Et voilà !
Pourquoi, j'avais intitulé mon fil "je commence à passer le bac? Parceque je n'ai jamais réussi à l'école que je quittai d'ailleurs à 16 ans. A 50 ans. C'est pas mal d'avoir un diplôme quand même! J'ai le bac.
Le Vendredi 17 février, je passais à 320 mg, me demandant jusqu’où je devrais monter. Je me voyais aller jusqu’à 400 ou..
J’y allais en connaissance de cause, puisque j’avais compris qu’il ne fallait jamais monter tant que l’effet secondaire de la précédente montée n’était pas passé. Lors de ma première montée, je me fixais des dates pour augmenter, chose que je n’aurais jamais du faire. Lors de la seconde montée, repartant de 30 ( a ne jamais faire !), je suis montée de 20 tous les 3 à 5 jours sans problème, arrivée à 160, les es sont réapparus donc j’y ai été beaucoup plus doucement.
Depuis le 17 février les 320 étaient repartis en 5 x 60 mg + 20 le soir de 6 h du matin toutes les 3 heures étant une picoleuse du matin au soir. J’étais toujours à 1/8 ième de ma consommation.
Le jeudi 24, ayant zappé la prise de 6h, je n’avais de choix que de prendre « des 70 » pour rattraper mon retard. Je fis donc 4X 70 + 40 au soir.
Le 25 pour mon déj. Brunch (la bonne excuse pour picoler vers 10h.30) je me sers un verre de vin rosé, je le jette dans l’évier. O o o. Je reprends quand même un petit coup (jamais mangé sans un verre de vin depuis 30 ans), puis étrangement, je tête sans conviction une petite lampée de vin. Je retourne au boulot. Retour vers 16h. Normalement, je m’en enfile 3 ou 4 ou 5 vite fait. Juste un fond de cuillère à café. Le soir pareil.
Je ne réalise pas encore ce qui m’arrive. Le samedi 26, nous partons dans une villa que nous avons louée à la mer pendant les vacances scolaires. Je prends un bib de vin par habitude et par peur d’en manquer. Avant, j’en aurais pris minimum 3 « en réserve ».
Je me regarde.
Je m’observe
Je constate.
Je suis calme
Je pense à tous ceux et celles du forum.
Je ne jubile pas.
Je vais sur la plage de laquelle je ne remonte pas 10 fois pour aller me servir les verres de vin nécessaires d’avant.
Je prends conscience qu’il s’agit d’une mort, que c’est fini. Tout ça est étrange. C’est le seul mot qui me viendra à l’esprit pendant ces deux jours.
Le combat a été rude et long. J’ai parfois perdu confiance et puis j’ai eu tellement de problèmes à régler au boulot et dans ma vie. J’ai tenu malgré les doutes, malgré ces es qui me laissaient a terre et meurtrissaient tout mon corps, le visible, l’interne et l’intime, le cerveau, la manière de penser, la sensibilité.
Ces deux jours à la mer, je m’isole avec un livre : la désobéissance de Moravia le sublime.
Je lève parfois la tête et je regarde mes enfants jouer. Je sais que je l’ai échappé belle pour elles, qu’elles ne se sont probablement jamais rendues compte de rien.
Avant, le soir, y'a pas si longtemps, j’étais nerveuse et fatiguée, mais je mettais toujours ça sur le compte du travail, en fait j’étais blindée.
Il est évident que les enfants grandissant auraient fini par ne pas trouver normal que leur mère boive du vin à 9h du matin. Et seraient alors arrivé le constat que leur mère est alcoolique. Combien de fois y ai je pensé. Combien de fois. Des milliers.
Le soir, des amis viennent prendre l’apéro, entretemps, j’avais dit à mon époux que c’était fini. Il me propose quand même et sans malice un verre de vin, je lui fais un sourire, et lui réponds : « non, un soda citron merci ». Les amis partis, il me dit : « A ce point là ? » je lui réponds oui. Il ne réalise pas encore non plus.
Le week terminé, je repars au boulot puis retournerai à la mer tous les soirs.
Persuadée, qu’avec le dosage « raté » je veux dire que si j’avais pris 4X 70 mg, j’aurais été indifférente à 280, pendant la semaine je veux redescendre à ce dosage. Je descends à 310 puis 300. Crac, léger craving – genre 2 bonnes cuillères à soupe 5 fois par jour au lieu de 3 cuillères à café. Ma théorie ne tient pas. Je remonte à 310.
Le lundi, en repartant au boulot – maison, je me suis dit : « c’est peut être pas encore gagné, tu retournes à tes habitudes » J’ai effectivement été déjeuner, pris un fond de verre genre cuillère à café. Ca a fait 3 cuillères à café jusqu’au lendemain. Je mettrai ça sur le compte des vielles habitudes (vieilles déjà ?).
Depuis quelques semaines, passant de 1/6 à 1/8 ième de ma consommation, j’étais beaucoup plus disponible au boulot, je veux dire, que je ne faisais plus des allers retours constants entre la maison et la production - bureau pour aller remplir des verres qui ne me suffisaient jamais. (Pour rappel, je buvais 3 litres de rosé par jour depuis des années)
Maintenant, je vais déjeuner vers 13h. Le personnel ne comprend rien à mon changement d’horaire. La bonne à la maison, me félicite de ne plus boire et me dit que c’est incroyable, mais insiste pour que je mange, c’est vrai que depuis quelques temps, je mange à peine. Pas faim. Ca m’arrange car j’ai quelques kilos en trop. J’en ai perdu 13 à l’heure ou je rédige ce texte.
Le bib est toujours dans le frigo. Au début, la première semaine que j’appellerai « la pré indifférence », je n’aurais jamais osé ne pas en avoir dans le frigo. Et puis, je vous l’ai dit, j’y vais encore par cl mais j’y vais. Mon mari boit de temps en temps, je veux dire tous les deux ou trois jours un petit verre de vin donc autant le laisser. Le bib est presque fini – ca fait 3 semaines qu’il est dans le frigo- avant j’en vidais un par jour. Quand il sera fini, je n’en remettrai plus au frigo.
Ce week end, un couple de très grands amis est venu dormir chez nous, Ils savaient pour le bac et avaient lu le livre. Quand ils m’ont vue, ils étaient tout surpris, le visage pas gonflé et lisse, les kilos en moins. Je leur ai dit que c’était fini. Le dimanche matin, on a ouvert une bouteille de champagne à 10 heures sur la plage pour me fêter et fêter la vie. J’ai trempé mes lèvres dans le verre de champagne de mon époux. Après 9 jours de pré indifférence, j’ai mesuré la liberté. Sans emphase, ni hurlement de joie. Tranquillement, sereinement, presque de manière contemplative. Oui, je peux dire que je suis indifférente.
Olivier Amesein, soyez honoré pour votre découverte. Chapeau bas, Monsieur, vous m’avez sauvé la vie grâce au baclofène, et par le fait d’avoir partagé cette découverte avec les lambda que nous sommes.
Je vous blâme tout autant pour votre fatuité, et votre volontaire non prise en compte du gros problème des es, dont je pense avoir fait tout le tour à genoux et dans des souffrances qui auraient pu être évitées à moi et à tant d’autres si vous aviez daigné ne serait ce que nous écouter. J’en connais quelques uns et quelques unes qui sont restés sur le pavé ne pouvant se soigner tellement ils étaient brisés par les effets secondaires. Souvenez vous de nos échanges épistolaires. Vous m’avez battu froid, dès que j’ai parlé des effets secondaires. Passons.
L’indifférence. Oui, je suis indifférente, ca c’est sûr, mais je ne me considère pas encore comme guérie. J’estime que je le serai quand je serai descendue à ma dose de confort.
Et puis, pas envie de quitter ce forum à qui je dois beaucoup, qui m’a souvent servi de journal – uniquement – que je n’ai pas encore relu d’ailleurs. Y’a eu des coups de gueule, des coups de blues, des malentendus. Des levers de bouclier, ca prouve que ce forum vit.
Vous m’avez pionnée au max et moi, je vous suivais, riant sous cape. Pas envie de vous quitter, ma famille de désespoir et de renaissance. Je vous dois tant.
L’essentiel étant la réalisation du but recherché : L’indifférence puis la guérison.
Je pourrai tous et toutes vous remercier, mais on ne va pas se la jouer comme aux oscars.
Dire aux nouveaux :
Oui, ca marche. Ca c’est sur, mais faut y arriver et parvenir à franchir ces es dégueulasses si on a la malchance d'en avoir. Si on se plante. Baisser et ne pas lâcher.
Je ne peux pas résister. J’y vais quand même
Merci particulier à Florette pour les débuts, plus fort encore à Sylvie et Yves d’avoir créé ce forum, de tenir bon et d’aider tant de gens à s’en sortir, à tous « les vieux de la vieille » d’ouvrir en grand la porte et leur cœur et d’accueillir tous ceux qui comme moi étaient en telle désespérance.
Y’a d’autres mercis ou regrets particuliers, mais je me les réserve en « off »
Bises à tous et à toutes
Bises ceux et celles qui ne sont pas encore indifférents, ne lâchez pas, jamais, écoutez les « vieux » : leur expérience et connaissance vous aideront le plus.
Et à toi Julie, indifférente depuis 11 jours