Tchoupi, il y a du paradoxe dans ce que tu écris.
Je ne pense pas que la problêmatique des TCA soit bien cernée puisque les reponses thérapeutiques apportées ne sont pas les bonnes.
En effet, la psychothérapie classique n'est pas adaptée aux troubles TCA, tu le soulignes bien: l'enfermement, l'isolement (interdiction de voir les proches!!!!), les contrats de poids (si tu prends 5 kilos, tu pourras récupérer ton gsm) sont, en plus d'être des pratqiues d'un autre âge, très rarement efficaces.
Stigmatiser le père, la mère me semble tout autant inadapté. Dans mon cas, les psychothérapies m'ont aidées à pardonner, à comprendre, à accepter ce que je ne pouvais pas changer parce que ce n'était pas de mon ressort. Mais ça n'a pas soigné le mécanisme mis en place par mon cerveau pour gérer tout ce mal-être.
Voilà ce qui me fait dire que les problémes TCA ne sont pas bien cernés. Il y a cette dimension physique, mécanique, pavlovienne qu'on ne prend pas en considération dans les TTT.
Velvet, tu relèves un point hyper important dans ton discours: la notion de "contrôle". Pour les anorexiques, c'est une notion souvent mise en avant. Parvenir à contrôler sa nourriture, son poids donne un sentiment de puissance, à la fois sur son propre corps, mais aussi sur l'entourage. En maigrissant de façon extrême, alors que le corps disparaît, on n'est jamais aussi "vu" par les proches qui en s'inquiétant pour nous, nous mettent au coeur de la dynamique familiale. Il y a donc quelque chose de pervers dans l'anorexie. Pervers dans le sens "perverti", modifié.
Dans la boulimie vomitive, la notion de contrôle est aussi au coeur du problème. On perd le contrôle en mangeant (auto-hypnose, déconnexion du réel, lâcher-prise total), on reprend le contrôle en vomissant/en prenant des laxatifs/en s'astreignant à une alimentation hypocalorique. Là , ça devient difficile parce qu'on sait qu'on peut contrôler, mais qu'on n'y arrive pas toujours. Alors on s'en veut, on s'incriime, on culpabilise, on se déteste, on se dévalorise.
Enfin, l'hyperphagie est dans la totale perte de contrôle, sans plus de garde fou, sans plus de fierté de soi de parvenir à "contrôler". L'image dégradée qu'on a de soi s'accompagne désormais d'un corps effectivement abîmé, d'une image sociale de faiblesse. On a honte, on s'enfonce dans l'isolement, les mensonges. On nous reproche notre manque de "volonté" alors que de tout notre être, de toute notre "volonté", on ne souhaite que ça, parvenir à retrouver une image, un comportement en adéquation avec ce qu'on est.
Voilà pour moi, les 3 âges des TCA. On soigne en priorité l'anorexie parce que l'hyper contrôle méne à la mort. Mais, et cela n'enage que moi, l'hyperphagie est beaucoup plus destructrice de la psyché, de l'estime de soi, du lien...
Et là , je me rends compte que je suis partie complètement en sucette en que je ne sais plus où je voulais en venir... Je vais tenter une heure de dodo avant le boulot.
Bonjour

Pao.
"Je vis ma vie en éternel point d'interrogation. Je vis dans sa courbe et ma chute me renvoie toujours vers le haut, comme un toboggan perpétuel. Un jour peut-être, aurais-je moins d'élan, moins d'allant et je desecendrai paisiblement vers le point" CG, 2001.