Coucou Edith,
Oui, le terme de "dépression" est bien "galvaudé", tu as entièrement raison.
A ce sujet, selon ce que j'ai pu en lire, la moitié environ des patients qui prennent un A.D n'en a pas besoin, tandis que la même proportion de patients n'a rien à faire chez un psychiatre.
Dis autrement, si les cabinets de "psy" sont encombrés, c'est au détriment des personnes qui sont réellement malades.
De surcroît, une grande partie des personnes qui souffrent de réelle dépression ne consultent pas, notamment à cause de l'image déplorable qui reste attachée à la médecine psychiatrique (vu son histoire, c'est un peu normal...

).
Bref : en forçant un peu le trait, c'est le monde à l'envers :
C'est le monde des docteurs Knock où les personnes malades ne sont pas soignées, où traitées, et où les personnes qui n'ont pas de maladies le sont.
Quant à être le "parent pauvre" de la médecine, c'est bien le cas et ça ne risque pas de s'arranger au regard de la politique actuelle en matière d'économie.
C'est simple, par chez moi, si une personne veut être hospitalisé correctement en psychiatrie, elle n'a qu'un choix : ne surtout pas mettre les pieds à l'hôpital.
Le budget "national", global, pour la psychiatrie a tardé à être revalorisé (je ne sais pas s'il l'a été).
De toute les façons, il est bien deçà des besoins en lits, personnels médical et paramédical, administratifs, et pour financer les activités nécessaires aux thérapies.
Il y a bien longtemps que les directeurs d'hôpitaux, et leurs personnels, ont déclarés que les établissement médicaux sont en état d'urgence absolue, que cela soit dans les départements de psychiatrie ou non.
Pendant ce temps là, l'alcool coule tranquillement à flot, et une centaine de députés en ce moment militent pour que l'on puisse de nouveau vendre de l'alcool dans les stades de foot.
On a les priorités que l'on souhaite.
Par ailleurs, si la présence d'un parcours difficile ou catastrophique, lorsque l'on est jeune, est un facteur pouvant participer à l'apparition d'un TAG ou d'un état de dépression chronique par la suite, ce n'est pas une condition nécessaire et suffisante - heureusement d'ailleurs.
C'est bien pour cela que c'est une maladie à part entière, tout comme l'addiction, tu as bien raison.
Elle touche tous les milieux sociaux - ceci dit, évidemment, pour être "bien" soigné et suivi, mieux vaut être sinon "riche", du moins pas trop pauvre.
Cette constatation financière très banale vaut pour à peu près tout, du reste.

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A son stade actuel, la médecine, de manière empirique, ne peut que constater qu'un ensemble de facteurs (passé difficile, environnement délétère, solitude, problèmes sociaux-économiques, etc...) sont, de manière combinés ou non, présents dans le récit de leurs parcours que font majoritairement les personnes atteintes de dépression chronique et/ou sévère.
Comme nous sommes égaux en droit mais pas devant la nature (biologique), à la faveur d'un événement douloureux, ou d'un passage difficile dans une vie, la dépression ou un TAG se déclenche, avec le concours des traumatismes vécus dans le passé, chez certaines personnes.
"L'isolement social", que tu soulignes, aggrave le processus, tandis qu'il est aussi difficile d'en sortir tant la personne en dépression, en règle générale, est particulièrement sensible - tout comme bon nombre de personnes addict.
Alors reste la possibilité de "faire semblant", comme tu l'écris justement.
C'est en effet "fatiguant".
Et à la limite, c'en est presque délirant : pourquoi la personne qui souffre d'une maladie doit-elle faire semblant d'aller bien si ce n'est parce qu'elle ne doit pas trop importuner les biens portant ?
Là, on touche, je crois, à l'écart qui existe entre la tolérance et la compréhension d'autrui envers la maladie d'ordre purement physique et la maladie d'ordre mentale.
Aussi, si bien des "gens ne comprennent pas", je pense que c'est parce qu'ils ne veulent pas comprendre, parce que cela les dérange.
Lorsque tu m'écris que cela commencé à l'age de 12 ans pour toi, est ce que tu as le souvenir bien net d'un avant et d'un après ?
Je te souhaite un bonne journée, si possible.

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Yann.
De l'inconvénient d'être (malheureusement) né. Kai stin pragmatikótita eínai o káthe ánthropos gia ton eaftó tou.