Hola les baclopains,
Bien content d'avoir entamĂ© mes dĂ©marches de demande afin dâobtenir la nationalitĂ© espagnol. Pas fier de ma nationalitĂ©, de l'Ă©tat banquier qui nous gouverne. Ces reprĂ©sentants et consorts forment une minoritĂ©.
Qui pour asseoir ses richesses et son pouvoir s'attaque socialement brutalement à une majorité.
Qui elle mĂȘme ne se manifeste que de façon trop disparate et dĂ©sunie pour faire plier cette politique du riche........
Source : Médiapart
DerriĂšre lâexpulsion de la ZAD, une revanche idĂ©ologique
14 AVRIL 2018 PAR CHRISTOPHE GUEUGNEAU ET JADE LINDGAARD
La visite surprise dâĂdouard Philippe et de GĂ©rard Collomb Ă Notre-Dame-des-Landes, vendredi aprĂšs-midi, a clos la semaine dâexpulsion partielle de la ZAD. Par les conditions et la mĂ©thode dâexpulsion quâelle a choisie, la puissance publique sâest montrĂ©e plus que coercitive : vengeresse. Une manif contre les expulsions se tient samedi aprĂšs-midi Ă Nantes et dimanche, une convergence aura lieu sur la zone.
Une visite officielle surprise du chef du gouvernement et du ministre de l'intĂ©rieur, vendredi en fin d'aprĂšs-midi, pour signifier la reprise de contrĂŽle de la ZAD par l'Etat : jusqu'au bout, l'exĂ©cutif aura maniĂ© les symboles pour lustrer son image d'autoritĂ©. Edouard Philippe et GĂ©rard Collomb ont visitĂ© lâĂ©cole du Gaz, le poste de commandement de la gendarmerie basĂ© Ă Saint-Etienne-de-Montluc, au sud de Notre-Dame-des-Landes. Ils ont bien sĂ»r serrĂ© les mains des gendarmes, au garde Ă vous, devant les camĂ©ras. Mais refusĂ© de rĂ©pondre aux questions des journalistes.
Une cinquantaine des membres des forces de l'ordre (sur 2500 militaires en tout sur place) ont été blessés lors des cinq jours d'opération. « Les gendarmes ont été exposés à une violence préparée. Nous saluons la grande maßtrise et la grande vigilance dont ils ont fait preuve », a déclaré le premier ministre. De leur cÎté, les équipes médicales de la ZAD disent avoir pris en charge 148 personnes depuis le début de l'opération (sur quelques centaines de manifestant·e·s) et décomptent plusieurs hospitalisations.
Edouard Philippe et la préfÚte de Loire-Atlantique, Nicole Klein, devant les photos des cabanes et maisons détruites de la ZAD, 13 avril 2018 (©Matignon)
AprĂšs quatre jours dâintervention brutale, lâĂtat a mis fin vendredi Ă lâexpulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Mais pour ne surtout pas donner le sentiment de cĂ©der Ă la mobilisation de plus en plus massive sur la zone, il a accompagnĂ© cet arrĂȘt dâun nouveau coup de pression. Au petit matin, une opĂ©ration de police judiciaire a pris les habitant·e·s par surprise. Sous lâautoritĂ© des procureurs de la RĂ©publique de Nantes et Saint-Nazaire, elle visait les auteur·ice·s prĂ©sumé·e·s dâactes de violence Ă lâencontre de gendarmes.
Vers 6h30 du matin, les camions de la gendarmerie dĂ©filent donc de nouveau sur les routes de la ZAD, alors que la veille, Emmanuel Macron a dĂ©clarĂ© quâil nây aurait plus dâĂ©vacuation. Quelques minutes plus tard, dans lâaube commençante, les premiers tirs de grenades lacrymogĂšnes et assourdissantes retentissent. Au carrefour de la Saulce, vers le centre de la zone, des barricades Ă©rigĂ©es la veille sont lâune des cibles du dĂ©ploiement. Selon un communiquĂ© du procureur gĂ©nĂ©ral prĂšs de la cour dâappel de Rennes, lâopĂ©ration vise Ă©galement Ă mener une perquisition au lieu appelĂ© La GrĂ©e, en lien avec lâenquĂȘte portant sur un jet de fusĂ©e vers lâhĂ©licoptĂšre de la gendarmerie, mardi.
Toujours selon le procureur, deux personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es pour des violences sur des gendarmes, mais sans lien avec cette enquĂȘte. Autour du carrefour, une bataille rangĂ©e se met en place. Les zadistes tiennent une barricade, dâautres se dĂ©ploient dans la forĂȘt. Le roulement de grenades lacrymogĂšnes et assourdissantes est incessant. Des dizaines dâexplosions par minute. Certains zadistes rĂ©pliquent par des jets de pierres et autres projectiles, et, de temps Ă autre, des cocktails Molotov.
Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le 13 avril 2018. (CG)
Ă la RolandiĂšre, lâune des maisons en dur de la zone, le stand âmedicsâ est briĂšvement asphyxiĂ©, de mĂȘme que lâhabitation. Ă 11h30, lâopĂ©ration est terminĂ©e. Elle laisse tout de mĂȘme un goĂ»t amer aux habitants. La veille au soir, la prĂ©fecture de Loire-Atlantique a nĂ©gociĂ© avec Copain, le collectif de paysans soutiens de la ZAD, pour quâils retirent leurs tracteurs en Ă©change de lâannonce de la fin des opĂ©rations de gendarmerie. La voie Ă©tait donc libre pour que les forces de lâordre dĂ©boulent le lendemain matin.
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Exactement en mĂȘme temps, Ă Nantes, la prĂ©fĂšte Nicole Klein annonce en confĂ©rence de presse que « la phase dâexpulsion et de dĂ©construction [des cabanes] est maintenant terminĂ©e », et quâ« une nouvelle phase doit sâouvrir ». Elle sourit, mais la scĂšne a un air surrĂ©aliste alors que des grenades assourdissantes explosent de nouveau dans la forĂȘt de Rohanne et que des personnes sont juchĂ©es sur le toit de la Wardine, un des lieux de vie et de fĂȘte de la ZAD. Elle propose une rĂ©union « le plus rapidement possible » avec la dĂ©lĂ©gation issue du mouvement anti-aĂ©roport et espĂšre pouvoir « retrouver le collectif » de zadistes qui en fait partie.
Mais lâune de ces trois personnes a failli perdre sa maison lors de lâopĂ©ration dâexpulsion. Construite aux Vraies Rouges, tout prĂšs de la plus ancienne cabane de la ZAD, elle a Ă©chappĂ© de peu au blindĂ© qui menaçait dâĂ©craser ce lieu de vie collectif. La reprĂ©sentante de lâĂtat a assurĂ© « arrondir les angles » et prĂ©sentĂ© aux journalistes un formulaire simplifiĂ© pour dĂ©poser un projet agricole auprĂšs de la direction dĂ©partementale des territoires et de la mer (DDTM). La Chambre dâagriculture a aussitĂŽt protestĂ© contre cette entorse aux procĂ©dures habituelles. Elle demande aux zadistes qui souhaitent rester de faire connaĂźtre leur nom, leur projet et le numĂ©ro de parcelles envisagĂ©es dâici le 23 avril, afin dâentamer un « processus de rĂ©gularisation ». Ces dĂ©marches individuelles, ils les ont jusquâici refusĂ©es au nom du cadre collectif quâils tiennent Ă conserver, afin de mutualiser leurs moyens, leurs envies et dâĂ©viter le morcellement des terres.
Cette opportunitĂ© est « offerte une derniĂšre fois », insiste la prĂ©fecture, qui estime que lâĂtat a dĂ©jĂ fait preuve dâune « grande ouverture ». Comble de lâironie : les personnes venant de se faire expulser de leur lieu de vie â Ă lâimage de la ferme collective des Cent noms â peuvent remplir un dossier dâinstallation en vue de leur retour sur la zone. Comment ne pas ressentir la sensation dâun immense gĂąchis aprĂšs la destruction de leur bergerie, de leur maison collective, et le dĂ©placement de leur troupeau de brebis. Lâune dâelle est morte dans le dĂ©placement prĂ©cipitĂ© du troupeau. Mardi, Sarah, leur Ă©leveuse, a donnĂ© une confĂ©rence de presse, lâanimal mort dans ses bras, les larmes aux yeux. Il faudra du temps et de vĂ©ritables gestes dâapaisement pour que la confiance envers la puissance publique puisse renaĂźtre.
Câest pourtant dans un Ă©tau policier que lâĂtat entend maintenir la ZAD. Les gendarmes restent prĂ©sents sur la zone, alors quâils sâen Ă©taient retirĂ©s dĂ©but 2013. Ils doivent assurer la libre circulation sur les deux routes dĂ©partementales de la zone et empĂȘcher« les rĂ©occupations illĂ©gales ». Les personnes participant Ă des barricades sur les routes, des violences contre les forces de lâordre et des « rĂ©occupations sauvages » seront exclues des rĂ©gularisations, prĂ©vient la prĂ©fecture.
Pourtant, ce dimanche, une manifestation de « reconstruction » doit se tenir sur la ZAD. Quelques milliers de personnes pourraient sây retrouver. « Ce qui est sĂ»r pour lâinstant, câest que nous estimons intolĂ©rables la dĂ©monstration brutale de ce matin, ainsi que la volontĂ© affichĂ©e de se venger par des arrestations de celles et ceux qui ont dĂ©fendu les lieux de vie de la ZAD, expliquent des habitant·e·s dans un communiquĂ©. Ce dont nous sommes certains, câest quâil ne sera pas possible de penser sereinement Ă la suite tant que la ZAD sera ciblĂ©e par ce type dâactions policiĂšres. » Entre « bĂąchĂ©s » et squatteur·e·s, une drĂŽle de cohabitation commence.
Restes de la bergerie des Cent Noms, sur la ZAD, aprĂšs sa destruction par les gendarmes, le 9 avril 2018. (JL)
LâĂtat et la ZAD vont-ils rĂ©ussir Ă sâextraire du face-Ă -face frontal qui les oppose depuis dix ans ? Cette nouvelle phase, dĂ©cisive et pĂ©rilleuse, dĂ©marre sur un air de revanche. Par les conditions et la mĂ©thode dâexpulsion quâelle a choisie, la puissance publique sâest montrĂ©e plus que coercitive : vengeresse. Câest tout le sens symbolique de la visite surprise dâĂdouard Philippe et GĂ©rard Collomb Ă Notre-Dame-des-Landes, vendredi aprĂšs-midi, pour y fĂ©liciter les gendarmes dans un bocage dĂ©truit par les gaz lacrymogĂšnes, le piĂ©tinement des gendarmes mobiles et les passages des tractopelles.
âą Un Ătat revanchard
Les expulsions et destructions dâune trentaine de lieux de la ZAD sont intervenues au beau milieu de nĂ©gociations plutĂŽt constructives entre lâadministration et le mouvement dâoccupation. Une rĂ©union avait eu lieu le 28 mars entre la DDTM et des habitant·e·s de la ZAD afin de parler des 80 hectares de terre â sur 1 650 en tout â jugĂ©s conflictuels par lâĂtat. Ils ont Ă©numĂ©rĂ© oralement les projets agricoles et artisanaux envisagĂ©s pour les 300 hectares dont ils revendiquent lâusage : cultures cĂ©rĂ©aliĂšres, de pommes de terre, production laitiĂšre et transformation, et prĂ©sentĂ© un projet de fĂ©dĂ©ration coopĂ©rative pour les regrouper en un mĂȘme ensemble⊠Et listĂ© les personnes morales qui en seraient en charge, selon un participant.
Les zadistes ont demandĂ© un autre rendez-vous et sâĂ©taient engagĂ©s Ă y prĂ©senter une liste Ă©crite de projets. « Nous nâavons jamais refusĂ© de nous nommer », insiste-t-il. Aux Cent Noms, cette ferme collective dĂ©truite lundi par les gendarmes, les brebis Ă©taient dĂ©clarĂ©es auprĂšs de la Chambre dâagriculture, bouclĂ©es et pucĂ©es. Le vĂ©tĂ©rinaire Ă©tait passĂ© rĂ©cemment pour lâexamen de prophylaxie. Les reprĂ©sentant·e·s de lâĂtat nâont pas prĂ©sentĂ© de modĂšles de COP individuelles Ă remplir aux zadistes.
Mardi, un paysan de la ZAD, en voie dâinstallation et adhĂ©rent Ă la MSA, Wilhem, disait son dĂ©sarroi : « On a cru au dialogue mais ils nous ont eus. On a Ă©tĂ© pendant dix ans sous la menace des expulsions. Quand on veut sâinstaller en agriculture, le parcours dâinstallation pilotĂ©e par la Chambre dâagriculture dure environ un an. Il faut sâengager sur 5 ans pour recevoir la dotation des Jeunes Agriculteurs. LâĂtat ne nous laisse pas le temps de lancer les dĂ©marches de rĂ©gularisation. Câest scandaleux. Câest une honte. »Alors quâil est lâun de celles et ceux les plus prĂȘt·e·s Ă entrer dans le cadre, il nâa pas reçu de courrier de la prĂ©fecture lui proposant de signer une convention individuelle. Un autre paysan dĂ©nonce le deux poids, deux mesures que leur impose lâĂtat : en dessous de 45 hectares de surface agricole utile (SAU), lâautorisation de la DDTM nâest pas nĂ©cessaire, seule lâinscription Ă la MSA suffit pour obtenir le statut dâagriculteur.
La dĂ©lĂ©gation des occupant·e·s avait Ă©galement Ă©crit une lettre Ă la MSA et prĂ©vu un rendez-vous avec des juristes pour Ă©tudier les formes juridiques de leurs futures activitĂ©s : SCA, SCIC, fonds de dotation. Lundi 9 avril, jour du dĂ©but de lâexpulsion de la ZAD, ils dĂ©posaient plusieurs statuts dâassociation destinĂ©es Ă hĂ©berger leurs activitĂ©s.
Ce qu'il reste de la maison collective des Cent Noms sur la ZAD, aprĂšs sa destruction par les gendarmes, le 9 avril 2018. (JL)
Les dates dâintervention ont ainsi court-circuitĂ© un processus de discussions en cours. Selon les premiers Ă©lĂ©ments portĂ©s Ă notre connaissance, la prĂ©fĂšte a perdu la main sur le dossier quelques jours avant lâintervention. Ă Paris, lâĂlysĂ©e, Matignon et le ministĂšre de lâintĂ©rieur ont estimĂ© quâelle sortait les mains vides de ce premier round de nĂ©gociations. Aucun projet individuel de rĂ©gularisation nâavait Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par les habitant·e·s â malgrĂ© ce quâa prĂ©tendu la prĂ©fecture dans un premier temps. Pour lâexĂ©cutif, câĂ©tait une ligne rouge. La route D281 est dĂ©gagĂ©e de ses chicanes mais des squats se trouvent toujours Ă proximitĂ©, trop proches pour permettre la circulation en toute sĂ©curitĂ©, selon les autoritĂ©s. Câest alors la ligne dure qui lâa emportĂ©, incarnĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Richard Lizurey, directeur gĂ©nĂ©ral de ma gendarmerie nationale, prĂȘt avec ses troupes Ă faire la guerre aux zadistes. LâĂ©chec de lâopĂ©ration « CĂ©sar » en 2012, cette tentative avortĂ©e dâĂ©vacuation de la zone aprĂšs plusieurs semaines de bataille dans le bocage, semble toujours brĂ»ler lâamour-propre des dirigeant·e·s des forces de lâordre.
DâoĂč les interventions martiales dâĂdouard Philippe et GĂ©rard Collomb, mercredi, Ă lâAssemblĂ©e nationale. DâoĂč la formulation alambiquĂ©e dâEmmanuel Macron pour annoncer lâarrĂȘt de lâexpulsion, alors quâune premiĂšre version Ă©tait plus claire, selon une personne qui suit le dossier. DâoĂč aussi le mĂ©contentement suscitĂ© au sommet de lâĂtat par les communiquĂ©s des dĂ©putĂ©s LREM Matthieu Orphelin et François-Michel Lamberts, appelant dĂšs mercredi Ă arrĂȘter lâexpulsion de la ZAD. Lâabandon du projet dâaĂ©roport de Notre-Dame-des-Landes continue de susciter lâexaspĂ©ration chez certain·e·s Ă droite. Pour donner des gages Ă cette partie de la majoritĂ©, Matignon voulait se montrer inflexible. Le numĂ©ro 3 du gouvernement et ministre de la transition Ă©cologique, Nicolas Hulot, nâa pas pu ou pas su avoir son mot Ă dire dans le commandement de lâopĂ©ration. Vendredi 6 avril, quand des zadistes envoient un projet de convention collective dâoccupation Ă la prĂ©fecture, il est dĂ©jĂ trop tard. La prĂ©fĂšte a perdu lâarbitrage sur la conduite des opĂ©rations.
âą Un Ătat en dehors du droit
Câest lâautre aspect inquiĂ©tant de cet Ă©pisode : la facilitĂ© avec laquelle lâĂtat sâest autorisĂ© Ă ne pas respecter le droit, tout en condamnant lâillĂ©galitĂ© des squatteur·e·s de la ZAD. Les fondements juridiques de lâexpulsion ont Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©s par plusieurs avocats. « Une grande part des expulsions ont Ă©tĂ© ordonnĂ©es âsur requĂȘteâ, câest-Ă -dire au moyen dâune procĂ©dure non contradictoire et non publique, a dĂ©noncĂ© le Syndicat de la magistrature. Les occupants nâont pas Ă©tĂ© prĂ©alablement convoquĂ©s, ni mĂȘme informĂ©s de cette audience. » Par consĂ©quent, alors que le code de procĂ©dure civile ouvre un recours Ă toute personne Ă qui une ordonnance sur requĂȘte fait grief , « les occupants de la ZAD qui se voient refuser la communication des ordonnances dâexpulsion, sont privĂ©s de fait de ce recours, comme de la possibilitĂ© de saisir le juge de lâexĂ©cution de demandes de dĂ©lais pour quitter les lieux », sâinquiĂštent les magistrats.
Jeudi 12 avril, un habitant des Cent Noms a assignĂ© la prĂ©fĂšte de Loire-Atlantique devant le tribunal de grande instance de Nantes, considĂ©rant illĂ©gale lâexpulsion de son domicile. Alors quâil sâest fait connaĂźtre des propriĂ©taires de la parcelle quâil occupait (le conseil gĂ©nĂ©ral puis AGO Vinci), en fĂ©vrier 2013 ainsi quâen janvier et septembre 2016, il nâa jamais eu connaissance de procĂ©dures Ă son encontre et nâa donc pas pu bĂ©nĂ©ficier dâune procĂ©dure contradictoire. Pour son avocat, StĂ©phane VallĂ©e, « une expulsion dans ces conditions, hors de tout cadre lĂ©gal, porte atteinte Ă ses libertĂ©s fondamentales, et notamment le droit Ă un procĂšs Ă©quitable, le droit de propriĂ©tĂ© [de ses biens â ndlr], le droit au respect du domicile ». Il a Ă©tĂ© dĂ©boutĂ© le lendemain. Lors de son expulsion, lâhuissier nâa prĂ©sentĂ© aucun document Ă©crit autorisant lâexpulsion.
Sur un autre registre, la CGT des services dĂ©partementaux dâincendie et de secours dĂ©nonce la participation de sapeurs-pompiers Ă lâexpulsion de la ZAD. Un appel Ă candidature a concernĂ© deux « binĂŽmes dâextraction », soit deux agents, requis pour 5 Ă 6 jours pour intervenir avec les gendarmes. Pour le syndicat, les pompiers nâont pas Ă participer « sur leur temps de repos, sous statut sapeur-pompier volontaire, Ă©quipĂ©s de casques balistiques, Ă une opĂ©ration de maintien de lâordre », car ils ne font plus partie de la Garde nationale.
âą Une guerre de communication
PrĂ©fecture et ministres nâont cessĂ© de mentir et dâentretenir la confusion sur les situations, diverses, des habitant·e·s de la ZAD. Les autoritĂ©s et la Chambre dâagriculture ont prĂ©tendu quâil ne pouvait y avoir de projets agricoles quâindividuels, alors que le monde rural regorge de formes collectives : GAEC, SCOP, SCIC. Concernant les zadistes, les versions de la prĂ©fecture nâont cessĂ© de varier. Au premier jour de lâexpulsion, la prĂ©fecture a affirmĂ© que dix projets individuels avaient Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s, reprochant ainsi Ă la ferme des Cent Noms de ne pas lâavoir fait. Mais elle concĂšde aujourdâhui quâen rĂ©alitĂ©, il nây en avait aucun. Le lendemain, elle annonce 75 personnes expulsĂ©es de la ZAD, puis explique Ă Mediapart quâen fait, une « dizaine de personnes expulsĂ©es ont Ă©tĂ© reconduites Ă la limite des parcelles dont elles ont Ă©tĂ© expulsĂ©es ».
Par ailleurs, lâĂtat affirme que « les ordonnances sur requĂȘte ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©es aux personnes prĂ©sentes sur les parcelles des squats concernĂ©s ». Concernant les Cent Noms, cette affirmation est mensongĂšre. Mediapart Ă©tait prĂ©sent lors du passage de lâhuissier et a observĂ© quâil avait refusĂ© de dĂ©livrer ces documents.
Alors que la puissance publique justifie la destruction de vingt-neuf lieux de vie, soit une bonne partie de la ZAD, par le respect de lâordre rĂ©publicain et le retour de la zone dans lâĂtat de droit, elle a fait preuve en rĂ©alitĂ© dâune dĂ©marche idĂ©ologiquement biaisĂ©e et partisane. Cette dimension autoritaire se double dâune forte obsession pour le modĂšle individuel, seul cadre acceptĂ© par lâĂtat pour lâavenir de la ZAD. « Câest rĂ©vĂ©lateur dâun schĂ©ma de sociĂ©tĂ© nĂ©olibĂ©ral oĂč lâaventure collective des paysans du Larzac semble devenue trĂšs difficile Ă accepter, rĂ©flĂ©chit Camille, un habitant de la ZAD. Je suis fier quâon ait ramenĂ© ce dĂ©bat du collectif contre lâindividuel au cĆur de discussions politiques. » La dĂ©fense des cadres collectifs, solidaires, du dĂ©sir de partager habitat et activitĂ©s semble animer bien des signataires des trĂšs nombreuses tribunes de dĂ©fense de la ZAD qui ont fleuri ces derniers jours. Cette revendication de la mutualisation et de lâagir ensemble dessine un front dâopposition vivace au modĂšle nĂ©olibĂ©ral, si central dans la vision du pouvoir macronien.