Une rencontre. Un électrochoc.
17H: J'arrive à mon RDV avec 20mn d'avance. Porte close.
17H20 : Heure du RDV, la porte est toujours close. La panique m'envahie, je ne suis portant pas trompée, par deux fois, je me suis fait répéter l'horaire. La flagellation intellectuelle s'installe (je vous passe les détails).
17H25 : Il arrive, s'escuse et se ré-escuse, sa femme de ménage est passée et à verrouiller le cabinet. Il est sincèrement désolé, il voit bien que cet incident m'a mis en panique.
17H30 : Ce qui d'entrée me frappe c'est sa voix, douce, bienveillante, amicale. La pression redescend. Doucement, calmement, il m'amène à lui confier la raison de ma présence. Dépassement de moi, les tripes à nues, vas-y, c'est maintenant ou jamais : dit le : Tu es alcoolique, en détresse et tu es là pour te faire aider...
17H35 : La magie opère. Je n'ai pas à expliquer pour la énième fois pourquoi j'en suis arrivée à cet état de fait, j'ai mon parcours, il est ce qu'il est et je n'ai pas à lui commenter maintenant. Cela viendra par la suite, avec le temps, si je le souhaite.
17H40 : Je lui révèle, cache, sans mensonges à quel stade j'en suis dans mon alcoolisation. Je ne bois qu'un jour sur deux, mais c'est alors feu d'artifice, un puit sans fond. Il sourit, c'est toujours un jour de gagner sur deux. C'est une bonne nouvelle. Il fait alors de petits calculs, ma consomamtion équivaut à une bouteille de whisky par soir d'absorbtion soit 2500 calories. La claque!!! Moi qui pensait être une alcoolique mondaine (quel snobisme), je réalise immédiatement l'étendu des dégâts. C'est pire que je ne pensais, les larmes montent, la honte m'envahie.
17H45 : C'est un magicien ce médecin, il constate que je suis retournée, mal. Il se rapproche de moi, dédramatise, le passé c'est passé. Aujourd'hui est un jour nouveau, une renaissance. Il entre alors dans le coeur du sujet. Le traitement par Baclofène. Il m'assure que ça marche, ça fonctionne. Il a, à ce jour 18 guérisons, et 3 en cours, sur la bonne voie. Il m'explique gentiment comment on va procéder, la posologie de départ, les étapes. Il est confient. Il faut laisser le temps au temps, y aller doucement, trouver le bon dosage. La seule obligation c'est de prendre le traitement sérieusement au jour le jour. Ne rien changer à mes habitudes de vie, petit à petit le médicament fera son oeuvre...
18H : J'ai entre les mains la presciption. Le RDV touche à sa fin. Il me tend sa carte, m'exhorte à l'appeler au moindre doute, à la moindre question. Nous actons pour un deuxième RDV dans 10 jours.
18H05 : Apothéose !!! Ce merveilleux médecin me remercie. Oui il me remercie d'être venue le voir, d'avoir trouver en moi la force de faire cette première démarche, il me dit que c'est courageux, absolument pas si évident. je n'en revient pas, l'émotion me submerge.
Aujourd'hui je commence mon traitement, j'ai les clefs pour sortir de cette prison. Une amie me disait souvent, il y a un coin de ciel bleu par chacun d'entre nous. J'ai trouvé mon ciel bleu...
Merci Viva d'avoir permis cette rencontre.
IL y a bien des choses qui paraissent impossibles que tant qu'on ne les a pas tentées. André Gide