Salut tout le monde,
Tout d'abord, merci pierremichel pour tes encouragements... Daniel, je vais aussi comme je le disais faire savoir à certains "obtus" qu'ils se plantent royalement.
Bref,
Aujourd'hui, ça ne va pas très fort. Comme un peu tous les jours finalement. La guérison approche à grands pas mais je n'aperçois pas le bout du tunnel. Ce qui est en contradiction avec ma signature et à mon légendaire espoir.
Est-ce que les choses vont changer une fois que je serai guéri ? j'en ai pas l'impression. Est-ce qu'il faut du temps avant que la machine complexe du cerveau se remette en place ? Il parait mais je ne suis pas sûr que ça va beaucoup aider.
Je vais pour la première fois parler des raisons profondes de mon alcoolisme :
Le premier problème est d'ordre affectif. Je me suis rendu compte, mais ça fait un bon moment déjà , que je n'ai jamais véritablement aimé. Aimé une moitié. Des aventures brèves, courtes, longues et sérieuses, j'en ai eu plein. Balavoine disait "aimer est plus fort que d'être aimé". Il avait pas tort. Des fois je me dis que ne pas pouvoir porter d'amour, et pourtant Dieu sait que j'en dégouline, c'est pire que de ne pas être aimé.
Vous me croyez si je vous dis que ça fait 15 ans que je ne suis pas tombé amoureux ? Que je n'ai pas flashé sur quelqu'un ? Pourtant, des histoires, j'en ai eu ces 15 dernières années. J'avais parlé de ça à un psychiatre en lui demandant si ça ne venait pas d'un désordre au niveau du cerveau quand on sait que l'amour, c'est aussi une histoire de chimie. Il m'a répondu que non. Mais qu'est-ce qu'il aurait pu me répondre d'autre ?
Toujours est-il que j'en souffre...
Le second problème est d'ordre de la stabilité sociale et ça va rejoindre le troisième que je vais évoquer plus bas. A l'heure actuelle, je ne sais toujours pas ce que veux faire quand je serai grand. Je patauge, je nage depuis de nombreuses années. Actuellement, je suis à mon compte depuis deux mois mais je n'ai strictement encore rien fait pour démarrer l'activité. Pas la force. Pas encore, peut-être que ça va venir...
Troisième problème : ma place dans la société...
Ca fait des lustres que je sais que je suis un extra-terrestre. Je ne me reconnais pas dans la société moderne qui tourne essentiellement autour du fric. Produire, acheter et consommer. Avoir avant d'être. Paraître avant d'être... Je me suis souvent demandé si c'est vraiment une chance que je sois né en Occident. Je n'ai pas ma place dans cette société où on a oublié d'où on vient... Je pense souvent à m'expatrier là où il y a encore des humains. Des humains, je vous rassure, vous en êtes. Surtout nous les alcoolos si sensibles et à fleur de peau que nous sommes.
Quatrième problème : ma famille.
Il ne s'agit pas là de famille avec des liens du sang. Il s'agit d'une famille choisie par la nature. Un véritable cercle d'amis auquel, je ressemblerais et pas l'inverse. Comme je le disais, je suis un extra-terrestre et j'ai du mal, bien qu'étant très sociable, à accrocher avec les gens normés. J'ai une préférence pour les gens qui ne rentrent pas dans le moule et comme ils sont minoritaires, j'ai d'autant plus de mal à en trouver.
Je n'ai pas vraiment de famille depuis au moins 15 ans. Ou plutôt, je n'en ai plus. A partir de l'âge de 16 ans, j'ai ressenti que je commençais à changer et que je n'avais pas forcément envie de ressembler à la masse. Le phénomène s'est accentué à 18 ans quand j'ai perdu ma mère et à cette époque, je n'ai pu compter sur quasiment personne pour me soutenir. La famille que j'avais en ces temps-là était particulièrement vaste. J'avais de très nombreux potes, j'étais populaire au bahut et j'avais même des Amis que j'ai toujours même s'ils ne sont plus qu'au nombre de 1. Les autres éventuels qui pouvaient l'être n'en sont finalement pas. A propos de ces derniers, il y en a que je connais depuis l'âge de deux ans et demi. Mais si on se rencontrait aujourd'hui, on n'accrocherait pas mutuellement. Ce sont les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence qui ont maintenu des liens disons relatifs.
Aujourd'hui, on peut dire que je suis seul même si je vois parfois du monde que j'apprécie et inversement, je souffre de tout ça.
Par rapport au parcours de vie particulièrement tragique d'autres personnes sur ce forum, le mien est différent mais, il dure, il persiste, il y a comme un immense vide. Je n'ai pas d'idées noires mais je ne suis pas très optimiste quant à l'avenir. Ma mère disait : "tout le monde à droit à sa petite part de bonheur" Y ai-je droit ? Je me le demande. Je ne pense pas être malheureux mais on ne peut vraiment pas dire que je sois heureux.
Pour en revenir à cette comparaison des parcours de vie, je repense à ce que m'avait dit mon psycho en cure :
"Prends une montre. Que tu l'exploses à grands coups de marteaux ou qu'un grain de sable grippe son mécanisme, le résultat est le même, elle ne fonctionne plus..."
Je sais que je vais très bientôt avoir les idées définitivement claires pour affronter les emmerdes mais je me demande si j'ai les moyens de les chasser. Sans vouloir faire dans le pleurnichisme, je me demande des fois s'il n'est pas question de fatalité.
J'en ai marre ! Plus que marre, c'est usant, c'est pesant et je me demande parfois si le ciel là -bas au loin mais si près a vraiment la couleur de l'espoir...
Ce que je voudrais savoir : parmi les guéris et ceux en cours de l'être, est-ce qu'il y en a qui ont l'impression que rien n'a et ne va changer ?
Merci d'avance et désolé je vais être cash, merci d'éviter les réponses du style : "t'inquiète, ça va s'arranger..."
Manu
Ps: bon ben voilà , en me relisant, les larmes montent. J'en ai plein le cul. Je commence à ne plus y croire.
Message édité 2 fois, dernière édition par Ze Manu, 14 Avril 2012, 16:28