Coucou Flo, Karo, Solasol,
J'ai visionné cette nuit ce reportage, comme vous, en replay.
Ce que j'en retiens, c'est que c'est finalement la
voix de la commentatrice qui guide l'air de rien vers une conclusion mitigée, voire carrément
orientée.
Un classique du genre.
Pour un non-alcoolo-dépendant qui a vu ce reportage, je pense qu'il en retiendra que le Baclofène est un médicament comme un autre pour soigner l'alcool, et que ce n'est vraiment pas assuré qu'il fonctionne.
Puisque de surcroît l'effet placebo est bien mis en avant afin d'amener le spectateur à se dire que le Baclo pourrait être superflu.
Le montage qui
montre trois alcoolo-dépendant est très parlant :
- Un patient sous placebo a une énorme consommation d'alcool : 6 bouteilles de vins plus quelques bières par jour...sauvé par une cure de désintoxication. Mais qui demande du baclofène ensuite...
- Un patient sous placebo qui parvient à réduire sa consommation par lui-même sans le savoir.
- Une patiente sous Baclofène qui cesse de boire, mais qui confie que la proximité de l'alcool reste difficile pour elle.
Déjà , le peu de cas filmés et suivis est un
biais du format reportage ainsi que le
choix de ceux-ci.
Combien de participants pour l'essai de Bacloville : le reportage se garde bien de le dire.
Car, en réalité, selon la méthodologie même de ces journaleux, leur propre reportage montre un succès dans une prise en charge de 66 %, pour mieux faire douter de l'efficacité du baclofène - ce qui est un comble :
- Le premier patient était sous placebo et avait une consommation d'environ 50 unités par jour : pas étonnant que cela ne fonctionne pas
forcément pour lui avec un placebo

. Or, lorsqu'il revient d'une cure de désintoxication, c'est le miracle. Il ne boit plus.
Sauf que le reportage n'indique pas à court, moyen, et long terme, le pourcentage de rechutes après une cure, lequel est énorme. Au contraire, pour enfoncer le clou, on le voit finalement peindre un mur.
La symbolique est assez claire. Manipulation du journaliste : cette scène est
construite. C'est une mise en scène : activité, changement de décor, de vie. Ce mec s'en est sortit sans baclofène grâce à une cure de désintoxication. Fermer le ban.
- Le second réduit considérablement sa consommation, alors qu'il était sous placebo. Pareil. Suggestion des journaleux d'Arte : mais zalors-c'est-y-pas-que-la-volonté-suffirait ?
- Pour la troisième, le traitement par le baclofène est un succès. Mais attention, nous suggère-t-on : elle craint toujours l'alcool...Ah bon ? C'est vrai ?
Or, si je multiplie le chiffre de 3 cas par 100 pour un essai à grande échelle, ce qui relève du niveau élémentaire, cela signifie que pour 300 alcoolo-dépendants, 200 auraient soit pu apprendre à contrôler leur consommation par un suivi à long terme; soit cesser de boire.
Quel échec...
Pour moi, ce reportage est le fruit de journalistes qui n'ont soit pas compris de quoi il retournait ; soit qui on opté pour souffler dans le sens du vent au sujet du Baclofène, sous couvert d'une pseudo-objectivité.
Car même, avec leur échantillonnage si réduit, lequel comprend un patient qui avait une énorme consommation et qui était sous placebo

, ils parviennent à faire douter et de la nécessité d'un suivi à long terme et de l'efficacité du Baclofène ; alors que c'est la conclusion inverse qui devrait être posée. Sauf pour le suivi psychiatrique, bien sûr...
Ainsi, tout naturellement, la conclusion s'impose à la fin du re-por-ta-ge : le Baclofène relèverait-t-il de la
croyance ?
Et puis il y a aussi l'avis très important en addictologie de
l'anthropologue, dont on ne sait pas trop en quoi il est compétent dans ce domaine : et si l'alcoolo-dépendant devenait addict
au baclofène cher téléspectateur ? Si l'alcoolo conscient-enfin-de-son-problème devenait un
drogué ? La parole d'autorité s'impose. Point barre. Car, ce monsieur est Anthropologue. Et alors ? Sur quoi se fonde le jugement du monsieur ?
Là , si l'on ne comprend pas que les journaleux d'Arte soufflent dans le sens du vent...aucune données sur le taux de mortalité pour l'alcool n'est fournie, ni aucune des conséquences socio-familiales et économiques de l'alcool.
Mais l'on distille l'idée que Baclofène et consommation excessive ou très excessive d'alcool, c'est Kif-kif.
Or, s'ils avaient été
objectifs, tout en respectant leur choix arbitraire du nombre de trois cas pour l'essai de Bacloville, pourquoi n'ont-ils pas alors interrogés trois patients ayant été traités auparavant avec du Baclofène, et qui seraient
toujours sous Baclofène pour leur demander de l'alcool ou du Baclo lequel des deux produits avaient leur préférence pour leur qualité de vie, leur lucidité, leur santé, etc...?
Et aussi bien la notion
d'empirisme qui est invoqué par un détracteur du Baclofène : un médicament qui s'adapterait à chaque patient, en fonction de chaque cas ? Preuve s'il en est que avec le baclo on n'est sûr de rien.
Mais les journaleux ont beau jeu de questionner aussi un autre intervenant qui explique que c'est la méthodologie même du traitement qui implique cette diversité des dosages.
Ainsi, ils feignent de ne pas prendre parti, alors qu'ils ne consacrent pas une minute à creuser au moins un peu cet aspect essentiel de la prescription du Baclofène : là , ils laissent parler les images, soit celles où l'on voit et entend les trois patients qu'ils ont choisis...
Sans parler du fait qu'ils ne se demandent pas une seconde si, pour d'autres médicaments, notamment les A.D et les anxiolytiques, le dosage est
toujours le même, pour chaque patient - ce qui serait une absurdité médicale.
Chapeau bas les artistes. Ca l'air d'être du journalisme, ça le goût du journalisme, mais c'est autre chose.
Lointain
De l'inconvénient d'être (malheureusement) né. Kai stin pragmatikótita eÃnai o káthe ánthropos gia ton eaftó tou.