Merci les filles!
J'ai revu le dr RDB récemment. A chaque fois qu'il me voit, je suis plus mince, ou moins grosse que la fois précédente!
En discutant avec lui, on s'est rendu compte à quel point j'avais comme beaucoup je crois, tendance à minimiser les conséquences de la boulimie sur ma vie.
Mais déjà...je ne me pensais pas boulimique.

Et oui, pour moi, il y avait les compulsions... et la boulimie. En société (et dans son propre regard sur soi), c'est plus facile de dire "j'ai des compulsions" que "je suis boulimique". Personnellement, je crois que j'ai été influencée par la manière dont les médias, notamment la télévision, illustrent la boulimie.
Je me souviens à cet égard d'un téléfilm américain qui m'avait beaucoup marquée. Le jeu des acteurs était excellent. L'histoire d'une femme bien sous tous rapports, un mari sympa, deux enfants adorables, une jolie maison, des amis, bref, le bonheur. Cette femme faisait une fête, très réussie comme il se doit. Et sitôt tout le monde parti et la famille endormie, elle se levait la nuit pour bouffer. Et là c'était l'orgie, la débandade. Elle bouffait par terre, à pleines mains, comme un animal, tout et n'importe quoi.

D'ailleurs, si elle avait trouvé du pâté pour chiens, elle en aurait probablement bouffé. Des trucs froids, pas bons, peu importe, tout ce qui se bouffe, qui remplit le ventre. Puis elle se faisait vomir en douce et en pleurant tout ce qu'elle pouvait aussi. L'actrice était remarquable, très réaliste dans son jeu et j'avais été très marquée par ce film.
J'ai vu aussi des documentaires sur le sujet. On y voyait une personne, souvent une femme, qui s'isolait de sa famille, de son conjoint, et se faisait des repas hyper plantureux. Des pâtes avec de la sauce tomate, tout et n'importe quoi pour se remplir. Puis un tour pour vomir dans la salle de bain. Le désarroi et la colère des proches, l'angoisse et le sentiment d'impuissance de la femme.
Moi je regardais (souvent en bouffant d'ailleurs!

) en pensant: oh la pauvre, quelle galère! Et pas un moment je me disais : ça c'est moi!
D'abord parce que je n'ai jamais vomi. Et aussi parce que moi j'ai toujours eu le sentiment que je mangeais des choses appétissantes. Pas des aliments froids ni des pâtes. Non plutôt des rochers suchard, des hamburgers délicieux et chers, des plaquettes de chocolat de grande qualité. Mais en fait, la réalité c'est qu'au bout d'un moment, je ne ressentais aucun plaisir. Le goût d'un aliment finit par être absent au bout de centaines, de milliers de calories ingurgitées. Mais le fait de n'avoir jamais lu d'article, vu de doc ou de film sur les compulsions telles que je les vivais a fait que je n'ai pas compris ce que je vivais.
Avec le docteur RDB, à qui je me suis confiée, j'ai parlé du fait que je faisais plus de projets. J'ai exhumé un projet (par hasard) de mon pc que j'avais commencé à écrire en 2015 et que j'avais complètement oublié! Et en quelques jours, je l'ai finalisé. C'est là qu'on se rend compte à quel point les pensées envahissantes de bouffe nous dévorent littéralement. Et prennent la place d'autres pensées, d'autres initiatives bien plus constructives.
Je me disais aussi qu'être grosse, c'était pas si grave, une question de physique, d'apparence. Mais c'est faux. Se regarder dans la glace et se dire "je me reconnais", c'est vachement important. C'est la raison pour laquelle on ressent un tel malaise quand telle actrice change de tête à coup de bistouri ou de botox, en éteignant un regard rieur par exemple comme telle actrice que j'ai vue récemment.
Et même sans parler des cas critiques de celles qui se défigurent ou se vieillissent alors qu'elles sont censées s'embellir, c'est difficile de ne pas voir le mal être psychologique et la volonté destructrice derrière l'effacement d'un visage.
Donc, oui, reconnaître son visage, c'est important. Et voir ses traits naturellement changer avec le temps, mûrir, ce n'est pas pareil que d'être engloutie par la graisse.
Un dernier truc aussi: la santé. Je me disais que j'avais la santé, alors rien de tellement grave quand même. Mais en fait, même à 30 ans et quelques, je me souviens que le simple fait de monter deux volées d'escalier m'étaient difficiles. Je devais reprendre mon souffle pendant de longues minutes. Pas normal tout ça. Même une marche, à partir de 20 minutes, ça devenait éprouvant. Et quand on sait le nombre incroyable de maladies dont l'obésité facilite la survenue ou majore les effets, c'est incroyable.
Je marche beaucoup, à chaque fois que je le peux, ça m'apporte beaucoup de mieux être. Avant, je faisais parfois de longues marches aussi, mais c'était uniquement pour maigrir, avec un régime déséquilibré, j'étais frustrée et je vivais ça comme un calvaire.
Là je fais un rééquilibrage, j'ai accepté l'idée que je pouvais et devais faire des efforts. Que la restriction, bien encadrée et pensée, ce n'est pas forcément l'accumulation des frustrations. J'ai perdu 15 kilos à ce jour et j'ai remisé les fringues de taille 44/46 pour des 40/42. Du coup, je m'habille par goût et plus pour me planquer.
Mais comme toi Snow, je ne crie pas victoire. Pas avant quelques mois. J'ai vu sur le forum, et dans ma vie aussi que parfois, ce qu'on croyait acquis peut s'avérer plus difficile à atteindre.
Même si je suis de plus en plus optimiste. Je commence vraiment à croire en une victoire possible. Mais je sais à quel point la boulimie est une maladie complexe, changeante et j'avance avec la prudence d'un sioux!
Suivie par le dr RDB. Début du traitement le 20 août 2017. Actuellement à 50mg par jour en une seule prise à 16h. Je reste à 50 mg quelques mois en espérant terrasser la boulimie!