Quelquefois le temps paraît bien long.
Les choses avancent doucement, un peu trop.
J'ai l'impression que le baclo agit plus sur mon addiction au tabac que sur celle à l'alcool.
Ca me fait marrer, un peu. Je demanderai au médecin une prescription pour des patchs, quitte à faire.
De nouveau, je réfléchis trop, je me penche sur le passé, et toute seule, ce n'est pas trop bon.
J'ai un peu cherché quand l'alcool avait pris possession de moi.
µpetit retour en arrière :
L'histoire commence durant mon adolescence. 16 ? 18 ans ? Sais plus.
J'étais sous antidépresseurs et lexomil, après deux tentatives de suicide.
Une soirée dans ma campagne, avec un copain et une copine.
Un rallye !
Un château, du champagne. Me souviens plus du goût.
Me souviens de rien, en fait.
On m'a récupérée dans une voiture, avec un gars.
En me déshabillant à la maison, il y avait du sang plein ma culotte.
Ce que je refusais de donner à mon petit copain, il semble qu'on l'ait pris.
Il semble, parce que c'est le trou noir. Le premier.
La fac, après. Seule. Un peu perdue au milieu de tous ces gens, dans ce grand bâtiment.
Je me fais deux copines. Pas au top ; un peu comme moi.
Martini blanc dès dix heures du mat.
Je me demande comment je les ai eus, mes diplômes et ces mentions !
Après, le chômage. Bien sûr. Un DEA d'édition en littérature médiévale, ça n'aide pas.
Et le boulot, enfin. De la communication, sur des grands chantiers.
J'y ai connu mon mari.
Dingue ce qu'on boit, dans les bureaux de chantier.
Un mariage, une fausse couche, un bébé, et la solitude.
Mon mari ne rentre que tous les quinze jours ; je me suis expatriée en Bretagne, loin de chez moi.
L'alcool, encore et toujours.
Le retour dans ma région, et mon mari qui m'enferme, doucement mais surement.
Jamais battue. Juste flinguée psychologiquement.
Même ma famille je ne la vois pas ; on vit à 8 kilomètres d'eux.
Je suis nulle.
Encore du vin ? Ben... le boeuf bourguignon, sans vin, ce serait fade !
Le divorce, enfin. J'ai mis le gamin et la valise dans la voiture et je suis partie.
J'ai laissé mes verres en cristal. C'est con, mais je m'en veux.
J'ai tout laissé. Mais j'ai mon poussin.
Six mois chez mes parents, au chômage, encore. Pas facile.
Et là bas, on boit tranquille. Père alcoolique. Cubi de rouge ou de rosé...
Un nouveau travail, un appartement. Et là , la descente. Dans tous les sens du terme.
Mon gampin, il m'arrive de le frapper, la nuit.
Il fait des cauchemars. Quatre ans même pas. Je me lève, quatre, cinq, six fois... et à la fin j'en peux plus.
Il est roulé sous la couette et je tape, je tape...
Mon Dieu ! J'étais tellement saoule que quelquefois j'arrivais à peine à atteindre son lit.
Je buvais le ricard comme de la grenadine.
Et aujourd'hui, il a dix ans. Et il me soutient. Quand j'ai des "étourdissements baclofène" il me prend par le bras !
J'ai tellement honte.
Il a cinq ans, je rencontre, re-rencontre son compagnon.
Le moral va mieux, mon médecin m'aide du mieux qu'il peut. Je rappelle cet ancien "collègue".
Pas de chance, il est devenu gérant de bar à vin.
LÃ des trous noirs...
Au champagne, la honte !
J'ai bu des vins qui je ne me paierai jamais, des machine à 600 € la bouteille, offerts par des clients.
(Bon, ce soir-là , ces gentils gens voulaient m'emmener dans un club d'échangistes...)
C'était la garde alternée. Une semaine maman mais bourrée.
Une semaine libre et bourrée.
Après nous avons emménagé ensemble.
Et jamais mon compagnon n'a compris / admis que j'étais alcoolique.
Même quand j'ai décidé d'arrêter avec la cure d'aotal, la première.
µParce que j'avais des idées noires et que ça me faisait peur.
Même lors de la troisième cure.
Il lui aura fallu le temps.
Les choses n'ont d'importance que celles qu'on leur donne