Mon histoire n’est pas très différente de celle de beaucoup d’autres. Vous êtes libres de ne pas la lire mais j’avais besoin de l’écrire.
J’ai eu mes premières cuites régulières vers l’âge de seize ou dix-sept ans. D’abord une fois par semaine, puis deux. C’était normal. Tout le monde autour de moi faisait ça. J’étais jeune, je faisais la fête.
Ça ne signifiait rien. Très rapidement, je n’ai plus bu en faisant la fête, boire était devenu la fête.
Puis il n’y a plus eu besoin d’occasions. Quelques amis suffisaient largement.
Bien sûr, on m’avait averti. Mais d’une manière ou d’une autre, j’étais persuadé que je ne m’en laisserais pas arriver là . Que je saurais quand l’alcoolisme frapperait à ma porte, qu’il y avait un seuil qu’il me suffisait de ne pas franchir. Et bien sûr, j’avais tort. Grands dieux, comme je me trompais !
Je suis parti à l’université, ce qui m’a débarrassé de la tutelle parentale. Ma copine qui maintenait une autre forme de surveillance a fini par me quitter et le désastre a pu commencer. J’étais malheureux. C’était normal. D’abord trois verres de whisky le soir, tout seul. Puis cinq. Puis le vin à midi, sans compter les bières qu’on s’envoyait la journée à la fac. Vous savez, « je peux très bien arrêter, c’est juste que je n’en ai pas envie. »…
Bizarrement, malgré les gueules de bois, l’angoisse de ser éveiller sans se souvenir de ce qu’on a fait de sa nuit, la honte quand on me le racontait, les échecs et les ruptures successives, les voitures détruites Dieu merci sans autres dommages…je n’ai jamais eu « envie d’arrêter».
[size=16]Jusqu’à ce que même mes anciens compagnons de beuverie me regardent avec inquiétude parce que je ne pouvais plus passer une soirée sans m’endormir devant tout le monde, qu’aucune fille ne veuille plus de moi malgré un physique que tout le monde tient pour agréable. Jusqu’à ce que je ne puisse plus prendre ma voiture le soir sans avoir peur de tuer quelqu’un. Ma vie à moi n’avait plus grande importance tant j’avais renoncé à tout sauf à l’alcool. Je ne compte plus les fois où j’ai voulu y mettre un terme avant de provoquer un drame encore plus grave.
Et là , oui, là j’ai voulu y mettre un frein. A ma grande horreur, j’ai constaté rechute après rechute que de freins, je n’en avais plus.A l’heure où j’écris ces lignes, je n’aiencore que ma volonté vacillante qui m’a bien permis de diminuer ma consommation (une bouteille de vin par jour et je dois faire un effort considérable pour ne pas aller en acheter une deuxième)mais ne suffira jamais à me faire arrêter.
Comme beaucoup d’autres, je suis allé voir les alcooliques anonymes…et j’en suis sorti plus désespéré qu’autre chose. L’abstinence totale est un effort qui n’a d’autre perspective que de pouvoir « tenir » un jour de plus. C’est une lutte sans fin, sans espoir. J’ai délibérément replongé après ça. Même si avec l’alcool, rien n’est jamais vraiment délibéré.
Quand j’ai lu un article sur le Baclofène, j’ai enfin vu une vraie porte de sortie. Par chance, j’ai une mère médecin qui m’a bien trop souvent vu ivre mort. Elle n’a pas été difficile à convaincre. J’espère que si elle me voit atteindre le seuil de l’indifférence, elle osera le proposer à tous ceux qui en feront la demande. Je commence demain matin.
Message édité 2 fois, dernière édition par Sylvie, 05 Mars 2012, 21:31
J’ai eu mes premières cuites régulières vers l’âge de seize ou dix-sept ans. D’abord une fois par semaine, puis deux. C’était normal. Tout le monde autour de moi faisait ça. J’étais jeune, je faisais la fête.
Ça ne signifiait rien. Très rapidement, je n’ai plus bu en faisant la fête, boire était devenu la fête.
Puis il n’y a plus eu besoin d’occasions. Quelques amis suffisaient largement.
Bien sûr, on m’avait averti. Mais d’une manière ou d’une autre, j’étais persuadé que je ne m’en laisserais pas arriver là . Que je saurais quand l’alcoolisme frapperait à ma porte, qu’il y avait un seuil qu’il me suffisait de ne pas franchir. Et bien sûr, j’avais tort. Grands dieux, comme je me trompais !
Je suis parti à l’université, ce qui m’a débarrassé de la tutelle parentale. Ma copine qui maintenait une autre forme de surveillance a fini par me quitter et le désastre a pu commencer. J’étais malheureux. C’était normal. D’abord trois verres de whisky le soir, tout seul. Puis cinq. Puis le vin à midi, sans compter les bières qu’on s’envoyait la journée à la fac. Vous savez, « je peux très bien arrêter, c’est juste que je n’en ai pas envie. »…
Bizarrement, malgré les gueules de bois, l’angoisse de ser éveiller sans se souvenir de ce qu’on a fait de sa nuit, la honte quand on me le racontait, les échecs et les ruptures successives, les voitures détruites Dieu merci sans autres dommages…je n’ai jamais eu « envie d’arrêter».
[size=16]Jusqu’à ce que même mes anciens compagnons de beuverie me regardent avec inquiétude parce que je ne pouvais plus passer une soirée sans m’endormir devant tout le monde, qu’aucune fille ne veuille plus de moi malgré un physique que tout le monde tient pour agréable. Jusqu’à ce que je ne puisse plus prendre ma voiture le soir sans avoir peur de tuer quelqu’un. Ma vie à moi n’avait plus grande importance tant j’avais renoncé à tout sauf à l’alcool. Je ne compte plus les fois où j’ai voulu y mettre un terme avant de provoquer un drame encore plus grave.
Et là , oui, là j’ai voulu y mettre un frein. A ma grande horreur, j’ai constaté rechute après rechute que de freins, je n’en avais plus.A l’heure où j’écris ces lignes, je n’aiencore que ma volonté vacillante qui m’a bien permis de diminuer ma consommation (une bouteille de vin par jour et je dois faire un effort considérable pour ne pas aller en acheter une deuxième)mais ne suffira jamais à me faire arrêter.
Comme beaucoup d’autres, je suis allé voir les alcooliques anonymes…et j’en suis sorti plus désespéré qu’autre chose. L’abstinence totale est un effort qui n’a d’autre perspective que de pouvoir « tenir » un jour de plus. C’est une lutte sans fin, sans espoir. J’ai délibérément replongé après ça. Même si avec l’alcool, rien n’est jamais vraiment délibéré.
Quand j’ai lu un article sur le Baclofène, j’ai enfin vu une vraie porte de sortie. Par chance, j’ai une mère médecin qui m’a bien trop souvent vu ivre mort. Elle n’a pas été difficile à convaincre. J’espère que si elle me voit atteindre le seuil de l’indifférence, elle osera le proposer à tous ceux qui en feront la demande. Je commence demain matin.