Bonjour Sabine!
j'ai enfin eu/pris le temps de reprendre ton fil du début, il est, comme l'ont dit les autres, effectivement très dense et passionnant! j'ai pris un petit calepin pour noter des mots clés lorsque je voulais réagir, j'espère que cette réaction ne sera pas trop indigeste...
J'ai beaucoup apprécié les ouvertures que tu permets à ceux qui te lisent, sur la musique notamment. Mentalement, cela aère l'esprit!
Il y a eu beaucoup d'échanges sur les EI, dont certains sur lesquels je voulais rebondir. Déjà de façon égocentrée, j'ai vu quelqu'un parler d'accès de parano (et je suis confuse mais j'ai oublié qui) et ça m'a beaucoup parlé, j'ai en effet eu d'inexplicables mais très palpables "bouffées" de paranoïa, où pendant quelques heures j'avais la sensation très franche et détaillée que les gens avec qui j'interragissais m'en voulaient ou me dénigraient. Ce n'est pas dans mon naturel, c'est pourquoi je l'ai noté. Et heureusement que cela n'a été que très ponctuel parce que ça m'obsédait totalement...
J'ai des problèmes d'insomnies, mais qui étaient préexistants à mon traitement donc je ne fais pas un lien direct entre les deux. En revanche j'ai depuis seulement un mois et demi des énormes suées nocturnes aussi (alors que je suis sous traitement depuis un an, comme quoi...) je vais sûrement tester le demi comprimé au coucher pour voir ce que cela fait.
J'ai eu la chance de n'avoir pas des effets secondaires trop horribles (sauf ponctuellement, et notamment à certaines augmentations ou diminutions pas bien gérées) mais surtout je les ai accueillis dès le début comme la preuve que mon corps réagissait à la molécule et donc comme quelque chose de positif. J'ai donc totalement prix mon parti d'acouphènes pourtant très forts, de vertiges et d'étourdissements assez marqués en fin de journée (j'essaie de les laisser me bercer)... Tout est mieux que 1) la gueule de bois et 2) la douleur dans tout le corps (et l'esprit) (et le porte monnaie...) lorsqu'on a mangé à s'en faire éclater la chair et que l'on s'est vidé comme l'on retournerait un gant de toilette.
Concernant tes nausées, j'en ai eu de très très fortes au début du traitement qui sont complètement passées en augmentant, c'est l'effet surprise des EI!
Pour revenir une seconde sur les insomnies, en tant que "vieille" habituée, le produit le plus efficace que j'ai trouvé à ce jour s'appelle Som'actifs et contient de la mélatonine et de la sérotonine (ainsi que des plantes). Il m'évite souvent mes réveils nocturnes.
Il a été évoqué aussi ici la question du sucre et de son influence sur les cravings (de nourriture et/ou d'alcool). Je me suis pas mal renseignée sur la question et j'ai effectivement constaté qu'en limitant ma consommation de sucres "rapides" (sucres raffinés en gros) et en compensant par des glucides à index glycémique plus bas voire pas de glucides selon les repas, je conservais toute mon énergie et surtout lorsque l'appétit arrivait ensuite il était beaucoup moins "pulsionnel". C'est peut être une piste à étudier.
La question de la cigarette est revenue aussi à de nombreuses reprises, pour ma part il n'y a pas photo, j'ai fumé très sporadiquement au gré de mes activités et de mes relations amoureuses mais jamais en 30 ans cela n'avait été quotidien. Et depuis que j'ai atteint une certaine dose de baclofène (je dirais 150mg/jour) ce qui était un plaisir totalement dispensable est devenu un besoin quotidien. Je me dis que ce n'est pas l'urgence mais je garde en tête la volonté très forte d'arrêter (mais il y a des priorités!).
Enfin et en fait le message le plus important que je souhaitais faire passer concerne la nourriture, bien sûr!
Tu n'es pas encore libérée de tes pulsions/ton addiction dirigées vers la nourriture, et j'ai lu ici des choses sur lesquelles je voudrais revenir.
Vous avez évoqué le fait que la nourriture, pour nous autres TCA, est notre drogue, et que contrairement aux alcooliques, il n'est pas possible d'être abstinent, car on a besoin de consommer cette "drogue" pour vivre, on n'a pas le choix, on y est quotidiennement (pluri-quotidiennement même) confronté, on ne peut et on ne pourra jamais y couper. Il a été dit aussi que les pensées de nourriture seraient a priori toujours des pensées dont il faudrait se méfier, de mauvaises pensées. Et que contrairement à l'alcool, il ne pourrait pas y avoir d'indifférence à la nourriture, parce que pas d'abstinence possible.
Ce que je vais dire ici n'engage que moi, et je ne prétend absolument pas détenir la vérité, il ne s'agit que du récit de ce que moi je vis, très subjectivement. Je me dis simplement qu'il s'agit d'un autre éclairage sur la question et que cela peut (je l'espère) rendre espoirs et motivation à certains.
Avec le recul, je considère vraiment que ma boulimie vomitive était une addiction sans substance. C'est à dire PAS une addiction à la nourriture, mais une addiction au comportement lui même de me remplir et me vider, et une addiction à la sensation qui naissait au moment où je me remplissait, à l'étouffement que cela provoquait de façon factice et éphémère sur l'angoisse et le mal être qui m'habitaient. Si je dis ça c'est parce que j'ai passé plus de 15 ans à être obsédée par la nourriture, du lever au coucher, à tenter toutes les stratégies possibles et imaginables pour m'en défaire (psychiatrie, médicaments, psychothérapies mais aussi des choses plus "farfelues" comme de la restriction alimentaire, des monodiètes, et j'en passe). En un mois et dix jours, cette omniprésence de la nourriture dans mes pensées, la planification des repas, des crises, l'angoisse à l'idée de manger au restaurant, l'angoisse à l'idée de manger tout court, l'angoisse à l'idée de prendre ou perdre du poids et l'élaboration des stratégies susmentionnées pour y répondre, TOUT CELA a disparu. Je précise quand même que pendant cette période j'ai commencé à voir dans un premier temps mes crises s'intensifier et mes pensées devenir totalement obsédantes, encore plus que ce que je connaissais. Jusqu'au calme plat.
Je ne pense plus à la nourriture que lorsque j'ai physiquement faim, ou quand je réfléchis à ce que je dois acheter quand je fais mes courses, ou quand je prévois un bon repas. Et la pensée arrive, et repart, et c'est tout. Je n'aurais pas imaginé cela possible. Je pensais sincèrement avoir toujours besoin dans ma vie et jusque ma mort, d'être vigilante. Les premiers mois je l'ai été, énormément. Surtout que j'avais pris un peu de poids au début du traitement donc je me méfiais. Presque un an après l'arrêt total des crises je peux vraiment dire que je ne suis plus du tout vigilante. J'ai perdu tout le poids gagné et même un peu plus. Et surtout je ne pense plus à la nourriture. Je laisse la fin de mon plat quand je n'ai plus faim. Je ne cherche plus sur la carte du restaurant celui qui est le plus copieux pour me remplir ou au contraire celui qui est le plus léger pour tenter de ne pas lancer une crise. Je suis complètement sereine, c'est le mot, par rapport à la nourriture.
J'espère que ce que je raconte n'est pas trop fouilli ou soporifique, mais c'est pour te dire Sabine que moi j'aurais vraiment vraiment tendance à te dire de t'accrocher. De mon côté tout n'est pas gagné puisque c'est l'alcool qui résiste mais je continue mon chemin tout doucement.
Sur la question de risquer de "perdre" son seuil alcool en augmentant pour les TCA, je ne me risquerais pas à donner mon avis, je pense que Sylvie peut apporter plus d'éléments, je sais simplement que dans mon cas, une augmentation de 70mg depuis mon seuil TCA ne l'a pas ébranlé.
Message édité 2 fois, dernière édition par cuillère, 21 Février 2017, 15:59
30 mg à 11h45 - 50mg à 14h30 - 100mg à 17h30
soit 180mg/jour
Début du traitement le 17 février 2016 - arrêt des crises de boulimie vomitive à 130mg (le 28 mars 2016 soit un mois et dix jours après le début du traitement).