Une très belle lettre sur Facebook, je vous la livre telle qu'elle :
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A l’attention de madame Agnès Buzyn, ministre de la Santé
Je me permets de vous écrire car j’ai vu dans la presse que votre ministère approuvait la décision de l’Ansm à propos du Baclofène.
Je souhaite donc savoir ce que vous et votre ministère avez mis en place pour gérer les rechutes prochaines des patients traités avec ce médicament ?
Suite à la décision de l'Ansm, les pharmacies ne vont plus pouvoir délivrer la dose nécessaire aux malades pour traiter leurs addictions. Addictions au pluriel car il est maintenant prouvé que le Baclofène fonctionne aussi pour traiter la boulimie. Les malades boulimiques traités avec ce médicament pourront vous le confirmer.
Par conséquent, les milliers de patients qui ont été libérés de leurs addictions, de leur cauchemar, qui ont pu reprendre leur vie en main, ces milliers de personnes qui ont tout simplement vu ce médicament leur sauvez la vie, vont être contraintes de rechuter et de tout perdre…. Encore une fois.
Qu’est il prévu pour eux ? Votre ministère approuve la décision de l’Ansm, donc je souhaiterais savoir qu’elle est votre réponse, à tous ces patients qui vont rechuter ?
Ma pharmacie m’a prévenu ce soir que le mois prochain, la délivrance du nombre de boites qui me sont nécessaires allait poser problème. Elle trouve scandaleuse la décision de l’Ansm et elle est atterrée de devoir annoncer ça à tous ceux d’entre nous qui viennent chaque mois pour prendre notre prescription de Baclofène. Je suis sensé, d’après elle, démarrer dès maintenant une diminution progressive du nombre de comprimés que je prends.
Le nombre de comprimés que je prends c’est celui qui est nécessaire pour contrer mon addiction, celui à partir duquel le baclofène a fonctionné. La diminution me condamne donc à la rechute, et va mettre ma santé, et ma vie en danger.
J’attire également votre attention sur le fait que, malgré une note spéciale envoyée aux pharmacies rappelant que la diminution doit être progressive, plusieurs témoignages confirment que des pharmacies refusent d’ores et déjà de délivrer un nombre de boites qui représenteraient plus que la dose de 80mg par jour, mettant consciemment la vie des patients en danger.
Je n'ai pas de mot pour vous exprimer l'incroyable dégout que tout cela m'inspire, ni assez de mots pour vous dire à quel point cette décision est inhumaine.
L’étude sur laquelle se base l’Ansm a été faite sans même que les spécialistes sur le sujet ne soient consultés. Tous les professionnels qui connaissent le sujet, qui ont participé aux études sur ce médicament, dénoncent des conclusions erronées.
Comment et pourquoi un médicament dont l’efficacité à été prouvée, reconnue, peut il subir un tel acharnement depuis le début. Car depuis le début, c’est constamment que des articles paraissent pour raconter tout et n’importe quoi à son sujet, sans même s’intéresser à ce qu’il faisait réellement aux patients qui le prenaient
Les patients, vous savez, ces femmes et ces hommes qui vont subir la décision d’une administration qui ne connait pas la réalité du terrain, qui ne connait pas toutes ces personnes, qui clairement se fiche des conséquences que cela va avoir dès le mois prochain.
L’Ansm, et vous-même par votre approbation sans même connaitre réellement le sujet, venez de condamner des milliers de malades. Vous venez délibérément de mettre nos vies en danger. Et je ne parle même pas de la vie de nos proches qui va être entrainée elle aussi dans cette chute.
Aurez-vous le courage, vous et les dirigeants de l’Ansm, de venir nous regarder dans les yeux et de nous dire « Oui nous savons, c’est dommage, mais il vaut mieux pour vous que vous rechutiez, c’est moins risqué ». Aurez-vous tout simplement le courage d’assumer votre décision, lorsque les premières rechutes, puis les premiers morts arriveront. (Eh oui l’alcool tue des dizaines de milliers de personnes chaque année. La boulimie beaucoup moins, certes, mais le nombre est il important ?)
Et ils vont arriver très vite, croyez moi. Ils sont nombreux, ceux qui ne vont pas trouver de pharmacie qui acceptera de leur vendre le nombre de boites nécessaires, malgré leur ordonnance.
Je sais depuis toujours que dans votre ministère, comme dans tous les autres, et comme dans les bureaux de l’Ansm, nous n’existons pas réellement. Nous ne sommes que des formulaires, des numéros, des statistiques. Mais une fois du côté de la vie réelle, celle du terrain que vous ne connaissez pas, je peux vous assurer que nous sommes des êtres humains. Pas parfaits certes, mais nous avons une vie, et nous subissons les conséquences de vos décisions.
Je ne suis qu’un simple être humain parmi tant d’autre. Je ne suis pas plus cultivé ou intelligent qu’un autre (les probables nombreuses fautes d’orthographe de cette lettre vont le prouveront). Ma vie n’a pas plus d’importance que celle d’un autre. Mais c’était ma vie, et j’y tenais.
Le mois prochain, je vais apparemment devoir me préparer à perdre la vie que le Baclofène m’avait redonné, et à rechuter dans mon addiction.
Cette rechute sera probablement la dernière. L’idée de revivre l’enfer que c’était ne me laisse rien espérer. Le baclofène m’avait rendu ma vie. L’Ansm a décidé de me la reprendre, avec votre approbation.
Je terminerai donc cette lettre en vous invitant à sortir et à rencontrer des gens. Mais des gens lambda. Pas des responsables de Laboratoires, pas des responsables d’administrations. Des gens dans la rue, qui vivent et subissent les décisions des responsables, cela vous permettra de découvrir que nous ne sommes pas que des statistiques.
Cordialement
Un être humain
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