Bonjour Cléo,
J'ai lu ton fil. Alors le tramadol je connais bien, ayant était accro pendant un moment, et étant pharmacien de formation... Le tramadol est particulièrement perverse car c'est une molécule extrêmement singulière, en cela qu'elle possède deux actions:
- Elle a un effet antidépresseur, car elle agit comme inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine (ISRS), mode d'action de la plupart des antidépresseurs classiques.
- Elle a un effet antalgique de type opiacé, comme agoniste des récepteurs µ.
Son sevrage est particulièrement douloureux, car en plus de l'effet dépression, on a l'effet sevrage de type opiacé (type morphine et autres...). Son sevrage sec est une horreur, je l'ai découvert à mes dépends en tombant à cours. A l'époque alors je ne connaissais pas la pharmaco du produit, j'ai passé une semaine au fond de mon lit, comme avec une énorme grippe et l'envie de me jeter par la fenêtre en prime. Heureusement j'habitais au rez-de-chaussée...
Le Topalgic est le médicament Princeps, la molécule active est le tramadol (aussi appelée DCI = Dénomination Commune Internationale). Il existe aussi le Xprim, association de 37,5 mg de tramadol avec 300 mg de paracétamol, permettant d'en prendre 3 et d'avoir moins d'un gramme de paracétamol et environ 100 mg de tramadol... Le Topalgic est une forme à libération prolongée du tramadol, il existe à différent dosages: 50, 100, 150 et 200 mg.
La petite anecdote: avec les amphétamines, c'est une drogue de choix des djihadistes... C'est dire la puissance de la drogue.
C'est génial que tu ais réussi à arrêter ce produit, mais attention, un mois d'arrêt ce n'est rien. On peut y penser pendant encore des années après, c'est une addiction particulièrement puissante, et bien cachée des médecins et pharmaciens... Il faut rester très prudent des signes d'envie, et surtout envisager éventuellement un traitement anti-dépresseur seul (s'il y a réellement une dépression sous-jacente, maladie à prendre très au sérieux et qui peut se traiter avec ces médicaments aussi, il ne faut pas voir tout noir côté pharma non plus), et une autre gestion de la douleur (cannabis pourquoi pas, en évitant de le fumer pour la toxicité, les vaporisateurs permettent d'éviter la combustion et de libérer les actifs de l'herbe).
Bref, tiens nous au courant, le tramadol est particulièrement addictif et vicieux. Bien que très efficace comme antalgique, une faible proportion ne supporte pas du tout la molécule (comme les opiacés en général, nausées, vomissements...), mais une faible proportion s'y accroche très vite et peut vite tomber dans les enfers d'une addiction terrible...
C'est le laboratoire Lundbeck qui arrose l'Europe de tramadol. Ils ont été ravis lors de l'interdiction du di-antalvic (Paracétamol/dextropropoxyphène, morphinique faible, similaire à la codéine). Il y a eu quelques cas d'abus au di-antalvic qui ont engendré des intoxications à cause du paracétamol en fait... C'est dommage, cette molécule était bien plus safe que le tramadol selon moi, son rapport bénéfice-risque était bien supérieur au tramadol dans la gestion des douleurs modérées à intenses. Il aurait fallut faire du dextropropoxyphène sans paracétamol. Evidemment, on ne saura jamais pourquoi l'AFSAPPS à l'époque a jugé le rapport bénéfice risque défavorable. Du coup, le di-antalvic était consommé par 8 millions de français, donc il y a eu un report énorme sur le tramadol. Molécule beaucoup plus complexe à gérer, et donc les trois quarts des médecins et même pharmaciens ignorent la pharmacologie... Enfin bref, Lundbeck s'en frotte les mains, et je trouve ce labo d'un cynisme assez hors du commun... Bref, petit aparté...
Message édité 1 fois, dernière édition par Baclofenix, 12 Septembre 2020, 17:37