BIENVENUE AUX LECTEURS COURAGEUX !
(Désolée pour les autres, mais je ne vous en voudrai pas de ne pas lire)
A l'orée du tunnel (vers la sortie), un petit coup d’œil dans le rétroviseur...
- avant le Baclo, plus ou moins une bouteille de pastis pur tous les deux jours
- grosse cuite la veille de mon traitement.
Je pense que c'était un peu comme la dernière clope du condamné à mort.
Comme je savais que ça "risquait" d'être la dernière cuite, j'ai mis le paquet.
J'ai constaté en lisant le forum que je n'étais pas la seule à avoir réagi comme ça.
- premier comprimé de Baclo fin janvier 2014
- augmentation progressive de 10 mg/semaine (mon médecin n'y connaissant rien en Baclo m'avait prescrit une augmentation beaucoup plus rapide mais j'ai pris mon traitement en mains et j'ai temporisé à cause des EI)
- lecture du forum, d'un bon nombre d'articles sur le Baclo et visionnage d'un tas de vidéos sur le sujet à partir de ce moment, mais inscription seulement mi-avril
- pas de limitation volontaire de ma conso.
Il n'était pas alors si clair que maintenant qu'une moindre conso permettait d'éviter des EI et de monter moins haut en dosage pour être à son seuil.
- conso qui diminue de façon spectaculaire dès le 3ème jour du traitement
- je ne sais plus quand ni à quel dosage (et j'encourage les nouveaux arrivant à noter précisément les étapes de leur parcours), descente de mon dosage à cause des EI insupportables
- courant mai, découverte du fait que les douleurs attribuées au Baclo ne lui sont pas dues mais qu'elles sont les symptômes d'une polynévrite alcoolique (je ne remercierai jamais assez Manue qui m'a provoqué cette prise de conscience. Cette polynévrite, non soignée, peut entraîner des dégâts irréversibles)
- fin mai, début du traitement contre la polynévrite avec du Lyrica en antalgique de ma neuropathie
- 1er juin, découverte d'un problème gynéco qui nécessitera une intervention chirurgical sous anesthésie générale programmée pour le 30 juin
- le Lyrica me provoque des EI démentiels (ceux du Baclo en beaucoup plus forts,, ceux de l'alcoolisme comme le titubage, les troubles de la vue), et un tas d'autres.
Les effets sont physiques et psychologiques (manque de patience, agressivité, confusion mentale etc)
C'est vraiment une catastrophe pour moi, je ne me reconnais plus, je suis incapable le soir de lire le forum, d'écrire des textos.
Je dois me déplacer en tenant les murs et les meubles comme un bébé qui apprend à marcher, je dois attendre de prendre des douches d'avoir de la compagnie tellement j'ai peur de tomber et je ne prends ma voiture qu'à certains moments où je me sens sûre de moi et en prévoyant de m'arrêter aussitôt en cas de problème
- mon anesthésie générale me provoque également d'énormes troubles pendant plusieurs mois ; perte de la notion du temps, confusion mentale etc.
Malheureusement, tout comme pour le Baclo, il me faut arrĂŞter le Lyrica progressivement.
Pour le remplacer, je prendrai ensuite un AD qui est efficace comme antalgique pour ma polynévrite
- période où en plus de mes soucis de santé je dois déménager et faire face à de très gros problèmes perso dans tous les domaines, de la santé de mon chat aux tracas financiers en passant par des soucis de connexion à internet et des pannes de voitures.
Ce ne sont plus des tuiles qui me tombent dessus, c'est ma charpente qui s'effondre
- fin juillet, un trébuche qui m'envoie aux urgences où je suis traitée comme un chien.
Je n'ai pas bu énormément comme avant mais mon état de santé physique et psychique est tellement mauvais que l'alcool décuple ses effets.
- je stagne encore plusieurs mois question conso bien que j'aie repris la montée en Baclo, probablement en partie à cause des problèmes perso qui me minent (et qui ne m'ont à ce jour toujours pas quittée.
- fin février 2016, j'ai entamé une diminution du Baclo (de 10 mg/semaine et avec l'aval de mon psy et de mon MG) en espérant rencontrer l'indifférence en descendant (plausible ratage de seuil).
Je décide aussi de remplacer mon apéro rituel du midi par du jus de pamplemousse.
Je tiens le coup même si c'est dur mais je reconnais que ça change complètement ma vie.
D'autre part, ma conso n'étant plus que rituelle depuis longtemps déjà (je ne prenais plus du tout d'alcool pour son apport anxiolytique et j'ai toujours détesté l'ivresse) cependant qu'avant la seule perspective de passer un seul repas sans pastis pouvait m'angoisser jours et nuits des semaine à l'avance, il semble inutile que je continue à augmenter le Baclo, il a fait son boulot et c'est à moi de faire le reste.
- juin 2016 (environ), je décide de remplacer également mon apéro du soir par du jus de pamplemousse.
Je m'autorise cependant à 2 apéros le week-end, ça m'aide à m'abstenir pendant la semaine.
Je m'autorise aussi Ă boire de l'alcool convivial, lorsque je suis en compagnie.
Mon objectif qui était de ne plus boire seule est quasiment atteint.
Malheureusement, la polynévrite ne me lâche pas et je suis obligée de poursuivre son traitement (mis à part l'antalgique, un apport en vitamines du groupe B et plus particulièrement la B1) que je suis depuis un an, par des injections quotidiennes et quelques périodes de répit où je prends des comprimés (dont l'efficacité est moindre même à plus fort dosage).
C'est pour cela que j'ai fini aussi par remplacer mes 15 cl de cidre du repas par de la bière sans alcool, ce qui me donne une consommation totale de 2 apéros bien tassés par semaine.
- hier soir, jour d'apéro, une nouvelle trébuche et premier black out total depuis le début du Baclo (pour rappel, fin janvier 2014).
Je supporte visiblement moins l'alcool qu'avant. Une moindre conso me fait beaucoup plus d'effet.
Je crois que comme pour le "capital soleil" qui fait que l'on se chope des coups de soleil de plus en plus facilement au fil des expositions, on possède un "capital alcool".
Schématiquement, pour le soleil comme pour l'alcool, quand on a bouffé notre capital, on supporte de moins en moins les expositions ou les consommations, comme si le quota à ne pas dépasser devenait de plus en plus bas au fil du temps.
OĂą j'en suis actuellement ?
Après être montée à 280 mg, je suis descendue à 70 mg.
Je remonte à 80 demain à cause de ma trébuche d'hier.
De toute façon, après avoir subi la plupart des EI du Baclo, j'en suis désormais quasiment débarrassée.
Je reconnais que si j'ai supporté ces EI, c'est bien parce que je suis à la retraite.
Sans cela, il m'aurait été impossible de continuer le traitement parallèlement à mon travail d'instit.
Comme je le disais dans un de mes récents posts, je ne suis pas indifférente et ma petite consommation me coûte et d'une certaine manière, me fatigue.
Le soir, il me faut souvent engager une partie de bras de fer avec l'alcool.
Hier soir, c'est l'alcool qui a gagné pour la première fois.
Les causes ?
Peut-être mon passage à 70, peut-être mes soucis perso (y compris un énorme problème familial qui s'est déclaré fin février), qui me préoccupent énormément au quotidien et ne fait que se gâter encore et encore.
Conclusion...
Je fais toujours confiance au Baclo (et à moi-même, et aux deux médecins, psy et généraliste, qui me suivent).
J'attribue la longueur de mon parcours, tout du moins en grande partie, à mes problèmes extérieurs à l'alcool.
Je ne crains pas la rechute mĂŞme si je reste vigilante.
Avec tout ce que je me trimbale de soucis depuis un peu plus d'un an, si j'avais dĂ» rechuter, ce serait fait depuis longtemps.
D'autre part je ne crains pas non plus la guérison.
Je sais parfaitement comment utiliser mon temps en dehors de l'alcool et son absence ne me laissera assurément pas un vide à occuper, bien au contraire.
De plus, comme je suis sortie du déni de mon alcoolisme en 1994 et que je lutte contre lui depuis cette époque, je ne serai pas du tout prise au dépourvu comme il en existe certains qui se sont sentis complètement déboussolés lorsque l'alcool n'a plus fait partie de leur vie.
Alcool ou pas, je pense que je garderai quelques petits Baclo sous le coude à vie parce que le Baclo m'a permis de me délivrer spontanément des anxiolytiques et somnifères d'antan.
Je pense même qu'il agit aussi chez moi comme AD puisqu'en reportant ma prise du matin plus tard dans la journée, je me sentais nettement moins bien.
Mon psy m'a tout de même augmenté l'AD que je prends en tant qu'antalgique à cause de mes problèmes perso qui sont désormais principalement l'objet de mes visites.
Ben voilĂ !
Presque sortie du tunnel, je mesure ma chance, même si mon parcours a été long et n'est pas tout à fait fini.
Hélas, je ne parviens pas à m'en réjouir car mes autres soucis me minent.
Ceux-ci sont tout simplement parvenus à détrôner la foi que j'avais en l'être humain.
Tous les jours, à tous les instants, je me demande : mais comment est-ce possible d'agir comme ça ?
Déjà que ça m'est impossible de concevoir cela de la part d'une personne lambda, quand des comportements tels que ceux que j'observe ou qui me touchent directement émanent d'un être que j'ai aimé, ça me désarçonne complètement, ça m'atterre, ça me met à terre, ça me torture.
Tous les matins quand j'ouvre un œil et que je reprends conscience, la réalité m’assomme, je dois me rendre à l'évidence, je n'ai pas rêvé, ce que je vis est un cauchemar, mais bien réel.
Depuis mon déménagement, je vis dans une maison de rêve, une maison que j'ai vraiment choisie, que j'aime, et située dans un cadre géographique que j'aime tout autant.
Mes 3 enfants sont super bien dans leur peau et je récolte au centuple les fruits de l'éducation que je leur ai donnée.
Cependant, je n'ai jamais été aussi mal de ma vie.
J'ai malheureusement bien conscience que je la gaspille à ne pas parvenir à profiter de tout ça.
C'est comme de l'eau pur qui me file entre les doigts et cela accroît ma douleur.
Il y a quelques temps, une amie a réussi à me traîner sur une très jolie plage à deux pas de chez moi.
Ça m'a fait très mal.
Voir toute cette beauté et ne pas savoir en profiter à cause de tout ce qui me cogne dans la tête, ça m'est insupportable.
J'aurais préféré qu'elle m'emmène dans une déchetterie.
Là au moins, mon état psychique aurait été en accord avec le décor.
Voir de belles choses me fait désormais mal.
Je ne peux plus lire ; mon esprit s'évade à toutes les lignes.
Je ne peux plus être en compagnie très longtemps ; fixer mon attention plus de 5 minutes est un tour de force pour moi.
Suivre une discussion également, y intervenir encore plus.
Je ne peux plus créer, plus écrire, plus dessiner, plus jouer de la musique, pour ces mêmes raisons.
Je me force à manger mais je n'en éprouve plus de plaisir.
Je ne suis plus moi...
A Lee : comme j'aimerais être plus moi pour pouvoir t'accompagner dans ton adversité...
Message édité 5 fois, dernière édition par Florence..., 29 Aout 2016, 4:10
Un joli néo-proverbe trouvé sur le net :
Il y a des jours avec et des jours sans.
Et les jours sans, il faut faire avec...