économiquement mais j’ai maintenant les moyens de mettre tout cela derrière moi. Ce que je ne fais pas, parce qu’il y a ÇA, et que je fais encore illusion face à des gens exigeants. Je fais énormément illusion. Après la recherche de ma drogue, c’est ma principale obsession. Le reste est le reste. Mais je commence à déraper gravement et que les signes s’accumulent. ÇA me bouffe, jour après jour.
Et j’ai d’autant plus honte, quand je me compare à tous ces gens d’apparence ordinaire mais extraordinaires en vrai, qui ont vécu des choses vraiment dures, mais qui tiennent bon debout.
Je vais mal, tandis que tout (ce qui ne dépend pas de moi) va bien. Et je ne vois vraiment aucune bonne raison à n’être pas le roc que mes proches croient encore que je suis et dont ils ont besoin. J’essaie encore de jouer l’exemplarité face aux autres, alors que je sens en moi une odeur de ruines.
Why Oh Why? Pourquoi sommes-nous affligés de cette énorme faiblesse, programmés comme cela ? Pourquoi devons-nous épuiser toutes nos forces mentales et physiques pour repousser un unique désir, tandis que les autres les utilisent à de bonnes fins ?
Merci d’avoir ouvert les volets d’une fenêtre en laquelle je crois un peu.
Edit : dans mon désert médical, où aucun généraliste n'est disponible, j'ai rencontré à 16 heures un type d'SOS Médecins. Au moins, il ne se l'est pas joué Dieu le père "ça ne tient qu'à toi”, mais on était tellement pas sur la même ligne… Seule solution envisagée : l'hospitalisation ; balcon : no way. Demi-heure perdue. J'ai un autre RV prévu en addictologie dans une semaine. J'espère autre chose.
Je vous écris avec ma merveilleuse amie Ricarde posée près de mon écran, après une belle nuit. 2 heures 30 de sommeil : je l’impute au fait de n’avoir bu que 2 bouteilles de vin rouge hier. J’ai été vertueux, mais du coup je ne me suis pas assez bien assommé. C’est un problème. Qui fait que je vais d’autant moins bien bosser aujourd’hui – si ce mot a encore vraiment un sens en ce moment. Ceci pendant que ma fille, qui commence tard ce matin, mange ses céréales à 5 mètres de là . Que j’ai des échéances monstrueuses professionnellement, sur un dossier majeur. Que je ne vais pas pouvoir assurer.
Mais cette nuit m’a apporté quelque chose : la lecture du bouquin de l’association – que m’a offert ma femme. L'association, je l'avais déjà découverte il y a 1 an. Mais je me racontais encore l’histoire du bon Polonais qui gère. Plus maintenant ; mais cette nuit : le bouquin, une dose d’espoir et de résolution supplémentaire.
Je m’approche de la quarantaine. J’ai dérapé assez tardivement, il me semble. Il y a 5 ans. Mais c’est allé vite. Par déraper, je parle de l’alcool tous les jours et en bonnes quantités. Depuis 2-3 ans, je ne compte plus en unités alcooliques mais en bouteilles de vin (1 point) ou d’alcool fort (3 points).
Dans les journées saines (elles sont exceptionnelles, peut-être 2 fois par mois), je réussis péniblement à n’enfoncer que 2 points. Les autres, c’est au moins une bouteille à 40. Assez souvent davantage et sans exception le week-end.
Si par épuisement je n’ai pas réussi à écumer tous les restes de la veille, j’attaque dès le réveil. Clope et 40, quoi de plus beau ? Quel meilleur démarrage, vraiment, pour une fabuleuse journée, au service de soi et d'autrui ?
Je ne comprends pas.
Je ne comprends pas ma faiblesse, qui fait que malgré l’effondrement que je vois venir inexorablement, les symptômes alarmants, les prises de conscience, les résolutions, je craque toujours avant 10, 12, 16 ou 18 heures. Absolument toujours sauf 2 fois en 2 ans.
Je ne comprends pas ma faiblesse, quand je la compare à la force de ceux qui peuvent justifier tout ça par des épreuves plus ou moins grandes. Je n’ai pas ces raisons-là . Ma famille est unie, ma femme m’aime et me soutient, je n’ai (presque) pas connu d’événement traumatique, je suis superficiellement en assez bonne santé et sans doute rattrapable, je n’ai pas de trouble psychique manifeste, je suis passé par des périodes difficiles professionnellement et économiquement mais j’ai maintenant les moyens de mettre tout cela derrière moi. Ce que je ne fais pas, parce qu’il y a ÇA, et que je fais encore illusion face à des gens exigeants. Je fais énormément illusion. Après la recherche de ma drogue, c’est ma principale obsession. Le reste est le reste. Mais je commence à déraper gravement et que les signes s’accumulent. ÇA me bouffe, jour après jour.
Et j’ai d’autant plus honte, quand je me compare à tous ces gens d’apparence ordinaire mais extraordinaires en vrai, qui ont vécu des choses vraiment dures, mais qui tiennent bon debout.
Je vais mal, tandis que tout (ce qui ne dépend pas de moi) va bien. Et je ne vois vraiment aucune bonne raison à n’être pas le roc que mes proches croient encore que je suis et dont ils ont besoin. J’essaie encore de jouer l’exemplarité face aux autres, alors que je sens en moi une odeur de ruines.
Why Oh Why? Pourquoi sommes-nous affligés de cette énorme faiblesse, programmés comme cela ? Pourquoi devons-nous épuiser toutes nos forces mentales et physiques pour repousser un unique désir, tandis que les autres les utilisent à de bonnes fins ?
Merci d’avoir ouvert les volets d’une fenêtre en laquelle je crois un peu.
Edit : dans mon désert médical, où aucun généraliste n'est disponible, j'ai rencontré à 16 heures un type d'SOS Médecins. Au moins, il ne se l'est pas joué Dieu le père "ça ne tient qu'à toi”, mais on était tellement pas sur la même ligne… Seule solution envisagée : l'hospitalisation ; balcon : no way. Demi-heure perdue. J'ai un autre RV prévu en addictologie dans une semaine. J'espère autre chose.