Petite soirée tranquillou, mon aînée est au théâtre, les deux plus jeunes chez leur papa,
nous dînons dans un petit resto bien sympa un pote et moi, puis il me ramène, j'attends le coup de fil de mon aînée pour m'annoncer la fin de la pièce,
je reçois un sms de mon fiston : peux tu venir nous chercher s'il te plaît.
Je n'explique pas pourquoi. J'ai été les rechercher. Ce n'est pas tout près.
Du coup, alors que j'avais bu un verre de vin au resto, et même presque du bout des lèvres, je regrette amèrement de n'avoir pas été chercher une bouteille
bref, je tourne en cage,
ça ira mieux demain,
ça allait bien ces derniers jours (je parle de la dive bouteille donc)
En fait, j'enrage. C'est mieux que de pleurer. J'enrage. Je ne peux pas dire pourquoi, mais je fulmine, tel un taureau démesurément furieux.
Le copain, il me parlait d'une amie anorexique. Il me disait "c'est dans la tĂŞte".
Bien sûr, c'est dans la tête, mais pas de la façon que les gens "sérieux" imaginent.
C'est dans la tĂŞte, c'est dans le cerveau, dans ce morceau tortueux de quelque 1500 grammes, je crois, que se joue notre vie qui se joue de nous.
Je repense à ma soeur (qui a été anorexique boulimique), je pense à ceux de ma famille, à certains proches, à moi, qui "subissons" l'alcoolisme, je pense aux tocs, aux phobies, mais aussi aux pianistes virtuoses, aux enfants surdoués, aux maîtres du monde, à la jeune fille, là bas, en Centr'afrique, qui a le dos brûlé et dont personne ne s'occupe et qu'heureusement MSF est passé par là , MSF où de jeunes médecins débarquent tellement spécialisés qu'ils sont incapables de soigner l'explosion généralisée dans le corps, je pense à l'artiste qui souffre de partout, à la grand mère qui sent son heure venir, au regard de l'enfant, au punk qui se croit différent, à la femme qui sort de chez le coiffeur, à celle qui y entre, à l'homme qui termine sa bouteille ou à celui qui achète des fleurs, je pense que tous les enfants aiment être sur une plage quand il y a du soleil, que toutes les mamans aiment le rire des enfants, que le ciel est splendide certains soirs, même dans la tête du combattant, je pense...
Mais je pense trop, n'est-il pas?
Tout cela se joue dans une petite boite crânienne de 1400 cm3.
Qui se pense le centre du monde.